XALIMANEWS- La centrale à charbon de Bargny, qui constitue actuellement une hantise pour les populations locales, pourrait être à l’origine du manque d’eau à Dakar. Au moment où les bargnois se sentent piégés, une facture brandie de la Sénégalaise des eaux (SDE), à ce jour, d’une valeur de 3 millions et poussière vient jeter de l’huile au feu. Cette note, jalousement gardée, justifie, selon le collectif de lutte contre l’implantation de la centrale dont le motif évoqué est écologique, le manque d’eau accru qui sévit dans la commune. Un mois sans eau ! Les dégâts sont énormes et ont poussé les acteurs à fouiller, de plus près, dans les dossiers de cette centrale à polémique.
Il faut noter d’abord qu’au-delà de Bargny, Dakar et toute sa banlieue connaissent, depuis quelques semaines, une pénurie d’eau qui n’a jamais sévi. Pour des raisons ramassées et évoquant les travaux de l’usine de Keur Momar Sarr, la SDE informe de son incapacité et annonce un déficit sur une longue période. Celle qui devra coïncider avec l’exécution des travaux sur le site de la centrale à Bargny qui atteint, à ce jour, 70%. Coïncidence ou preuves palpables ? Il faut dire que ce déficit ne concerne, apparemment, que la région de Dakar. A l’intérieur du Sénégal où les tuyaux de fourniture sont, géographiquement, très loin de la centrale, l’eau coule à flots ou du moins, l’on ne se retient pas pour autant derrière le calvaire du décompte de réserves d’eau comme cela se passe actuellement dans la capitale sénégalaise.
Au moment où d’aucuns s’interrogent sur les capacités réelles de la SDE, des études d’impact concernant le besoin d’eau, établies par la compagnie souscripteur elle-même du projet de la centrale de Bargny, tendent à démontrer le gap connu à ce jour et dont la SDE est bien dans l’incapacité de résorber à moins d’une solution de dernière heure. «Il s’agit d’un risque de stress hydrique énorme auquel la société nationale fait face !», avise un expert. En effet, la centrale va utiliser énormément d’eau car elle aura besoin de 4,2 millions de M3 d’eau par an, soit le double des besoins des 60.000 habitants de Bargny, soit 2,1 millions de M3. Cette situation est d’autant plus sérieuse qu’on n’en est qu’à la phase réalisation de la centrale ; ces chiffres concernent la production qui risque de coûter très cher aux populations de Bargny et environ, dont précisément Dakar et sa banlieue, la fourniture d’eau étant compromise vu la capacité actuelle de la société nationale.
Il faut rappeler que la Sénélec, qui a cédé la centrale de charbon de Bargny à la compagnie étrangère, voyant les choses venir, avait promis de «fournir de l’eau pour résorber le déficit de Bargny avec le dessalement de l’eau de mer». Cette réponse avait été donnée, le 13 mars 2017, aux acteurs pour s’expliquer par rapport à la situation en générale.
Aujourd’hui, le scénario est tel que les experts s’interrogent encore sur l’utilité d’un tel site. Il faut dire que la centrale à charbon de Bargny, qui devait aider la Sénélec dans sa fourniture d’électricité, a plutôt favorisé, d’un autre côté, un déficit en eau, une situation plus cruciale que jamais. D’autant plus que la société nationale d’électricité a réussi, au fil des années, avec le concours d’accès aux énergies renouvelables, à combler le gap de KW qui devait justifier la présence d’un renfort d’où la nécessité alors d’accueillir, en 2008, le site de Bargny négocié par Abdoulaye Wade. Ce dernier avait reculé devant la polémique sur la pollution de Bargny mais les travaux d’implantation de la centrale ont repris en 2014 sous le règne de Macky Sall qui persiste, selon les acteurs, à traiter avec la compagnie. Ce à quoi les populations de Bargny comptent faire face jusqu’au bout, devant les nombreuses conséquences facheuses déjà évaluées avec les études d’impact. D’aucuns notent qu’un énorme investissement a été déjà fait et cela coûterait beaucoup à l’Etat du Sénégal de reculer. «Mais la vie et la santé des populations n’a pas de prix !», rétorque les acteurs sociaux bargnois qui semblent, pour le moment, les plus concernés par le problème. Entre temps, une pénurie d’eau des plus insolites gangrène et gagne toute la région de Dakar pendant que la chaleur s’installe, pernicieusement, dans la ville. Un lot de précautions à prendre selon les spécialistes de la santé.
Diouma SOW
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