Monsieur le Premier Ministre, en vous écoutant, j’ai pu mieux comprendre les inquiétudes de Idrissa Seck

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Monsieur le Premier ministre,

Permettez- moi d’abord de vous exprimer mon plaisir d’avoir participé à l’émission « Les Affaires de la Cité » sur la TFM diffusé ce vendredi 30 août 2013. J’ai bien voulu honorer à cette invitation surtout par respect et considération à votre égard. Je tiens ainsi à vous féliciter pour la clarté de vos idées et convictions, notamment par la manière dont vous les avez exprimées à cette occasion. Toutefois, il me semble important de prolonger un peu le débat pour, d’une part, vous signifier que je suis resté sur ma faim par rapport aux réponses que vous avez données à la quasi-totalité des interpellations du riche public composé d’éminentes personnalités. En ce qui me concerne, j’avais d’autres interpellations aussi importantes que celle que j’ai eue à formuler sur la maîtrise de l’offre et l’importance d’une implication approfondie des africains dans l’assurance de l’Import/Export. Mais je n’ai pas eu suffisamment la parole pour formuler mes autres inquiétudes.

Monsieur le Premier Ministre,

Je pense que vos réponses et idées sont fortement teintées de considérations en phase avec vos convictions d’anciens banquiers mais qui ne cardent pas avec les réalités de l’économie. Après avoir écouté attentivement l’émission lors de sa diffusion ce vendredi 30 août, j’ai pu mieux comprendre les inquiétudes de Monsieur Idrissa SECK, président du parti REWMI, sur les aléas auxquels le Président Macky SALL nous a exposés en confiant les commandes de notre économie à des banquiers. Vous avez entretenu plusieurs amalgames qui tiennent au fait que financiers et économistes ne parlent généralement pas le même langage. Pour vous permettre de comprendre mon propos, je vous laisse méditer les liaisons de l’évolution des taux d’intérêt par rapport à celle de l’épargne et de l’investissement. Le taux d’intérêt évolue positivement avec l’épargne mais négativement avec l’investissement. C’est là le premier problème de la coordination entre politique des taux d’intérêt et politique d’investissement. Vous savez également, par exemple, que l’épargne est nécessaire pour l’investissement et que cette même épargne peut saper la consommation à la grande défaveur de la croissance économique. C’est pourquoi, le débat n’est pas aussi facilement tranché que vous faites semblant de le faire, sur la liaison entre la baisse du déficit public et la relance de l’investissement public et privé. Vous avez parlé d’épargne publique qui pourrait relancer l’investissement public, mais vous oubliez que le déficit public est un mécanisme de relance plus rapide et plus efficace. Selon cette optique, on peut dire que l’épargne publique est une démarche attentiste et que le déficit est mécanisme plus direct. Et parler d’épargne publique, c’est insensé dans un pays comme le nôtre. C’est d’ailleurs le sens de la question de Monsieur Mansour CAMA, qui a évoqué l’importance du déficit public pour la commande publique et pour la relance de l’investissement au niveau des PME/PMI qui en dépendent.

Monsieur le Premier Ministre,

Votre théorie du déficit public est peut être bancairement valable, mais économiquement discutable. Vous n’avez pas à lier votre option de réduction du déficit public à une quelconque possibilité de relance de l’investissement publique par ce mécanisme. Avec la démarche de votre gouvernement, les dépenses courantes de l’Etat ne vont pas baisser puisque les démembrements de l’Etat et même le nombre de ministres n’ont finalement pas significativement baissé. Alors que vous avez engagé des recrutements dans la fonction publique, en plus des 10 000 agents qui vont travailler à l’Agence de la sécurité de proximité. Donc, tous les ingrédients sont là pour que l’Etat maintienne au moins le même rythme de dépenses courantes, ce qui fait quand le déficit public baisse, c’est l’investissement public qui va s’en ressentir. A mon humble avis, il y a un réel problème de paradigme de pensée budgétaire au sein de votre gouvernement. Une incohérence subsiste entre ce que vous voulez faire croire à l’opinion et ce que les économistes peuvent comprendre d’une démarche de réduction du déficit public dans un pays comme le Sénégal. Je crois comprendre qu’il s’agit d’abord de maîtriser le déficit public, relativement aux dépenses extrabudgétaires et aux proportions inquiétantes atteintes par la dette intérieure ces dernières années à compter de l’année 2008. C’est un objectif logique parce qu’il va permettre au Sénégal de se conformer au plafond de 3% fixé dans les critères de convergence de l’UEMOA. Ensuite, la dette publique se nourrit du déficit public et elle a augmenté à un rythme infernal entre 2006 et 2013 passant de 1022 milliards F CFA à 3500 milliards. Il fallait alors dévoiler une bonne stratégie de maîtrise du déficit public pour espérer maîtriser la dette à moyen terme. Cette maîtrise est d’ailleurs citée comme étant un préalable fondamental pour se libérer des injonctions et des inflexions infécondes que les bailleurs de fonds (Fmi surtout) nous imposent sur la formulation de nos lignes de politiques économiques depuis 1980. Enfin, il nous faut surtout éviter le surendettement chronique qui nous a déjà coûté très cher avec un découragement de l’investissement dû à la recrudescence de la pression fiscale.

