Sénégal : Une alternative sous versions et sans vision

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Le changement le plus récent qui correspond au 21e siècle, au nouveau monde et à l’arrivée de la nouvelle génération, n’est pas suivi d’effet.

En 2012 les élections présidentielles se sont déroulées dans des conditions très difficiles : un contexte géopolitique spectaculaire, en particulier dans la sous région et en général dans le monde. Les sénégalais se sont levés pour promouvoir la voie de la démocratie. Le 25 mars 2012, un taux historique, 65% des sénégalais ont voté pour l’actuel président contre l’ex président.

Au soir des élections, sans tarder le président sortant reconnaissait sa défaite et félicitait le président élu.

Rien n’est nouveau sous le soleil, l’histoire se répète, en 2000 c’était le sortant de 2012 qui recevait les hommages du perdant d’alors.

Le peuple souverain a parlé et a fait le choix de donner les rênes du pays à un nouvel homme.

De ce fait un nouvel élan s’est dressé dans l’espoir d’une nouvelle impulsion politique, économique, sociale et de justice. Ce n’est pas un chèque en blanc c’est un mandat donné pour la réalisation des attentes.
Cependant, les populations attendent toujours et la chose tarde vraiment à prendre forme.

On peut clairement affirmer que le succès d’une élection n’est pas le succès d’un mandat, hélas.

Les versions sont différentes de la vision. La vision est une ligne directrice d’un programme destiné à un résultat tandis que les versions sont des approximations qui mènent vers l’égarement.

L’ALTERNANCE POPULAIRE SANS ALTERNATIVE POLITIQUE JUSQU’A QUAND?

 

Le pouvoir s’est fondé sur une idée forte de ressentiment et non de gouvernement.

Macky Sall et son alliance piégée, appelée l’unité «Benno», ont regardé les présidentielles de 2012 uniquement sous l’angle de l’élection. Le peuple était débout et a décidé de changer de dirigeants. Pour l’actuel pouvoir, l’occasion était belle et il ne fallait surtout pas la manquer. Les élections de 2012 étaient une opportunité ouverte pour justement arriver au pouvoir sans accorder une importance sur la suite des événements. C’était un véritable tout sauf l’autre. Ils ont oublié que la politique porte d’entrée contre porte de sortie ne fait pas avancer un pays. Dans un état comme le Sénégal qui a des aspirations conformes aux exigences démocratiques, la seule rupture qui prévaut dépasse le départ d’un ancien président du palais de la république. Sur ce point, la rupture incombe aux citoyens qui ont su montrer au monde entier leur capacité d’instaurer une alternance civique et civilisée. Cette belle rupture démocratique et souveraine relève de la seule volonté populaire. A l’issu du scrutin, le pays voulait des réformes raisonnables et préparées afin de vivre dans la prospérité et la justice.

Non à un président qui gouverne avec un clan, cela sème le désordre et la confusion. Le système tel que conçu au Sénégal ne favorise pas de lutter efficacement contre la corruption. Les slogans: « la patrie avant le parti » et « servir le pays avant de se servir » c’est du pipeau. Deux iniquités ne font pas une équité.

 

La transparence ne se conceptualise pas c’est une base de départ.

La transparence est légitime et indispensable pour l’avancement de la démocratie et la fin de la corruption. Pour ce faire on ne doit pas se comporter comme le chevalier de la vengeance, sur son cheval, entouré de ses faux amis impatients de voir sa chute. Dans son combat de haute lutte contre l’enrichissement illicite, l’actuel chef de l’état cible des adversaires politiques et protège tout partisan à sa politique.

Le président est l’homme politique le plus riche du Sénégal. Sa fortune est considérable (voir sa déclaration de patrimoine sous évaluée) alors qu’il a toujours exercé des fonctions nominatives ou électives. Il s’enrichit sans cause sur le dos des sénégalais et continue à étoffer son patrimoine. Pour donner crédibilité et cohérence à son combat de transparence, il devait tout d’abord justifier la licéité de ses avoirs. Des millions sont distribués à chaque déplacement, preuve que la politique de connivence et de gaspillage continue à régner.

