Dix-sept jours ont suffi pour voir Demba Diop doté d’une pelouse synthétique. En visite hier sur les lieux, le ministre des Sports, tout en se réjouissant de l’accélération des travaux, n’a pas émis sur la même longueur d’onde que l’entrepreneur Mbaye Faye. Ce dernier a encore sonné l’alerte sur la durée de vie de la nouvelle pelouse par rapport à la pratique de la lutte.
La visite du ministre des Sports hier à Demba Diop s’est déroulée sur fond de polémique. Venu s’enquérir de l’état d’avancement des travaux de cette infrastructure, débutés depuis dix-sept jours, le ministre des Sports, Matar Bâ, n’a pas voulu s’accorder avec l’entrepreneur, Mbaye Faye sur la nécessité d’interdire la pratique de la lutte sur cette nouvelle pelouse synthétique dont dispose ledit stade.
«On a toujours dit que la lutte n’est pas bonne pour la pelouse. Mais cela ne plaît pas au ministre des Sports. Le ministre est un politicien, et moi je suis un technicien». Tels sont les propos tenus par l’entrepreneur à l’endroit du successeur de Mbagnick Ndiaye.
«Quand il n’y a pas de lutte, le gazon peut durer plus de dix ans»
Et M. Faye de poursuivre : «Les acteurs de la lutte sont montés au créneau pour me critiquer lorsque j’ai fait cette sortie. Mais mon seul souci, c’est d’alerter l’opinion. Je prends mes responsabilités. La garantie de la pelouse dépend du respect des recommandations. Quand il n’y a pas de lutte, le gazon peut durer plus de dix ans. Si toutefois la lutte y est organisée une seule fois, le gazon n’est plus garanti. Le liquide que les lutteurs y verse bouche les trous et étouffe le gazon», prévient-il.
Evidemment cette mise en garde n’agrée pas le ministre. «On tiendra compte de vos conseils, mais le reste c’est à l’Etat de le faire. Tout le monde dit qu’il y a risque de détérioration de la pelouse avec la lutte. Il y a des voies et moyens qui peuvent être trouvés pour préserver l’infrastructure. Vous avez une mission, vous la faites bien. Nous avons notre mission, nous tenons à la faire bien», réplique Matar Bâ.
Tirant toujours la sonnette d’alarme, Mbaye Faye désigne l’arsenal mystique qui a valu à l’ancienne pelouse de se détériorer. Prenant le soin d’étaler sur un coin du stade des cornes, des amulettes et autres attirails mystiques déterrés par les ouvriers au moment d’enlever l’ancienne pelouse, l’entrepreneur révèle que la pelouse avait été déchirée par endroit par les lutteurs pour cause de pratiques mystiques. «On a pu recueillir un sac rempli de trucs mystiques», explique le directeur général de la Compagnie sénégalaise des travaux publics (Cstp).
«Après le foot, aucune autre discipline ne mobilise autant que la lutte»
Malgré des preuves bien visibles de l’arsenal mystique enfouis sous l’ancienne pelouse, le ministre reste de marbre. Réaffirmant sa volonté de ne pas interdire la lutte à Demba Diop, le patron du sport sénégalais estime que le président de la République, Macky Sall ne peut concevoir qu’on interdise la pratique de la lutte. «Je réitère qu’il y aura de la lutte au Sénégal. Car après le football, il n’y a aucune autre discipline qui mobilise autant de monde que la lutte. Ce n’est pas cohérent que l’Etat ou un ministre dise qu’il n’y aura pas de lutte. Nous sommes dans un pays où la lutte est notre sport national», a-t-il fait savoir.
Promettant de se mettre autour d’une table avec les techniciens et les acteurs de la lutte pour définir les conditions d’utilisation du stade pour la préservation de la pelouse synthétique, le ministre des Sports qualifie de manque de civisme les pratiques des lutteurs consistant à couper le gazon par endroit pour se livrer à leur exercice mystique. «L’Etat ne peut pas investir à perte. C’est dans la sensibilisation, qu’on pourra trouver les solutions», avance Matar Bâ. Qui s’est félicité de l’avancée des travaux tout en invitant l’entrepreneur à accélérer la cadence.
Si la pelouse sera réceptionnée dans deux semaines selon l’entrepreneur, il reste à construire la murette de la grille de protection. Parlant des travaux supplémentaires qui tournent autour de la réhabilitation des tribunes, des projeteurs et des vestiaires, le ministre des Sports révèle que la réflexion est engagée pour trouver les moyens additionnels pour prendre en charge ces travaux. Fermé depuis dix-sept jours, le stade Demba Diop bénéficie d’une enveloppe de 400 millions Cfa pour sa réhabilitation.
Le Quotidien