« Un tiers est consacré au Palais, un autre aux magistrats et le troisième serait alloué au budget de fonctionnement »Les 2000 Tchadiens vivant au Sénégal, de même que les panélistes vont sans doute suivre de près ce qui sortira de l’annonce faite par le député Aboulaye Babou : dès la semaine prochaine, il soumettra une question orale à l’hémicycle sur le jugement de l’ancien dictateur Tchadien réfugié au Sénégal depuis près de 17 ans. Prenant la parole, le journaliste Madiambal Diagne trouve que les 18 milliards réclamés par l’Etat du Sénégal ne sont fondés sur aucun calcul.
Me Babou annonce une question orale pour la semaine prochaine
Me Jacqueline Moudeina : « Le Sénégal manque cruellement de volonté politique, l’impunité est un cancer qui ronge l’Afrique »
Me Jacqueline Moudeina ne demande pas mieux. Le règne de huit ans d’Hissène Habré a été le plus cruel que le Tchad ait jamais connu. S’inspirant de l’affaire Pinochet, son organisation a préparé en toute discrétion, pendant 2 ans, une procédure. Mais au Sénégal, on fait du « sur place », si ce n’est pas un coup de théâtre de Wade qui réclame des espèces sonnantes et trébuchantes comme condition sine qua non de la tenue du procès. Me Moudeina s’est déjà faite une religion : « le Sénégal manque cruellement de volonté politique, l’impunité est un cancer qui ronge l’Afrique », dit-elle.
Serigne Mansour Sy Djamil et Abé Léon Diouf se sont engouffrés dans cette brèche pour dire que le Coran et l’Evangile condamnent l’impunité. Il n’est pas normal, dénonce le Pr Amsatou Sow Sidibé, que des victimes d’actes aussi horribles soient obligées de réclamer des sanctions. Il faut, dit-elle, que les auteurs, les co-auteurs et les complices répondent de leurs actes. « La sanction a une fonction réparatrice, un rôle d’intimidation. Les autorités compétentes sont invitées à réagir ». Ce qu’il y a d’humain dans chacun de nous, n’a ni couleur, ni race, ni religion. « Chaque fois que la justice est flétrie, violée, des hommes et des femmes se sont soulevés », dira-t-elle.
Madiambal Diagne : « L’argument n’est pas sérieux… »
En tant que victime d’une violence économique, Bara Tall justifie sa présence par un souci de témoignage et de manifestation d’une solidarité. Pour la tenue du procès, précise Madiambal Diagne, le Sénégal ne réclame pas moins de 18 milliards. Cette exigence, fustige-t-il, ne s’est faite sur la base d’aucun calcul. Un tiers est consacré au Palais, un autre aux magistrats et le troisième serait alloué au budget de fonctionnement. « L’argument n’est pas sérieux. Ensuite, pour un procès qui va prendre des années, on n’a pas besoin d’avoir l’intégralité de la somme avant de le débuter », a-t-il soutenu.
Hadja Diaw GAYE
lasquotidien.info