Saisie de drogue au Lamatin Beach Hotel: Ce qui a perdu Luc Nicolaï

L’épisode est nouveau, les séquences multiples et riches en suspenses. L’arrestation de Luc Nicolaï donne une nouvelle tournure à cette affaire de trafic présumé de drogue dure qui a valu l’arrestation du président-directeur général du Lamantin Beach hôtel. Filé depuis l’éclatement de cette affaire, le promoteur de lutte a été coffré ce samedi par des éléments de la brigade de recherches de la gendarmerie de Thiès. Retour sur un long et méticuleux film.

Pour comprendre l’arrestation du sieur Luc Nicolaï, il faut remonter à l’arrestation du Pdg du Lamantin Beach hôtel. Le film retracé par des sources de L’Office ne laisse rien des séries hollywoodiennes. Le jeudi 27 septembre dernier, un certain Kébé, douanier de son état s’est rendu à l’hôtel Lamantin. Dans l’un des lieux de crimes présumés, Kébé qui était accompagné de deux autres « agents » se présente comme un employé de la préfecture et se fait introduire dans le bureau du Pdg. Pris dans les rets du visiteur, les préposés à la sécurité lui déroule le tapis rouge. La porte du secrétaire franchie, Kébé est face au boss. Devant Touly, il décline sa véritable identité et brandit sa carte professionnelle. « En réalité, je suis un douanier. Nous sommes au courant du trafic de drogue dure qui se fait ici dans votre hôtel et nous sommes venus pour opérer une fouille des lieux », dit-il, en substance, à son interlocuteur. À partir de ce moment, les choses sont allées très vite pour le sieur Bertrand Touly.

Le deal de 100 millions

Joignant l’acte à la parole, le douanier fait ouvrir une armoire et y découvre un paquet de drogue dure. Surpris, le patron du complexe hôtelier fait appeler son directeur des exploitations, Éric Philibert à qui il expose la situation, tout en lui demandant qui d’autre pouvait accéder à son bureau hormis lui le directeur des exploitations. Cet accès en effet, est d’autant plus difficile, voire impossible que les portes de son bureau sont sécurisées et ne s’ouvrent que grâce à une carte magnétique. À son tour, Philibert affiche la surprise. Mais, cette surprise sera accentuée par le deal que l’agent de la douane aurait proposé à son interlocuteur. Selon les sources de L’Office, Kébé aurait demandé à Touly une enveloppe de… « cent millions de francs Cfa, pour étouffer l’affaire ». Pétrifié, le Pdg de Lamantin refuse les termes du deal et est conduit au poste de douane. Les gabelous confisquent le passeport du premier et le permis de conduire du second et les laissent partir. Le vendredi 28 septembre, Touly se rend à l’ambassade de France. Sur place, il raconte la « mésaventure » aux autorités diplomatiques. Ainsi, « un ami leur suggère de déposer une plainte », poursuivent encore nos sources. Donnant suite à ce conseil, Touly porte plainte contre le douanier Kébé auprès du procureur de la République de Thiès. Lequel confie l’enquête à la brigade de recherches de la gendarmerie de Thiès.

La piste…Luc Nicolaï

Minutieusement, les pandores recollent les morceaux du puzzle et parviennent à une première découverte au moins importante. L’historique des entrées et sorties dans le bureau de Touly révèle que la porte a été ouverte le 30 septembre, un dimanche, à deux reprises : « à 10 heures et à 19 heures », confient nos interlocuteurs. Cette découverte faite, les gendarmes continuent l’enquête, la conviction en bandoulière. Dans cette perspective, ils interrogent toutes les personnes susceptibles d’éclairer leur lanterne. Parmi elles, le nommé Djiby Diop tombe. L’homme se révélera très proche de Luc Nicolaï. Ce dernier est arrêté. Pour sortir son époux des méandres de la justice, la femme de Djiby Diop intervient et pointe un doigt accusateur sur un certain Lamine qui aurait introduit la drogue dans le bureau de Bertrand Touly. Les gendarmes prennent notes, arrêtent le suspect et poursuivent l’enquête, non sans mettre les sociétés de téléphonies à contribution. Le résultat est sans appel : « Djiby Diop, Luc Nicolaï et le douanier Kébé était en contact permanent », renseignent les sources de L’Office.

La première audition du promoteur

Forts de cet élément, les pandores convoquent Luc Nicolaï qu’ils ont entendu une première fois et lui demandent de rester à leur disposition. Une injonction que le promoteur n’a pas respectée. Au contraire, il s’est rendu en Gambie et, de sources sûres, comptait y demeurer pour longtemps encore. Informés, les gendarmes initient une nouvelle stratégie pour lui faire changer d’avis. « Des gendarmes en tenue civile se seraient rendu chez lui pour menacer son épouse », révèlent nos interlocuteurs. L’idée était de « jouer sur la conscience » de Luc Nicolaï qui n’était pas prêt à risquer la vie de son épouse. Le résultat épouse l’attendu : sa femme « menacée de mort », Luc Nicolaï décide enfin de quitter la Gambie. Il ne savait pas si mal décider : les gendarmes qui l’attendaient depuis plus d’une semaine à la frontière, l’ont filé ce samedi avant de procéder à son arrestation à Passy. Menottes aux poings, il sera ensuite acheminé à la brigade de recherches de Thiès.

Le sort du douanier Kébé

Luc Nicolaï arrêté, le douanier Kébé peut se faire du souci. Déjà, au cours de l’enquête, il serait à l’origine de certaines indiscrétions qui faisaient état de la fuite de Éric Philibert, une information démentie par nos sources. Aux dernières nouvelles, Kébé a été relevé de ses fonctions avant que son sort ne soit confié à la justice.

loffice.sn