Monsieur le Premier ministre,

J’avais également une autre interpellation importante qui devait porté sur l’aménagement du territoire. D’ailleurs, le cauchemar des inondations renseigne bien sur le caractère crucial de l’aménagement du territoire, en tant que préalable inaliénable à toute stratégie d’émergence économique. Mais, le constat est que votre gouvernement n’accorde pas suffisamment d’importance à cette question centrale. D’une part, le budget de l’Agence Nationale d’Aménagement du Territoire (ANAT) est resté le même depuis l’ancien régime. D’autre part, l’aménagement du territoire est une question transversale qui ne devait pas être rattachée dans un ministère. Et d’ailleurs, de mon modeste point de vue, l’aménagement du territoire et les collectivités locales n’ont pas à être gérés dans un même ministère : les collectivités locales et la décentralisation concernent des zones précises alors que l’aménagement du territoire concerne le pays en entier. Ma conviction est qu’il faut supprimer l’élément « ministère de l’aménagement du territoire » et rattacher l’ANAT à la présidence de la République ou à la primature pour lui permettre de jouer pleinement son rôle.

Veuillez agréer, Monsieur le Première Ministre, mes salutations distinguées ainsi que l’expression de mes meilleurs sentiments.

Dr El Hadji Mounirou NDIAYE, économiste.

16 Commentaires

  1. Depuis plus de trois ans, je pose la question de savoir pourquoi nos journalistes passaient le temps imparti à leurs émissions pour ne parler à leurs invités, hommes politiques que de sujets politiciens, j’ai été servi et rassuré, en écoutant cette grande émission, « Les Affaires de la Cité !
    Je ne peux qu’en remercier monsieur Mamadou Ibra Kane qui fait figure d’exception depuis plusieurs années.
    Monsieur le Premier Ministre a eu raison de ne militer dans aucune chapelle partisane, cela lui confère une légitimité plus importante aux yeux de nos compatriotes qui font de moins en moins confiance à ceux qui leur racontent les mêmes « bobards » depuis trente ans !
    Monsieur le Premier Ministre Abdoul M’baye ne pouvait nous décevoir dans sa prestation qui fut d’un niveau si élevé que tout Sénégalais au fait de ce qui se fait dans les grands pays en matière de gestion d’un Etat organisé a pu ressentir de la fierté d’avoir un PM dont le niveau intellectuel est aussi élevé que ceux des pays développés!

  2. Une très belle contribution. Merci Dr NDiaye.
    Le pays est dans la merde avec des gouvernants aux démarches douteuses.
    Depuis deux ans … on est toujours au commencement. Le chemin sera périlleux. Pendant ce temps, le clavaire du peuple continue…!

  3. Ma joie et ma fierté ont été de très courte durée, et je suis meurtri !
    Attendons de savoir les raisons qui ont poussé le Président Macky à se débarrasser de ce grand technicien si discret, si compétent et très loin des joutes politiciens qui ne font que nous faire perdre du temps et de l’énergie.

  4. Dans sa reponse mr le premier ministre a insinué que Mr idrissa SECK a dit que l’argent du contribuable devrait etre distribuer à tout va comme le faisait le regime précedant,alors que pour ce regime l’argent distribué c’est fini;je me dois de retablir la verité en resumant ce que Mr SECK a dit(la croissance d’un pays repose sur trois poles,qui sont l’industrie,la population et l’etat,si les deux premiers sont moribonds,l’etat se doit de les accompagner,pour éviter la hausse du taux de chomage,ce qui peut entrainer ce que tout le monde sait;l’etat ne doit pas ,sous pretexte de reduite le deficit butgetaire garder l’argent comme une banque,ou ne pas aller le chercher pour soutenir l’industrie,l’artisanat ect;d’ailleurs les interventions des syndicalistes,des patrons d’entreprises,des economistes,des commerçants qui etaient sur le plateau ont tous tourné dans ce sens; maintenant je voudrais que Mr le premier ministre me dises,qu’es ce qui ressemble dans les propos de MR idrissa SECK,à une proposition de distribuer l’argent du contribuable à tout va? Ce genres de reponses politiciennes il faut les laisser aux politiciens,les mauvais,ou si vous etes obligé de repondre dites au moins verité

  5. Tout Citoyen Sénégalais, de l’intérieur aussi bien que de l’extérieur a été fier d’être représenté par cet homme si exigent, si intelligent !
    D’aucuns, madame le Ministre de la Justice en tête ne l’entendaient pas de cette oreille et ont tout fait pour que le Président Macky Sall se sépare de lui !
    Celle qui se faisait voir partout comme si elle n’avait pas assez de dossiers sur lesquels se pencher a un grand boulevard devant elle, sinon elle en mourrait de chagrin , parce que tous ses actes de ces six derniers mois n’étaient motivés que dans la perspective de remplacer Abou le bon !