Les fonds politiques sont multipliés par dix et échappent à tout contrôle. Le gouvernement ne fait que légitimer ses scandales financiers. Les marchés de gré à gré ont de beaux jours devant eux, et ce malgré ce qui suit «Dans un souci d’efficacité des procédures de passation des marchés publics, il a été jugé nécessaire d’abroger le décret n° 2011-1048 du 27 juillet 2011 portant code des marchés publics et de le remplacer par un autre qui intègre cette volonté d’allier célérité dans la procédure de passation et respect de la réglementation qui encadre la commande publique».  S’y ajoutent  les nombreux décrets d’avance en dehors de tout budget voté à l’assemblée nationale.

Les mesures de transparence ne sont pas appliquées quand un ministre signe l’accord de pêche le plus minable. Ledit accord disproportionné, hypothèque nos ressources à des riches étrangers au détriment des populations et de nos pêcheurs. Les soupçons de rétro-commissions sont permis. L’affaire PETRO TIM, qui aurait donné 30% de notre pétrole national au frère du président, attend toujours éclaircissement. Le pays va mal. Toutes les ressources importantes comme l’énergie sont en train d’être attribuées à des bandes organisées.

Dans la politique servie au peuple, aucun acte potentiel n’est proposé pour corriger les problématiques du pays.  Le Sénégal a perdu trois ans face à un état qui veut solder des comptes avec ses adversaires politiques et non donner des solutions à la souffrance de son peuple.

 

La confiance est trahie et les engagements non tenus.

Aucun projet politiquement sérieux, socialement viable et économiquement rentable n’a été échafaudé pour élaborer un cap bien défini au Sénégal.

Ce gouvernement est hors sujet et sa thérapie de choc n’existe pas. En politique, il faut une méthode efficace et c’est une nécessité. Le peuple constate partout et dans tout, le manque total de nouveautés et d’innovations dans la politique menée par la majorité. L’alternance populaire est un fait mais l’alternative tarde à s’installer faute de politique responsable. L’homme du 25 mars 2012 emprunte à son prédécesseur tout ce qu’il lui reprochait en oubliant que son engagement premier était de rompre avec les mauvaises pratiques de l’état. Le changement positif n’est pas une répétition des choses bannies par les populations.

Le parallélisme des actes peu glorieux n’est rien d’autre qu’enlisement dans la perversion et stagnation dans la médiocrité. Le président, qui se félicitait d’un plébiscite, a trompé son monde et berné toute la jeunesse avec des faux engagements aussi chimériques que des promesses non tenues.

Macky Sall  est petit partout où Abdoulaye Wade était grand, du coup, le président rate son projet de rupture.

Le candidat a trompé les citoyens. Le vice était bien caché, mais aujourd’hui au pouvoir, on peut affirmer sans doute qu’il existe bien une erreur sur les qualités essentielles du président. Il nous prouve son incapacité à faire bouger les lignes, il divague et ne sait pas par où commencer pour le bien des populations.

Les problèmes s’accumulent et la politique du vent et des rêves continue.

Les populations sont désespérées par la politique proposée et se sentent désemparées.

 

Le président vit sur une autre planète et laisse derrière lui, la misère, les difficultés avec la majorité des populations.

Pourtant l’urgence semblait être comprise. Il faut sortir le Sénégal du politisme et faire preuve de la véritable politique responsable. On ne cesse de comparer le prédécesseur et le successeur que sur les mauvais souvenirs comme s’ils n’étaient pas la hantise des populations. Le pays manque de réformes. Rien ne change, la volonté de tourner la page sombre de la politique politicienne fait gravement défaut. Qu’en est-il des engagements du candidat président, lui qui disait: «je ne fais pas de promesses mais des engagements» ?

La crise universitaire continue, étudier devient un luxe pour un bon nombre d’étudiants sénégalais. Ils subissent la violence au péril de leur vie. L’école est oubliée : pour la première fois de notre histoire le pays a enregistré le plus faible taux de réussite au baccalauréat, soit 30% environ.

La vie reste chère, le pouvoir d’achat est en baisse : les conditions de vie ne s’améliorent pas. Le monde rural traverse des moments très durs et survit.

