Cécile et Mathieu Ornelis sont bloqués sur le sol sénégalais depuis près de six mois (notre édition d’hier). L’administration française refuse d’accorder un visa à leur fils adoptif, les empêchant de le ramener chez eux, à Baisieux. La multiplication des soutiens a jusqu’ici été sans effet, poussant la famille à faire appel à Me Berton pour débloquer la situation.
Décider d’avoir un enfant, le plus souvent, c’est le choix d’un couple. L’histoire de Gaspard, dix mois, mobilise, elle, un cercle bien plus grand. Depuis la fin du mois de janvier, Cécile et Mathieu Ornelis, ses parents adoptifs, luttent pour obtenir le droit de le ramener en France. La Mission de l’adoption internationale (MAI) leur réclame un document qu’ils ne peuvent se procurer, et alors que la justice sénégalaise et le Département du Nord ont approuvé l’adoption.
La famille s’est désormais tournée vers Frank Berton, avocat au barreau de Lille et habitué des affaires médiatisées. Il a interpellé les plus hautes autorités de l’État pour débloquer cet imbroglio administratif : « Nous ne demandons que l’application de la décision de justice du Sénégal. Une juge a confié cet enfant à mes clients ! De quel droit la France s’oppose-t-elle à cette décision ?, s’interroge Frank Berton. Le ministère des Affaires étrangères vient de nous renvoyer vers celui de l’Intérieur et cela ne change rien. J’ai alerté le Président à l’occasion d’une remise de médaille à l’Élysée, il m’a promis de régler le problème et toujours rien ! En désespoir de cause, je viens d’écrire à Manuel Valls, qui m’a répondu. Il doit s’en occuper. J’ai confiance en le Premier ministre, mais il ne faudra pas un jour regretter que cet enfant ait contracté le paludisme. Il n’existe pas de traitement pour les enfants de moins de deux ans. Il risque la mort, tout simplement. »
Début avril déjà, le père de Mathieu avait constitué un comité de soutien avec des proches du couple. Mathieu est sapeur-pompier à Tourcoing. Depuis des mois, ses collègues effectuent ses gardes pour lui permettre de toucher un salaire et survivre au Sénégal. L’entreprise de Cécile la soutient également. « Cécile est sans solde mais pas licenciée, souffle le père de Mathieu. Son PDG est très humain, c’est rare. »
Le comité de soutien est mobilisé sur tous les fronts. Lors du Paris-Roubaix, il a déployé une bannière au carrefour de l’Arbre, à Gruson. Une page Facebook a été créée, un blog est en préparation. Grâce au partage de son histoire, la famille a un logement au Sénégal, même si la situation reste précaire. « Ça fait trois ou quatre fois qu’ils déménagent, explique le père de Mathieu. Ils n’ont pas toujours d’électricité, donc pas de climatiseur, alors que la température atteint les 40degrés. »
Interpellés par le comité de soutien, les maires de Tourcoing et Wattrelos ont personnellement écrit à la MAI, sans succès. Le maire de Baisieux a alerté les députés du Nord Bernard Gérard, Thierry Lazaro et Bernard Roman, qui ont contacté le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Là encore, sans résultat. L’affaire se joue désormais au sommet de l’État.
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