Saourou Sène, nouveau Sg du Saems-Cusems : «L’État a troublé notre confiance»

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Saourou Sène est le nouveau patron du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (Saems-Cusems). Il remplace Mamadou Lamine Dianté à ce poste à l’issue de leur 3ème congrès. En marge d’une conférence de presse sur la rentrée scolaire 2016-2017, le tout nouveau secrétaire général du Saems-Cusems est revenu dans cet entretien sur le congrès qui l’a porté à la tête de ce syndicat. Saourou Sène en profite pour dérouler sa feuille de route pour son premier mandat. Il affiche ses ambitions pour les enseignants et compte se battre pour que le gouvernement respecte enfin ses engagements signés depuis février 2014.

On assiste souvent dans les organisations syndicales à des fractions lors des congrès. Ce qui n’est pas le cas avec le Saems-Cusems. Quel est votre secret ?
Nous venons de tenir notre troisième congrès ordinaire. Avant ce dernier, il faut rappeler que nous avons tenu toutes les commissions administratives qui ont permis d’aller vers ce congrès-là. Nous avons tenu aussi à travers un comité préparatoire des rencontres de la commission d’organisation, des rencontres de la commission scientifique. C’est à l’issue de ce processus de renouvellement des sections et sous-sections que nous sommes arrivés à la conclusion qui est la tenue du congrès ordinaire. Ce congrès a d’ailleurs enregistré la participation de plus de 500 délégués. Comme pour dire qu’après la naissance du syndicat, nous sommes passés à la phase de structuration pour continuer la phase de massification. Et dans nos textes, il y a un aspect assez particulier. Le secrétaire général élu ne peut pas faire plus de deux mandats. Une fois que les deux mandats arrivent à terme, il débarrasse le plancher et c’est à l’issue de ces deux mandats que Mamadou Lamine Dianté a été remplacé par ma personne. D’ailleurs, il a reçu un vibrant hommage lors de ce congrès. Je dois rappeler que nous étions 5 candidats et c’est un vote démocratique qui nous a départagés. Je profite de l’occasion pour renouveler mes remerciements à l’ensemble de mes camarades.

C’est une belle leçon de démocratie que vous avez administrée aux autres organisations syndicales…
Très souvent dans les organisations syndicales, quand il y a un congrès c’est parce qu’il y a un groupe qui s’est fâché avec le reste de l’organisation. Il quitte et crée alors un autre syndicat et c’est cela qui est à l’origine de la multiplication des syndicats. Mais si le jeu de la démocratie se fait correctement et le plus naturellement du monde, je crois qu’il n’y aura pas de raison de créer encore d’autres syndicats. Nous avions l’habitude de dire que la démocratie n’appartient pas seulement aux politiques. Pour les organisations syndicales aussi, il faudrait que le fonctionnement soit démocratique et que le mode de dévolution du pouvoir soit aussi démocratique. Nous veillerons aussi à ce que les choses continuent dans cette dynamique-là.

Vous êtes nouvellement porté à la tête du Saems-Cusems. Est-ce que vous avez une feuille de route ? Quelles sont vos ambitions pour ce mandat ?
Nous au Saems-Cusems, nous avons notre ligne directionnelle qui est la défense des intérêts matériels et moraux des enseignants. Notre seule préoccupation, c’est la valorisation de la fonction enseignante. Nous ferons tout ce qui est possible pour participer à la réalisation de cet objectif. Nous avons signé des accords avec le gouvernement du Sénégal et nous comptons les matérialiser. Et pour cela, il n’y a pas de possibilité de faire de la littérature pour créer des dilatoires en ce qui concerne le processus devant aboutir à la réalisation de ces accords. Nous veillerons, en tout cas, à ce que ces accords soient correctement matérialisés parce que c’est ça notre mission.
Sur un autre plan, il y aura des innovations. Sur le plan de l’administration du syndicat, le Saems-Cusems est une grande organisation syndicale de près de 12 mille enseignants. Il va falloir avoir une administration moderne pour maintenir le contact régulier sur le plan surtout de la communication, des échanges des informations entre la direction et les militants. Nous avons aussi avec le secrétaire général sortant initié des programmes avec So Link un enseignant un ordinateur, un enseignant une tablette et une assurance pour assurer les camarades et leurs véhicules.
Nous envisageons d’élargir ce partenariat pour pouvoir faire du syndicalisme de développement. Je dois rappeler que les 5 fonctions essentielles du syndicalisme c’est la fonction de représentation, la fonction de revendication, de formation et d’éducation, la formation normative et enfin la fonction sociale. A côté de ces fonctions régaliennes, nous voulons innover et faire en sorte que le syndicat soit en partenariat avec d’autres secteurs pour améliorer le vécu des enseignants.