Les cinq milles emplois promis par an restent une illusion, le chômage perdure, les jeunes manquent de propositions de travail et de formations. Les entreprises ferment, l’économie s’affaiblit.

Son programme «Yonu Yokuté » dite la voie du progrès n’est que de l’incantation. Il nous garantissait un gouvernement sobre et vertueux de vingt-cinq ministres, on se retrouve avec une liste interminable de ministres. La famille du président est massivement représentée dans l’état du Sénégal et à tous les niveaux. Les proches du cadre présidentiel sont tous servis sans tenir compte des compétences, de l’expérience et de l’expertise. Aussi, un ministre de la république, à la télévision du service public, félicite l’ingérence de la première dame qui nomme les ministres.

Sans cap ni projet sérieux, Macky Sall gouverne par décret, passe son temps à des nominations. Trois premiers ministres ont défilé depuis son élection, laissant derrière eux de longs discours de politique générale sans cadence ni émergence ni efficience.

Le clientélisme occupe le cœur de la politique, l’assemblée nationale reste toujours une caisse de résonance. Le président de l’assemblée nationale est encore élu pour un an alors que le mandat des députés est de cinq ans.

On peut dire que Moustapha Niasse est plutôt le président du bâtiment de l’assemblée !

La méthode de Macky est un échec sur tous les secteurs importants et sur tous les compartiments du tissu social sénégalais. Entendons par échec, la souffrance des populations, le manque de réformes audacieuses, de vision et sa politique de cafouillage. Il fait de la politique politicienne avec ses alliés et est obnubilé par sa réélection, sans rien proposer pour ce quinquennat ou septennat.

Il fallait améliorer les bonnes pratiques de son prédécesseur, les assumer, prendre des vraies mesures courageuses et éviter les concepts creux. Pour avancer vers l’avenir, la consolidation des acquis démocratiques et des bonnes idées, est nécessaire.

Pompidou disait «un pays n’est pas une page blanche». A ce titre les bonnes initiatives en matière économique et sociale doivent recevoir une nouvelle orientation et un dynamisme, ce sont des points forts à entretenir.

 

Stop à la magouille et à l’union tarifée à vingt millions CFA.

Ce «Benno» est un cadavre politique, personne ne veut célébrer ses funérailles pourtant le peuple ne va pas écraser une seule larme de crocodile. Son espérance de vie ne pouvait excéder le lendemain des élections de 2012. Vouloir maintenir cette mouvance hétéroclite va rendre hybride le pouvoir. Au lieu de se consacrer au travail le gouvernement passe tout son temps à résoudre des équations et des probabilités partisanes. L’ensemble des partis politiques qui accepte d’accompagner la majorité, reçoit en contrepartie des financements en plus des postes. Pour les membres de la coalition l’aspect pécuniaire compte plus que l’intérêt national.

Il faut se vouer à l’évidence politique, accepter le divorce entre alliés pour s’occuper du sort des sénégalais. Le Parti Socialiste fondateur de la politique sénégalaise ne se fondra jamais dans l’alliance pour la république (Apr). Aux prochaines élections, le PS présentera son candidat ou son candidat se présentera. Quant à l’Afp, l’alliance des forces du progrès, disons que l’homme du passé n’arrête pas l’homme de l’avenir. Prenez vos responsabilités et mettez fin à ce leurre pour le bien du pays et du président. Faire croire au peuple que l’on a toujours raison c’est du populisme et de la pure démagogie. Le comportement de cette union de façade compromet l’existence de la seconde ligne politique et la sauvegarde des valeurs de la république. La posture émotionnelle efface les bases de la démocratie.

 

La justice est téléguidée, les libertés et droits fondamentaux sont menacés.

La séparation des pouvoirs est une coquille vide. Élu président de la république, Macky Sall reste premier secrétaire général de son propre parti politique. Cette confusion des rôles suffit largement pour justifier l’abrogation de l’article 80 de la constitution. Toute justice indépendante refuserait de condamner une personne pour offense au chef de l’état, chef de parti politique. Les dispositions de cet article ne sont plus valides de ce fait mais aussi du fait de la démocratie et de la liberté d’opinion. En France, la même loi est abrogée.

