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Une loi criminalisant la violence domestique votée en Guinée-Bissau

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L’Assemblée nationale de Guinée-Bissau a voté vendredi une loi criminalisant la violence domestique, prévoyant jusqu’à douze ans de prison ferme contre les auteurs de ce type d’agression.

La proposition de « loi contre la violence domestique », soumise aux députés depuis quatre ans, a été adoptée à l’unanimité par les 68 députés présents lors du vote. Pour que la loi entre en vigueur, elle doit être promulguée par le chef de l’Etat.

Mme Aba Serra, présidente de la Commission parlementaire chargée des Affaires féminines, a estimé que cette nouvelle loi « va largement contribuer à un changement de comportement au sein des familles bissau-guinéennes ».

Le texte « concerne la violence dans un foyer perpétrée aussi bien contre les femmes que contre les hommes. (…) Les peines encourues vont de deux à douze ans de prison ferme selon l’ampleur de la violence », a précisé à l’AFP Mme Fatumata Djau Baldé, présidente du Comité national de lutte contre les pratiques néfastes, qui a contribué à la rédaction de la loi.

Les violences domestiques seront désormais « considérées comme un crime public, c’est-à-dire qu’en cas de violences dans un foyer, si l’homme ou la femme victime ne porte pas plainte, les voisins peuvent le faire à leur place et la loi sera appliquée », a expliqué Mme Djau Baldé.

« Il y a des hommes qui ont honte d’aller porter plainte quand ils sont battus, mais les voisins peuvent le faire à leur place », a-t-elle poursuivi.

Les principales victimes des violences domestiques demeurent les femmes en Guinée-Bissau, pays ouest-africain d’environ 1,6 million d’habitants, mais aucune statistique officielle n’est disponible sur ce sujet spécifique.

Un récent rapport de l’Institut de la femme et de l’enfant de Guinée-Bissau (public) estime que près de 60% des Bissau-Guinéennes sont victimes, au cours de leur vie, de sévices physiques ou sexuels, et des agressions sexuelles sont commises contre des filles de moins de 18 ans.

« Une trentaine de femmes meurent chaque année sous les coups de leur mari. Et la tendance s’accroît très vite. Il faut y mettre un terme. (…) Nous voulons que cette loi soit appliquée dans toute sa rigueur », a encore affirmé Fatumata Djau Baldé, évoquant des difficultés prévisibles à la faire respecter dans certaines communautés.

La défense des droits de la femme fait face à « des difficultés, surtout dans certaines communautés musulmanes », a reconnu Mme Mariam Cissé, une députée du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC, ex-pouvoir).

Dans certaines de ces communautés, « une femme doit rester soumise à la volonté de son mari quel que soit son rang. C’est vraiment difficile, mais nous allons continuer à travailler et sensibiliser » dans ce domaine, a ajouté Mme Cissé.

Pour Martina Muniz, directrice de l’Institut de la Femme et de l’Enfant, « garantir aux femmes des droits égaux n’est pas seulement une question d’équité, cela relève du bon sens ».

« Les femmes qui jouissent de l’égalité d’accès à l’éducation et à l’emploi, participent pleinement aux prises de décisions, et contrôlent mieux leur vie publique et privée », a estimé Mme Muniz.

 

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