Vous arrivez à un moment où les relations entre les enseignants et le gouvernement sont très tendues. Les syndicalistes ont usé de tous les moyens pour exiger le respect des accords. Mais jusque-là, le gouvernement ne semble pas aller dans le sens du respect de ces accords…
Nous avons fait ce que nous devions faire. Lorsque nous avions déposé notre plateforme, le gouvernement avait créé des commissions techniques pour discuter des différents points contenus dans cette plateforme. A l’issue de ces discussions, nous nous sommes retrouvés pour extirper ensemble tous les éléments d’accord. Et c’est cela le protocole d’accord. Lorsque nous avons épuisé ce processus, le gouvernement et les syndicats avaient convié la presse pour que chacun puisse apprécier par rapport à ce qui s’était passé. Le ministère de la Fonction publique avait dit à l’époque que le gouvernement venait de signer des accords réalistes et réalisables.
Depuis lors, le 14 février 2014, nous courrons après la matérialisation de ces accords. Nous avons les moyens pour faire face. Les moyens, ce sont les grèves, les rétentions de notes. Vous avez vu que l’année dernière, le gouvernement a procédé à une campagne de diabolisation des enseignants auprès de l’opinion. Après la diabolisation, on nous a servi des réquisitions et au même moment comme si l’administration scolaire ne suffisait pas, l’Etat a mobilisé la gendarmerie et la police pour nous servir ces réquisitions. Histoire de nous intimider et de nous humilier.

Le gouvernement a même brandi la menace de radiation…
La radiation de quelque 5 000 enseignants. Tout cela parce que les enseignants demandent la matérialisation des accords. Je crois que cela ne fait pas honneur à la République du Sénégal. De toute façon, l’histoire a retenu que c’est sous le régime de Macky Sall que les enseignants et leurs familles ont été malmenés et meurtris dans leur chair. Mais nous sommes restés sereins, républicains parce que nous sommes convaincus que le gouvernement comprendra, même si ce sera trop tard qu’il vaut mieux respecter des accords déjà signés au lieu de faire dans la tergiversation ou la diabolisation. En tout cas de notre côté, nous utiliserons toujours les moyens que la loi fondamentale nous offre pour faire aboutir ces accords.

Vous n’avez pas peur que l’Etat use de la radiation une fois encore que vous déciderez d’aller en grève cette année ?
Le Saems-Cusems va s’attacher les services d’un conseiller juridique sur toutes les questions que nous allons aborder. Nous aurons le regard éclairé de notre conseil juridique. Nous prendrons tout ce que la loi nous donne et nous laisserons à l’Etat tout ce que la loi lui donne. Mais c’est dans notre texte fondamental que la grève est inscrite et je crois que la valeur des hommes et des institutions dépend des actes que ces derniers posent. Nous pensons que le gouvernement posera l’acte républicain qui consiste à respecter ces accords que lui-même a signés avec les syndicats.

Etes-vous optimiste quant à la matérialisation de ces accords pour cette année ?
Je suis au regret de vous dire non. Pour la bonne et simple raison que nous avions à pareil moment l’année dernière rencontré la plus haute autorité. Macky Sall avait pris 14 mesures phare. Nous avions pensé que puisque c’est le premier des Sénégalais qui nous parle cette fois-ci, le problème sera réglé et vous avez vu la suite. Rien n’a été fait. Si l’on revient avec le ministre de l’Education qui a pris des mesures que nous saluons, c’est-à-dire les rencontres régulières le premier mardi de chaque mois, ensuite le Grand prix du chef de l’Etat pour l’éducation. Mais ce que nous attendons du gouvernement, c’est qu’il respecte ses engagements. Ce que nous attendons, c’est d’arriver à créer un traitement normal équitable entre les agents de la Fonction publique. L’étude sur le système de rémunération a confirmé tout ce que les syndicats disaient en termes d’iniquité par rapport au traitement des agents de la Fonction publique. Un gouvernement respectable et respecté ne devrait pas attendre longtemps pour corriger cette injustice.

A votre avis, le gouvernement peut ou ne veut-il pas satisfaire vos doléances ?
Il peut. Il lui manque une volonté politique. Je le dis ouvertement, au Sénégal il y a une volonté politique réelle de prendre les richesses du Sénégal et de les partager entre politiciens en laissant de côté les travailleurs. Je donne l’exemple de la naissance de ce fameux Haut conseil des collectivités territoriales. Pour un pays qui exprime un manque de ressources, nous ne voyons pas qu’on puisse superposer des institutions dont la pertinence pose problème. Malheureusement, les priorités semblent être ailleurs. Ils doivent savoir qu’il n’y aura jamais d’émergence s’il n’y a pas de système éducatif de qualité.
A vous entendre parler, on a l’impression que vous n’avez plus confiance en ce gouvernement…
Très sincèrement, l’Etat a posé des actes qui ont fini de perturber notre confiance.

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