L’ancien Premier ministre, Mamdou Lamine Loum a exhorté, samedi dernier, lors d’un dîner-débat, les leaders de Bennoo à avoir un candidat unique lors de l’élection présidentielle de 2012. C’est, selon lui, la seule option susceptible de leur garantir la victoire face au parti au pouvoir.
Pour sortir victorieuse de l’élection présidentielle de 2012, l’opposition a intérêt à «travailler pour avoir un candidat unique». C’est la recommandation de l’ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum. Il animait, le 19 mars dernier, un dîner-débat qui avait pour thème : Les Assises nationales, un désir d’émancipation, dans un hôtel de la place. Ce dîner-débat était organisé le mouvement Bess du niakk du marabout Serigne Mansour Sy Djiamil. M. Loum estime que l’«arithmétique électorale» sur laquelle comptent certains partis politiques risque de les perdre lors des prochaines joutes électorales. Ce qu’il ne souhaite pas car estime le dernier Premier ministre de Abdou Diouf, le régime de l’Alternance a suffisamment démontré ses carences pour laisser la place à une nouvelle équipe. En effet, l’état des lieux sur notre pays durant les Assises nationales a permis au conférencier de lister les maux dont il souffre : «Nous avions constaté qu’il y avait rupture de consensus sur les règles du jeu politique ; les institutions ne sont pas séparées, l’Administration est instable avec la fragmentation sauvage (des ministères), la politisation de l’Administration. Les corps de contrôle (Ige, Cour des comptes) sont dévalorisés et ne sont impliqués en rien. L’enrichissement illicite et la corruption gagnent du terrain, même s’ils ont existé par le passé.»
Tous ces problèmes nécessitent, selon Amadou Moctar Mbow, président des Assises nationales, une refondation sur le plan économique, social, mais surtout éthique. «Nous sommes certainement un pays, mais aussi un grand peuple. Cependant un peuple où il y a des travers, des défiances (…) Et c’est dommage que, malgré notre péripétie, nous soyons à cette situation», se désole l’ancien Directeur général de l’Unesco. C’est ce même sentiment qui anime le marabout Mansour Sy Djamil lorsqu’il fait le flash-back de l’élection de 2000. «J’étais de ceux qui ne pouvaient croire que le Président Diouf se soumettrait en acceptant sa défaite et en appelant son adversaire. J’ai été profondément touché par les actes posés par le nouveau Président immédiatement après son élection : sa visite à Louga pour solliciter les prières de feue Mame Coumba Dème, mère du Président Diouf et lorsqu’il désigna Abdou Diouf à sa place au sommet de l’Union européenne et de l’Oua au Caire.» Hélas, cette belle leçon de démocratie sera vite altérée par des «pratiques» de Me Wade qui jurent d’avec les promesses faites en 2000. «Aujourd’hui, partout au Sénégal, la clameur populaire exprime cette déception.»
Pourquoi une telle volte-face de «l’homme du 19 mars» ? Le Pr Abdoulaye Bathily l’explique par une absence de leadership. «Un leader, dresse-t-il, doit être à l’écoute du citoyen et non se prendre pour un messie ou démiurge», qui se croit investi d’un pouvoir surnaturel. Et malheureusement, constate le leader de la Ligue démocratique (Ld), ces mêmes défauts sont notés chez les leaders de la Coalition Bennoo Siggil Senegaal dont certains étaient présents à la rencontre. «Depuis la restitution des Assises nationales, je me pose des questions. On annonce une rupture de leadership, mais chacun annonce qu’il est candidat», regrette M. Bathily. Faisant dans l’autocritique, il poursuit : «Dans nos organisations (politiques) et celles de la société civile, il y a une tendance à l’appropriation de la chose publique.» En tout cas, Abdou Samat Mbacké met les leaders de l’opposition devant leurs responsabilités. Pour lui, l’enjeu de la prochaine Présidentielle leur exige une unité. «Si vous vous dispersez en 2012, vous serez responsables devant les Sénégalais de ce qui adviendra», avertit le petit-fils de Serigne Touba.
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