La responsabilité du Ministre d’Elevage et des Productions animales (M. E. P. A.) est largement engagée dans cette surprenante et gravissime affaire de vente de viande d’âne, en grande quantité, et de cuisses de poulet avariées. Le Conseil des Ministres du mercredi 25 mai 2016 est, certes, revenu sur la question et a annoncé le prochain audit de la SOGAS (Société de Gestion des Abattoirs du Sénégal), mais en vérité, c’est bien le ministre de l’Elevage et des Productions animales, ainsi que ses démembrements qui auraient dû être sanctionnés. A travers ses deux Directions : La Direction des Services Vétérinaires( DSV) et la Direction des Industries Animales (DIA), le ministère a en charge, entre autres, de :
-l’élaboration et de la mise en application de la réglementation dans le domaine de la profession et de la pharmacie vétérinaire, en matière de sécurité sanitaire des aliments d’origine animale et, en relation avec la Direction de l’Élevage, de la qualité des aliments ;
— la gestion de l’importation et de la certification vétérinaire à l’exportation des animaux et des produits d’origine animale (semences, œufs, viandes, embryons etc.).
– l’élaboration et de la mise en application de la réglementation et des normes en matière de sécurité sanitaire des denrées alimentaires d’origine animales dans les établissements artisanaux et industriels ;
– l’octroi et du suivi des agréments des entreprises et industries animales ou à dominante animale, en rapport avec les ministères et autres structures concernés.
Au vu de ces missions précises qui leur sont assignées par les textes règlementaires et administratifs de l’Etat, ces deux Directions qui relèvent du M. E. P. A. devraient être en mesure de prémunir les populations sénégalaises contre les fléaux que nous venons de connaître. Il me paraît simpliste de vouloir faire porter le bonnet d’âne à la pauvre Sogas, qui, même au cas où sa responsabilité serait engagée, ne la serait pas, en tout cas, autant que celle du Ministère en charge de tous ces services relevant de sa compétence.
Une bonne gouvernance dicterait au chef de l’Etat de prendre des mesures énergiques à l’encontre des hauts fonctionnaires de l’Etat qui ont failli à leurs missions de veille, de prévention et de protection.
Nos braves ministres de la République oublient souvent que leurs missions ne se limiteraient pas seulement à « gagner » des élections dans leurs « bases » politiques, mais elles s’étendent, si l’on peut parler ainsi, à l’obligation de s’acquitter de leur devoir régalien vis-à-vis du contribuable sénégalais, qui par son civisme notamment fiscal, arrive tant bien que mal, à leur assurer le minimum de confort pour un bon exercice des missions qui leur sont dévolues. Il est vrai que dans un pays, où l’Assemblée nationale, sensée voter les lois en vigueur dans la République, se soustrait –frauduleusement- selon le teigneux inspecteur des Impôts, Ousmane Sonko, de ses obligations fiscales, il pourrait paraître exagéré de demander aux ministres de la République, de s’occuper de la patrie avant le parti. Ceci, d’autant qu’ils peuvent faire l’objet de sanctions sévères, si le parti au pouvoir perd « ses élections » dans leurs localités et échapper au châtiment du chef, s’ils laissent de véreux marchands de viande inonder le marché local, de produits inappropriés à la consommation du pauvre contribuable !
Telle est –malheureusement- notre petite compréhension de « la bonne à l’africaine…».
Pour dire un mot sur le caractère illicite ou non de la consommation de la viande d’âne, je préciserai que la plupart des Ulémas (savants musulmans) sont d’accord que la consommation de la viande de l’âne domestique est interdite (haraam). Ils se réfèrent notamment au verset « 8 » de la sourate « An Nahl »(les abeilles) où Allah, le Sublime dit : « Et les chevaux, les mulets et les ânes, pour que vous les montiez, et pour l’apparat. Et Il crée ce que vous ne savez pas ».
Ils se réfèrent également au hadith d’Ibn Abbass, rapporté comme suit : «Ibn Abass a relaté que le prophète (Psl)a interdit la consommation de tout animal prédateur qui a des crocs et de tout oiseau qui a des serres». Ainsi, la plupart des Ulémas considèrent que l’âne domestique fait effectivement partie de la catégorie des animaux dont la consommation de la viande est prohibée par la Sharia islamique. De nombreuse jurisprudences islamiques confortent, par ailleurs, cette thèse.
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien Ministre des Affaires Religieuses
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Cette pratique ne date pas d’aujourd’hui. Et donc nous sommes tous responsables.