SCASA: Arrêtons le mensonge, rétablissons la vérité – Par Mody FAYE

A quand finira la comédie à la SCASA

Cette interrogation pourrait être le titre d’un roman pour un scenario comique qui aurait duré quatre ans quelque part dans le monde.

Ce qui se passe à la SCASA répondrait bien à ce titre tant il est vrai qu’on fait croire au monde que tout va bien à la SCASA, alors que les employés y vivent une catastrophe économico-sociale, une tragédie…

Alors que l’on croyait que l’Etat sénégalais avait enfin pris conscience de l’échec lamentable des coréens après quatre années de tâtonnements et d’amateurisme en prenant la décision de s’octroyer les 40% des actions du privé sénégalais victime des humeurs coréens, voilà que le Gouvernement du Président Macky SALL entre dans le jeu des coréens spécialisés dans la duperie et la manipulation

En effet,

Commençons par citer le Directeur du Port autonome, qui après avoir promis de déguerpir CAPSEN (société d’armement et de pêche de DONGWON) illégalement hébergée par la SCASA pour une redevance modique de 100  000FCFA par mois, est resté sans réaction et pire il est venu même rendre une visite de courtoisie au directeur de CAPSEN ; et depuis lors CAPSEN est en train d’envahir et même d’engloutir l’espace de la SCASA au vu et su des autorités du PAD.

Du côté du Ministère de la pêche les coréens ont fini d’enrôler le ministre de la Pêche qui ne cesse de chanter leur louange. Ainsi, on mène une campagne de publicité mensongère pour SCASA et DONGWON, en complicité avec la RTS 1.

Lors du reportage de la visite du Ministre au sein de l’entreprise, la présentation a commencé par une aberration : «une entreprise qui monte en puissance » alors que l’entreprise est plombée au sol…

Nous savons que, la SCASA éprouve beaucoup de difficultés pour monter en tonnage au point qu’elle se limite à des productions journalières de 2 à 6 tonnes, pour une capacité d’au moins 120 tonnes/jour héritée de la SE SNCDS et une projection de leur business plan qui devrait atteindre aujourd’hui  200 tonnes/jour. La différence est énorme, malgré les capacités de pêche de CAPSEN supposée être la société d’approvisionnement en matières premières de le SCASA ; On devrait plutôt parler de chute en puissance au regard de l’évolution de la production annuelle depuis 2012 qui a atteint un pic de  7000 tonnes en 2013, et cette année 2016 sera la plus désastreuse où la société n’aura produit qu’un peu plus de 1000 tonnes depuis le mois de janvier, ce qui est dérisoire pour une société qui prétend être leader en Afrique.

Et la RTS1 de finir son reportage  par une autre contre vérité « Depuis sa création elle ne cesse de recruter et d’investir dans notre pays », ce qui est archi faux.

En effet, depuis sa création SCASA n’a embauchée que 03 personnes en CDI, et  a enregistré plus d’une dizaine de  départs, certains remerciés, d’autres ont tout simplement démissionné, tous pour une seule raison : les coréens ne veulent pas de CDI, ils veulent des contractuels et des prestataires dociles et bons à tout faire qu’ils libèrent selon leur humeur ou  s’ils sentent qu’ils sont en fin de contrat et qu’il faudra les embaucher selon le code du travail sénégalais.

D’ailleurs pour le prouver ils ont annoncé une soit disant « restructuration » parce que pour le moment elle ne vise que 04 agents sénégalais peut-être indésirables à tort. Cela ressemble plutôt à un règlement de compte, une manière de commencer à se débarrasser des CDI sénégalais hérités de l’ex SNCDS et  qui les gênent tant

En terme d’investissement, le cap a été mis sur l’enrichissement de la Corée plus que sur l’augmentation de la capacité de la production. De ce fait la production est encore plombée par une insuffisance d’équipements vitaux alors qu’un plan d’investissements avait été fait bien avant la venue des coréens pour déterminer les priorités. Mais le choix a été aussi porté sur la ligne de Poche en 2014 avec un échec total sur la mise en œuvre par précipitation, manque de maitrise et de formation pour ce nouveau produit.

Conséquences, ces Poches ont causé une perte énorme de plus de 4 milliards en 2015 à cause de retour de produits de plus d’une dizaine de containers destinés au marché américain à travers la filiale STARKIST de Dongwon. Ces containers sont encore présents et visibles sur l’aire d’empotage de la SCASA.