  6. Nous devons tous réécouter l’émission « Les Affaires de la Cité » avec MIK pour chercher à y déceler la phrase qui aurait choqué ou fait mal au Président Macky Sall, parce que ce limogeage n’était en rien prévisible ces derniers jours, sinon, Abdou M’baye ne se serait jamais prêté à cet exercice face à ce panel de journalistes, opérateurs économiques et partenaires sociaux et surtout face aux Sénégalais qui l’apprécient énormément !

  7. @@ JSSSSSSSSSSSSSSSSSSS jamais ! Et je vous mets au défi de me sortir une seule critique négative que j’aurais faite sur les compétences de M’baye! Je dis souvent d’ailleurs que Macky peut tout changer si cela lui chante, mais que Abdou M’baye reste PM parce qu’il est très compétent séreux et n’appartenant à aucun parti politique. C’est le Président Macky qui n’a pas assez d’imagination pour impulser une vision globale, un plan pour les dix prochaines années. Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai posté une contribution, pas un commentaire, pour faire remarquer que le PM ne fait son travail qu’en fonction des moyens mis à sa disposition, en un mot c’est le PR qui définit la politique de la Nation. C’est quand même facile à comprendre, non ? A mon avis, c’est le PR en personne qui ne serait pas capable de diriger avec succès une entreprise industrielle de plus de 1500 employés avec des résultats positifs !

  8. Decidement Sadaga Diop vous devenez tres decevant.Apparement nostalgique de l’ere socialiste avec de grands intellos au discour eleve et a la mise trop raffinee sans aucune action concrete sur le terrain.apres le passage de gorgui qui nous a ouvert les yeux de son pragmatisme,son courage et sa simplicite de senegalais lamda nous n’avons rien a cirer de ce genre de thecnocrates a la tete bien faite et a la demarche tres tortueuse,blanchisseur d’argent(qu’il assume avec arrogance devant le peuple)susseur de sang de ses clients dans les banques qu’il a gerees,c’est cela votre grand messieur SADAGA BOUMA TAKHA WAKH WAAYE.
    S’il rend le tablier c’est une tres bonne chose pour ce regime le pays avec.Quand le president declarait qu’il ne savait pas s’il etait lie a l’affaire Habre au moment de le choisir montre la legerete avec laquelle il conduit les AFFAIRES DE LA CITE .Oui c’est cela la rupture nommer a un poste aussi strategique sans enquete de moralite.Diop ton bonhomme traine trop de casseroles.sa derniere sortie pour dementir sa candidature au CIO et pour dire le contraire ailleur affirmant ne pas etre au courant de l’autre candidature est une preuve de mauvaise fois et de manque de respect notoire vis a vis de ses compatriotes.Comme quoi je preferre un illetre patriote integre a ces soit disant grands messieurs sortis de grandes ecoles devenus maitres du mensonge et de l’arnaque

  9. Merci SAdaga

    Ndiaye Mounirou fait comme la plupart de nos diplomés sunugaliens …

    Que du bla bla qui nous est rabaché depuis 50 ans..

    Tout ce verbiage n’a aucune applicabilité dans la pratique réelle de notre économie.

    30% du budget injecté par la Diaspora: c’est cela le quotidien effectif et efficient.

    il faut voir PNB !!!!!!!!!!

    Peu de verbiage et un peu plus de travail comme celui fourni des millions de vaillants modu modou, ambulants , travailleurs émigrés , Baol Baol , xolusmens qui tiennent notre économie à bout de bras et qui ne sont pas vils verbeux.
    Des volubiles comme tous ces pseudo intellos naïfs de la réalité du monde.
    Tous ces plumitifs naguère enguenillés avec le fantasme du veston en bandoullière .

  10. Voila Sadaga ton PM tu lui as porte la poisse comme quoi,ce cretin ne vaut absolument rien du tout.Bandit de grand de chemin arrogant devant l’eternel premier acte positif du president Sall,qu’il recrute des competences des jeunes qui en veulent pas de ministres nes avant l’independance.

  11. Idy n’est pas leur égal. Ce gars a une longueur d’avance sur les autres. On peut cacher la vérité pour un temps mais elle finit par emerger. Rewmi Jogna! L’incompétence du pouvoir de Macky saute aux yeux de tous. Il va fuir bientôt.

  12. @Jules j’espere que tu maitrises ce que tu avances a mon endroit.Ptit complexe,les vrais acteurs du devellopement ce sont des patriotes engages.Si grande ecole rime avec roublardise ce qui n’est pas le cas pour tout le monde nul besoin d’envier ce cretin et ses defenseurs n’en deplaise. a …

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