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Sukëru koor à nos députés : Est-ce de l’indécence, de l’indignité ou les deux à la fois ? Par Mandiaye Gaye

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Il ne serait pas exagéré de dire qu’au Sénégal, les députés se considèrent comme des « miskins » ou alors passent pour tels. C’est comme qui dirait, que nos députés ne se refusent vraiment rien du tout, tant qu’il s’agit de recevoir des privilèges, même si ceux-là revêtaient  par ailleurs un caractère indécent ! Sinon, comment prendre, que des représentants du peuple, déjà bien payés ou même grassement, comparés aux autres travailleurs de la république ; eux qui, au-delà de leurs salaires bénéficient encore gratuitement de voitures de luxe,  s’octroient une indemnité mensuelle de logement de 150000f et tant d’autres privilèges, qu’ils puissent accepter de surcroit, de se faire attribuer un soi-disant sukërukor de 100000F ? C’est inacceptable ! Surtout quand d’autres, sans scrupule,  poussent l’outrecuidance et vraiment l’indécence, de considérer cette somme, comme peu, parce que disent-ils, Me Wade en offrait  le double soit 200000f. Dans le même temps  où des millions de Sénégalais en déche, se débrouillent en mangeant leur pain noir, avec leurs maigres salaires ou ressources pour faire face à leurs obligations familiales. Le président de la République, en observant passivement se perpétuer les pratiques d’antan des dessous de table de Me Wade, et en restant sourd encore, à la réclamation légitime à cor et cri des populations, pour une rupture avec les méthodes nauséabondes de l’ancien régime, passe à côté des attentes  et autres préoccupations de la majorité du peuple sénégalais. Mais entre nous, ceci ressemblerait  bien à un murum koor, qui n’est en principe et dans le droit musulman recevable que par des miskins.

Il est parfaitement clair que Macky Sall, président de la République,  court de gros risques en réitérant ou reconduisant presque toutes ces pratiques indécentes, injustes et qui ne sont rien d’autre que des privilèges qu’il accorde à des gens absolument loin d’être des nécessiteux, mais simplement des proches de lui ou de gens  relevant de son personnel politique et administratif, au détriment de la grande majorité, des Sénégalais  qui l’ont élu, pour qu’il soulage leurs peines.  Malheureusement, ces populations sont en train de déchanter !  Cette majorité qui n’arrive pas à joindre les deux bouts pour se nourrir décemment, ne sait plus à quelles promesses de  président de la République se fier maintenant ? Il est  d’ailleurs à se demander fort légitimement, si réellement, nous sommes dans une République où l’égalité absolue de traitement des citoyens, qui doit être consacrée  et conforme à la loi, est bien observée et appliquée à la lettre ? Au vu de ces pratiques qui se déroulent sous nos yeux, la réponse est évidemment, non !

Et à propos de ce geste maladroit de sukërukoor, la réponse fournie par certains députés, face aux interrogations légitimes des citoyens, est ridicule de leur part, parce que non pertinente et passe complètement à côté. Et, ils oublient qu’une anomalie de fait, ne peut, quelle que soit sa durée dans le temps, être  rendue normale par le simple fait, que soi-disant cela se faisait depuis longtemps. Mais malgré tout, cette anomalie en restera une jusqu’à sa normalisation.  Et comme disait l’autre : « le tronc d’arbre aura beau séjourner dans la rivière, il n’en deviendra pas, un crocodile » La pratique du sukërukoor est condamnée socialement et dénoncée religieusement par l’islam dans sa forme actuelle, car elle introduit dans les familles des exigences contraignantes, relatives aux épouses, qui  parfois, leur sont insupportables ou hors de portée financière de certaines d’entre elles. Ce qui crée parfois des conflits graves, entre belles-mères, belles-filles et belles-sœurs. Alors, l’Etat qui devrait justement, aider à résoudre et combattre ces pratiques sociales nocives dans les familles sénégalaises, s’y emploie lui-même en, en  octroyant à ses députés et à toute la classe gouvernementale sans aucun doute. N’est-ce pas une catastrophe ?

Objectivement, nous nous éloignons de plus en plus du rêve de cette gestion sobre, vertueuse, transparente, efficace et efficiente des affaires de la République, qui nous était pourtant promise par le président de la République, Macky Sall. Le cas des députés, qui nous est révélé par le journal Libération du mercredi 7 Août, n’est qu’un cas parmi tant d’autres. Est-ce que ce n’est pas d’ailleurs l’ensemble du Gouvernement et de tous ceux qui nous gouvernent qui bénéficient de cette allocation de trop, sous le couvert de sukërukoor ou aide sociale, accordée de manière discrétionnaire et discriminatoire sur le dos des contribuables, qui sont beaucoup plus nécessiteux? S’il en est vraiment ainsi, ce serait encore une faute grave de plus, parmi celles qui nous sont connues évidemment, qui vient s’ajouter à la monumentale faute de gestion de son magistère, à savoir  l’amnistie fiscale accordée gracieusement  sans aucune raison valablement justifiable, par le président de la République, de manière arbitraire ou volontariste à la presse,  sans même que celle-ci  en ait formulé la demande, selon les concernés.