Et c’est ce même marché que le nouveau PDG de la SCASA veut utiliser comme stratégie pour développer la SCASA ; et ce qui lui fait dire dans le même reportage de la RTS1 et dans un français chaotique, je le cite : « j’invite le Ministre pour montrer que SCASA ça marche bien ». Non Monsieur le Directeur, nous sommes désolés mais la SCASA ne marche pas…

Pour les travailleurs permanents comme journaliers ces mots résonnent comme un gros mensonge. En effet, moins de 100 jours ouvrables travaillés depuis le début de l’année, un tonnage de 2 à 6 tonnes journalièrement, avec un effectif d’employés insignifiant très loin des 1500 à  3000 emplois promis au peuple sénégalais devant le Président de la république lors de l’inauguration de l’usine en Octobre 2013.

Avec cette manière de diriger des coréens, basée sur le mensonge et la manipulation, c’est sûr que le rêve de création d’emplois comme promis, ne se réalisera jamais.

Mais de qui se moque-t-on vraiment ? C’est ça la SCASA 2.0 émergent ? Les coréens se moquent des sénégalais et de son Etat qui après avoir annoncé la reprise des 40% des actions, n’est même pas capable de faire valoir ses droits pour demander la tenue d’un conseil d’administration. A cause de cette situation on ne peut plus confuse, le PDG actuel  dirige la SCASA dans l’illégalité, il n’a aucun pouvoir de signature et pourtant c’est à lui qu’on a confié les destinés de la société ; Ce n’est pas sérieux.

Par ailleurs, à la SCASA, il y a des personnes étrangères qui n’ont aucun lien ou plutôt aucun contrat avec la société et qui figurent dans un nouvel organigramme et qui signent des documents engageant la société. C’est grave !

Dans tous les cas, tout porte à croire que c’est un gros complot organisé qui veut maintenir en perfusion SCASA pour permettre à CAPSEN de se tailler la part du lion avec ses licences de pêche et des quantités de capture record de tous types de poissons. La pêche est si florissante qu’ils ont affrétés en plus deux autres canneurs et un troisième senneur qui serait en route.

Pour mieux vous édifier, chaque senneur pêche en moyenne 1000 à 1200tonnes de poissons par mois. Si l’on considère la période propice de Mai à Décembre, cela fait pour les 2 senneurs actuels 8mois x 1000 tonnes x 2bateaux = 16 000 tonnes et si l’on considère que le prix de la tonne de thon est d’environ 1200 €, nous arrivons à un chiffre d’affaires de  12 595 200 000 F CFA. Si on ajoute un autre senneur et deux autres canneurs nous vous laissons imaginer le pactole amassé.  Et toutes ses captures sont destinées à l’exportation au point que la SCASA a même de la peine à disposer de poisson de qualité venant de CAPSEN qui met d’abord en containers avant de  fourguer à la SCASA les déchets.

En outre, ce que l’on ignore, c’est que la SCASA  n’achète pas directement le poisson de CAPSEN Société d’approvisionnement, mais c’est plutôt DONGWON qui l’achète puis le revend à la SCASA avec une sa marge bénéficiaire.

Par ailleurs, DONGWON détient 2% du chiffre d’affaire de la SCASA. En cas de besoin d’investissements c’est DONGWON qui finance avec une commission.

Monsieur le Président de la République vous êtes interpellé autant que nos autorités compétentes et le peuple sénégalais pour mettre fin à cette mascarade, à ce complot, à cette duperie qui ne profite ni à notre économie, ni au peuple sénégalais. Tout ce qui intéresse ces coréens, c’est de profiter au maximum de notre mer poissonneuse, de la piller et de disparaitre un jour laissant derrière eux une filière thonière à l’agonie

Encore une fois il ne faut pas sacrifier la SCASA au profit de la coopération Sénégal Corée, c’est la seule industrie thonière restante du Sénégal, si elle disparait, toute la filière mourra avec elle  et ce sera sous votre magistère, Monsieur le Président.

Boutons les coréens dehors pendant qu’il est encore temps et reboostons la filière thonière avec des investisseurs plus compétents et plus professionnels.

Par Mody FAYE