SXSW: Julian Assange dénonce « l’occupation militaire » du Web

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Depuis l’ambassade d’Equateur à Londres, où il est réfugié depuis « 650 jours », le co-fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a pris la parole, samedi 8 mars au festival « South by Southwest » (SXSW), consacré aux nouvelles technologies à Austin (Texas), pour parler du thème central de l’édition 2014 de cette conférence : la surveillance du Web par les gouvernements et les moyens dont les citoyens disposent pour se protéger.
Assange, légèrement messianique devant un écran blanc, a préféré évoquer la première partie de cette problématique, décrivant une guerre entre des activistes, des journalistes et la société civile d’un côté, les agences de surveillances – la NSA américaine, le GCHQ britannique et leurs équivalents dans les autres pays occidentaux – qui sont désormais « hors de tout contrôle », de l’autre. Le théâtre des opérations de cette guerre est le Web, « où toute notre vie, toutes nos interactions »existent.

Pour Assange, Internet est devenu un « espace politique » à part entière. Les révélations de l’ex-consultant de la NSA Edward Snowden, qui ont commencé il y a 9 mois, n’ont fait que conforter sa position. « Le Web s’est à tel point rapproché du monde réel que les deux sont désormais liés, explique-t-il. Les lois du Web s’appliquent à la société civile. Ce qu’il se passe aujourd’hui est donc une occupation militaire de cet espace civil par les gouvernements occidentaux, et c’est très grave ».

Cette « occupation militaire » a été progressive, et s’est accélérée à mesure que l’implication numérique de chaque citoyen, dans sa vie personnelle ou professionnelle, a augmenté. Ce processus, prédit-il, est irréversible. Il s’agit désormais pour les citoyens de tenter de le contrôler. « Internet a été coopté par ce complexe mêlant les espions, les militaires, les gouvernement et les prestataires privées pour devenir un outil de surveillance totalitaire », lance-t-il, avant de nuancer : « Pas dans le sens de Staline, mais dans le sens où il est total, l’individu ne peut pas s’en extraire ». Mais il maintient que « ce qui se passe est un hold-up énorme, opéré par les gens qui ont déjà acquis le pouvoir ».
LE TEMPS OÙ « L’ON POUVAIT SE CACHER INDIVIDUELLEMENT » EST RÉVOLU

Face à ce diagnostic particulièrement lugubre, l’assistance, et les dizaines de milliers de personnes qui suivaient à distance, ont voulu des réponses. Comment lutter ? Comment s’organiser ? Assange n’a pas pu faire autrement que se montrer vague, expliquant que le temps où « l’on pouvait se cacher individuellement et espérer passer entre les mailles du filet » était révolu. « On doit se confronter aux comportements des gouvernements avec cet échange latéral d’informations que l’on maîtrise. Il faut que nous fassions quelque chose, chacun d’entre nous, nous n’avons plus le choix ».

Entre des digressions alambiquées et des phrases parfois toutes faites, Assange croit quand que la lumière au bout du tunnel n’est pas forcément un train. Et que c’est en utilisant les moyens de communication disponibles en ligne – « C’est comme ça que je suis ici avec vous aujourd’hui » – que l’on peut faire une différence. Il prend les exemples de certains journalistes et activistes, ces « nouveaux réfugiés » actuellement en « exode » aux quatre coins de la planète, qui se sont élevés contre la mainmise des Etats, et l’ont fait en ligne.

Même dans son cas, la résidence forcée à l’ambassade équatorienne s’est révélée bénéfique : « Je peux continuer à travailler. Je suis hors de portée de la police et des citations à comparaître. C’est une situation idéale pour quelqu’un qui se bat contre les agences de surveillance ». Il conclut en soulignant que :

« Ces exils se sont révélés contre-productifs pour les Etats-Unis et leurs alliés car de nouveaux noyaux de résistance se sont crées dans ces pays, où les débats et les inquiétudes sur l’espionnage des Etats-Unis sont forts. Avant, tous ces journalistes auraient pu être écrasés et ne plus travailler. Aujourd’hui, ils profitent des nouveaux moyens de communication ».

Face aux réactions « extrêmement agressives des différents gouvernement et agences occidentales » et à la passivité de la plupart des médias, Julian Assange applaudit l’initiative de Pierre Omidyar, fondateur d’eBay, et de Glen Greenwald, qui ont récemment lancé un nouveau média en ligne, The Intercept. C’est aussi un signe, selon lui, que « même les individus extrêmement fortunés, pesant plus de 8 milliards de dollars, pouvant faire tout ce qu’ils veulent grâce à la sécurité financière, ne se sentent plus en sécurité face à la surveillance des gouvernements ».

Toujours bon vendeur, Assange promet un futur « leak » qui sera « important », mais ne veux pas en dire plus, pour de pas donner un quelconque « avantage » à celui ou ceux qui sont concernés. Mais vous pouvez lui demander directement. Entre deux problèmes techniques pendant la séance, les personnes présentes, et ceux qui ont bénéficié de l’échange « latéral » d’informations qui lui est si cher, ont appris que son pseudo sur Skype était « Bruce Willis ».

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