Ces propos du député Djibo L. Ka nous éclaire suffisamment sur beaucoup de points nébuleux, de ce qui se passait à l’époque de Wade, et combien, les alliés et amis étaient gâtés par ce dernier, qui a tant abusé sans compter de nos deniers pour uniquement les plaire, jugez-en vous–mêmes : « Avec Wade, les ministres recevaient beaucoup plus que cela, parce qu’on était pris à la gorge par les demandes sociales de gauche à droite. Et, c’est normal. J’ai reçu huit fois mon sukëru koor parce que nous avons cheminé huit ans. Et, c’est vrai, avec lui, on recevait beaucoup plus d’argent », a confié Djibo Kâ. Il ne s’explique pas d’ailleurs qu’il y ait « autant de bruit » autour des 100 000 francs parce que, estime-t-il, « avec ses fonds politiques, l’Assemblée nationale aidait les gens (marabouts, hommes politiques et beaucoup de déshérités, etc.) et était à l’abri de tous les contrôles budgétaires ». Et, M. Kâ de rappeler d’après le journal Le Quotidien: « cela a toujours été comme ça ». » C’est vraiment décevant d’entendre de tels propos scabreux de la bouche d’un homme politique, qui totalise au bas mot, 53 ans d’expérience de vie politique, dont 36 dans l’exercice du pouvoir. C’est d’autant plus désolant et regrettable encore, par les arguments si boiteux qu’il nous étale en guise de justification, tels que : les demandes sociales qui les prenaient à la gorge, mais c’étaient des demandes sociales qui leur étaient personnelles et relatives à leurs militants et partis politiques, donc ne concernaient en rien, la République. Ensuite, si l’on comprend bien Mr Ka, cela veut dire, qu’aucun contrôle budgétaire n’était fait au niveau de l’institution, par conséquent, c’était un véritable  laissé aller, synonyme d’anarchie totale, où toutes les illégalités sans aucune exception étaient permises dans la République. Et voilà ce le régime de Wade a malheureusement instauré  et laissé comme marque indélébile dans notre pays, durant ses 12 ans de pouvoir. En fait, au-delà du pillage du trésor public, des travers de toutes sortes, des hors-la-loi, de l’antirépublicain, etc., s’étaient installés au cœur de la République.  C’est justement  ce que la majorité des électeurs sénégalais avait bien compris, pour le remercier sans hésitation le 25 mars 2012. En votant pour Macky Sall contre Wade, la première exigence, qui était cependant bien acceptée par Macky Sall candidat, était parfaitement la rupture totale avec ce qui se faisait jusque-là avec Abdoulaye Wade. Et quand dans ses premières déclarations publiques aux Sénégalais, Macky Président de la république affirmait avec force que rien ne sera plus comme avant, c’était clair pour beaucoup d’entre nous, qu’il allait s’engager effectivement et résolument vers la rupture. Alors, même si nous admettons qu’il y a bien eu des ruptures dans certains domaines,  force est de reconnaitre tout de même, que l’essentiel des ruptures attendue tarde à venir, et le temps avance à grands pas.

Justement, à propos de certains députés, il y a un grave problème qui est passé sous silence par le législateur. Il s’agit du cumul du mandat de député avec une activité lucrative de ce dernier. En effet, certains d’entre eux sont bien dans ce cas-là. Il est anormal qu’un député vaque principalement à ses propres activités économiques, à son profit personnel, qui  n’est pas en outre assujetti à une présence obligatoire l’Assemblée, où  il ne se présente qu’à ses moments perdus ou de détente, tout en émargeant en tant que député au budget de l’Institution. Est-ce un tel député est réellement au service du ou à son service personnel ? Mérité-t-il en toute honnêteté les émoluments qu’il perçoit ? Ceci nous ramène encore au problème récurrent du cumul des mandats, des postes, des fonctions, etc., dans un pays où l’emploi en général et surtout celui des jeunes, est un épineux problème ou casse-tête chinois. Cette question importante à mon avis, mérite réflexion et doit faire partie des préoccupations de l’Etat dans la revue générale des domaines où des ruptures doivent être opérées  et des solutions radicales apportées.

Dans tous les cas, Le président ne doit pas perdre de vue que le peuple qu’il dirige à partir du 25 mars 2012, n’est plus le même que celui d’avant. Celui-ci a beaucoup gagné en maturité  et à cet effet, il ne n’acceptera et ne pourra plus être dirigé comme avant, par les méthodes archaïques et dirigistes de Me Wade. Ce qui nécessite obligatoirement une innovation dans la manière de gérer dorénavant les affaires publiques, et passe par la RUPTURE nette. Le peuple sénégalais veut voir disparaitre à jamais la République des privilèges et l’instauration en lieu et place la République des citoyens. Il veut aussi effectivement et de manière concrète que la Patrie soit placée avant le parti, et que tous les citoyens soient mis sur un pied d’égalité devant les affaires de la république et non, le militant APR, Macky 2012, BBY, etc. d’abord.

Le président de la République a pris ces temps derniers, au moment où les populations sénégalaises réclament de plus en plus fortement la rupture, la fin de l’impunité, à voir les premiers résultats de la traque des biens mal acquis, une amélioration des conditions de vie en faveur des plus démunis, etc., une série d’actes et de mesures totalement à l’encontre de l’atteinte de ces objectifs-là, et même d’autres non cités. Actes et mesures  également contraires aux bonnes pratiques républicaines, valables et en vigueur dans celles où, les privilèges quels qu’ils soient sont bannis au profit strictement du droit des citoyens. Il est encore temps pour le président de la République de se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard, pour redresser la trajectoire de la République vers les véritables objectifs essentiels et urgents, là où les Sénégalais l’attendent et ont leurs yeux rivés.

Mandiaye Gaye

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