Me Wade et la crise casamançaise: insoutenables révélations de Amath Dansokho

Amath Dansokho, ex secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), a révélé que Me Wade, alors opposant, a, en 1993, envisagé de recourir aux éléments du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) pour poser des bombes à Dakar, contre le régime socialiste.En plus, lors des élections de 2000, Me Wade aurait donné de l’argent au Mfdc. « Il leur a payé la moitié et a promis de verser le reliquat après l’alternance. Vous savez qu’il a payé l’argent il y a quelques mois », affirme Dansokho qui soutient que « le jour où il y aura la paix, ce sont les dirigeants du Mfdc eux-mêmes qui donneront les informations sur la façon dont il les a manipulés et il essaie de manipuler tout le Sénégal sur cette question ». Il a fait cette déclaration, dans un entretien qu’il nous a accordés, en marge du grand rassemblement de Benno, le 14 mai, à Ziguinchor, organisé sur la place de Gao.

Ce qui se passe ici, en Casamance, c’est une tension de plus de trente ans.  Elle aurait pu disparaître depuis longtemps. Mais depuis que Me Wade a commencé à faire de la politique, surtout à s’intéresser à la vie politique en Casamance, il a contribué, de façon décisive, à l’aggravation de la situation.

Ce n’est pas la première fois que je le dis, j’attends qu’il me dise que je mens. Il a toujours fait de cette crise en  Casamance une opération pour affaiblir le Président Abdou Diouf et ensuite le renverser. Il n’a jamais dit des choses raisonnables à nos compatriotes qui sont dans la rébellion et dont les causes sont multiples. Je ne les condamne pas toutes, mais la question de la séparation je l’ai toujours dénoncée. Aucun des dirigeants du Mouvement des forces démocratiques de la  Casamance (Mfdc) ne peut témoigner qu’un jour, je les ai poussés à la guerre. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Tout ne monde en a fait de cette question une machine de guerre contre Abdou Diouf.

J’ai dis à Abdoulaye Wade d’arrêter. C’est une tragédie nationale et il faut la prendre comme telle et il y mettre fin. Parce que les causes de cette crise sont multiples, par conséquent très compliquée à résoudre. Me Wade, lui,  a fait des alliances avec les gens du maquis. Il ne peut pas le contester.

Le lendemain de l’assassinat du député Cissé, il y a eu une réunion extraordinaire du conseil de sécurité. Je précise que c’est la première que j’y étais invité et je prends à témoin le Général Seck, Djibo Leyti Ka et Ousmane Tanor Dieng. Quand Marcel Bassène a été désigné pour faire la médiation entre le gouvernement et le Mfdc, il a dit devant tout le monde : ce sont nos gars. Ceux qui étaient là n’en revenaient pas.
Après, il a continué l’alliance étrange. Nkhrumah Sané que je vois régulièrement, même si nous avons des désaccords certains, a dit qu’il leur a donné de l’argent aux élections de 2000. Il leur a payé la moitié et a promis de verser le reliquat après l’alternance. Vous savez qu’il a payé l’argent il y a quelques mois. Comment pouvez comprendre cela ? Nkhrumah Sané a dit publiquement : il me doit de l’argent, il me le remettra. Me Wade a tergiversé et puis l’année dernière il est allé lui verser le reliquat.

Il y a d’autres choses plus graves encore. En 1993, il était même envisagé de monter des éléments du Mfdc pour venir poser des bombes à Dakar. Il avait un inspecteur de police radié chargé du convoi des éléments du Mfdc à partir de Kolda. Ce que je dis est vérifié et vérifiable. C’est pourquoi il ne peut pas régler le problème. Il a peur. S’il y a la paix, les gens vont parler et il ne veut pas de cela. Le jour où il y aura la paix, ce sont les dirigeants du Mfdc eux-mêmes qui donneront les informations sur la façon dont il les a manipulés et il essaie de manipuler tout le Sénégal sur cette question.

Deuxièmement, cette crise lui permet de sortir de l’argent en quantité suffisante. Oui, du temps de Diouf aussi, on ne peut pas dire que l’Etat n’a pas mis de l’argent dans ce conflit. Il y a eu des choses, mais cela n’a rien à voir avec ce que fait Abdoulaye Wade. Personne ne sait le montant réel qu’il a injecté dans cette crise. Mamadou Lamine Diallo de TEKKI a parlé de 2500 milliards F Cfa que l’Etat du Sénégal a injecté dans cette crise depuis le début. C’est une guerre qui coûte très cher à l’ensemble du Sénégal. Tout est occasion pour lui de sortir beaucoup d’argent. Il avait créé un comité composé de dirigeants de son parti, pour s’occuper de la Casamance, en y associant le Pr. Abdoulaye Bathily qui n’a pas vu la couleur de l’argent. Combien il a donné l’ex maire de Rufisque, son « Monsieur Casamance ». Il était question d’auditer Me Mbaye Jacques Diop sur la gestion de cet argent, mais Wade a abandonné.

Je n’invente rien, c’est Abdoulaye Wade qui a compliqué la situation en Casamance ; qui en a fait un instrument politique contre Diouf et a maintenu notre pays dans cette tragédie nationale.