Les interdictions répétitives aux manifestations politiques de l’opposition sont inacceptables. La constitution demeure là où les hommes passent, elle est l’incarnation parfaite d’un état de droit. Les procès sélectifs et la justice arbitraire n’envisagent pas l’indépendance des juges. Ce gouvernement, à sa tête le président de la république et ses alliés, veut effacer d’un revers de main la nécessite d’une opposition républicaine au Sénégal. Ils ne proposent rien aux populations et veulent rester les seuls hommes politiques au pouvoir. Ce sont des dictateurs du conformisme politique.

Devant le peuple il faut toujours des choix et non un seul et unique choix, sinon le peuple perd sa souveraineté. Il est impératif de rendre possible toutes les offres politiques pour éviter d’être des véritables ennemis de la démocratie qui anéantissent le progrès social.

Ces arrivistes accompagnés de quelques vétérans de la politique complotent contre la nation et affaiblissent le processus de paix, de démocratie et de rassemblement.

Les grands leaders politiques laissent un héritage et les héros des anecdotes.

Nous avons l’impression qu’au Sénégal entre les présidents et le pouvoir, c’est comme un enfant et son jouet. Soit il l’abîme sans s’en rendre compte soit il l’utilise mal.

La politique enrichit son homme et appauvrit tout le reste. Mais les solutions existent et les propositions peuvent être apportées à tous les sujets. Ce constat est citoyen.

Monsieur DIENG Thierno

[email protected]

 

1 COMMENTAIRE

  1. Bilan de Macky Sall.
    1/ Le règne du mensonge. Macky a réussi à transférer « Il est midi » à l’échelle nationale. La presse des 100 a fait du mensonge le premier produit intérieur brut du Sénégal de Macky. Concrètement, et dans une vision religieuse, nous revivons le règne du Pharaon. Sous le Pharaon, l’illusion, la magie, donc le mensonge, avaient atteint un degré tel que c’est en démonstration publique, que les magiciens du Pharaon ont montré au peuple que « leurs cordes et bâtons » sont des serpents. Et il a semble au peuple qu’ils se mouvaient réellement. Avec le règne de Macky, l’illusion et le mensonge médiatiques ont atteint un niveau tel que, c’est en démonstration publique que les magiciens (journalistes) arrivent à faire croire que leurs « cordes et bâtons » se meuvent.
    2/ Un rêve de PSE. Et pourtant, nous avons vu de nos propres yeux qui Macky a plus œuvré pour l’Emergence de la France. Jugez en. Suppression de la taxation des appels entrants avec comme conséquence la perte pour le Sénégal de 73 milliards par an et un gain équivallent pour la France; et pis un emprunt de 80 milliards à la France au même moment. Qui gagne au change ? Le retour de Bolloré, comme en Guinée
    tinyurl.com/k7mhm2u
    tinyurl.com/q2wx5h4
    (sans appel d’offre et après avoir financer une campagne électorale, logique que Daléin Diallo n’ait pas compris comment il a perdu); l’arrivée de Nectrans qui entraîne l’étouffement des entreprises sénégalaises du Port. Faites le bilan. Entre France et Sénégal qui y gagne pour son émergence ?
    Un rêve de PSE qui n’a été possible que parce que la vérité est caché au peuple qu’on veut faire rêver.
    a) L’émergence n’est pas possible avec l’Occident comme partenaire privilégié. L’Occident est en chute libre. Suivez en direct cette chute, chaque semaine, ici:
    tinyurl.com/n54uqa
    b) La France de laquelle nous attendons tout vient de décider d’intégrer la vente de drogue dans ses revenues:
    tinyurl.com/ol6qadz
    Et puisque Macky Sall veut de l’argent propre, il est hors de question de prendre de l’argent de la France pour notre PSE.
    c) Après l’Angleterre qui avait décidé de rejoindre les nouvelles BM et FMI lancées par les pays du BRICS, faisant hurler les USA à la trahison, c’est maintenant la France, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse qui ont décidé d’y aller. Nous la France nous interdit d’y aller, et elle y va.
    tinyurl.com/onqw93y
    tinyurl.com/pljtwss

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