Au nom de quoi il va maintenir des gens qui ont fait leur service, qui ont atteint l’âge de la retraite. Au nom de quel statut de la fonction publique qui l’autorise à faire une telle chose ? Ce n’est pas première fois, il y a des corps dans lesquels des gens sont admis à faire valoir leur droit à la retrait et il leur donne voiture, villa et garde personnelle. C’est exactement ce qui se passe avec ses anciens ministres qui sont nommés ministres conseillers. Au point que le Président du Sénégal a plus de conseillers que son homologue américain Bush ou Obama. Je ne suis pas sûr que le Président Chinois ait autant de conseillers. Et il le fait parce que lui, c’est un roi, l’empereur du Sénégal. Babacar Diagne doit partir. Je suis tout à fait d’accord avec la position des journalistes. D’autant que depuis qu’il est à la Rts, il n’a fait qu’exécuter les ordres du pouvoir contre l’opposition. C’est inamissible.

Le combat pour faire de la Rts ou des médias d’Etat un instrument au service du peuple, nous l’avons mené avec lui  dans la rue. Nous avons plusieurs fois manifesté devant la Rts. Nous avions acquis beaucoup de choses. Me Wade en accédant au pouvoir ne voulait pas voir Babacar Diagne. C’est un jour que j’ai appris par hasard qu’il a fait appel à ses services. Il a fait la même chose dans la magistrature, en confiant des responsabilités à ceux qui l’avaient combattu du temps du parti socialiste. C’est exactement ce qu’il est en train de faire avec Babacar Diagne. Evidemment, nous n’acceptons pas cela. Me Wade est en train de jouer avec le feu. Et nous avons décidé dans le cadre de la Grande offensive pour le départ de Me Wade, d’inscrire au cœur de la lutte les médias d’Etat.  Nous ne demandons pas qu’ils fassent des privilèges pour nous, encore moins de la propagande pour l’opposition réunie au sein de Benno, mais nous avons des droits, au nom de la liberté d’expression, qui existent pour tous les citoyens.

Nous en avons discuté au sein de Benno. Il y a eu des propositions dans ce sens. Mais on avait dit de faire très attention parce que les gens du régime ne peuvent être honnêtes ; c’est exclu qu’ils soient honnêtes en matière d’élection. Sinon, ils n’auraient pas du toucher au code électoral.  Dès le lendemain de son élection, il a démantelé le code électoral pour que les résultats de 2007 soient ce qu’ils sont. Le pilier des élections, c’est le code électoral ; il l’a réformé sur des points essentiels. Et le fichier électoral est le résultat de ses manipulations du code électoral. Il faut que nous nous battions pour rétablir ce que nous avions conquis de très haute lutte ; ce qu’Abdou Diouf avait accepté, c’est d’ailleurs ce qui lui a permis d’être là aujourd’hui. Mais lui, dès qu’il est monté, il s’est mis sur la terrasse, en prenant le soin de détruire les escaliers, les ascenseurs et il nous regarde haut en nous disant : vous ne monterez jamais ici. Cette bataille nous allons la mener, car sur le fond, les gens de la délégation de  l’Union Européenne ont donné leur aval à un fichier de fraude. Et surtout un fichier où on empêche des citoyens de s’inscrire. Comment vont-ils s’y prendre avec cette histoire de récépissé ? Avec le récépissé ils vont fabriquer des tonnes de cartes d’identité et qu’ils vont distribuer à des étrangers. Tout ce qu’ils font, c’est de la fraude. Ils ne veulent pas organiser des élections transparentes, car ils seront balayés. Lors des élections locales largement remportées par l’opposition, Wade a déclaré que c’est la dernière fois qu’il perd des élections. Ils ont décidé de rester au pouvoir durant cinquante ans. Il n’y a pas pire négation de l’expression des suffrages que de dire que nous allons rester cinquante ans au pouvoir.

Son âge ne lui permet pas de rester au pouvoir et de l’exercer. Il ne tient pas debout. Certes, il a des moments de lucidité, mais quelqu’un qui va jusqu’à oublier le nom de son directeur de cabinet, vous croyez bien qu’il ne peut pas diriger un pays. Combien de fois il est surpris en train de dormir, dans des cérémonies officielles. C’est le cas, lors de la visite à Dakar, du Président américain Georges Bush, où on l’a pris, la main dans le sac, en train de dormir. Il ne peut pas tenir, le dopage a des limites.
Il doit partir d’abord pour ça. Me Wade a créé tellement de problèmes, qu’il n’est plus apte à diriger le pays. Tous les ressorts de la nation sont émasculés et détruits.

Nous avons décidé de la Grande offensive, vous allez voir. Tous les leaders de Benno sont en phase sur cette question. La Constitution ne permet à Wade de se présenter. Son parti peut présenter un candidat, mais dans le respect strict de la législation. Il a plus de 90 ans, son âge ne lui permet de diriger le Sénégal, c’est Guillabert (avec qui il a partagé les bancs) qui l’a dit dans une interview.

sudonline.sn