Les envoyés spéciaux de «Libération» ont filmé avec leur téléphone portable la suite de l’hôtel Sofitel de New York où résidait Dominique Strauss-Kahn au moment de sa présumée agression contre une femme de ménage.
«Dring». Lundi après midi, nous sonnons à la porte de la suite 2806 de l’hôtel Sofitel de Manhattan. Après un long moment, l’actuel résident des lieux nous ouvre. Nous lui indiquons que nous sommes journalistes et que la suite de luxe où il réside est devenu un lieu qui suscite une curiosité légitime chez le public français. Il nous invite alors à visiter en estimant que «c’est une question de droit à l’information».
C’est là que le samedi 14 mai entre 12 heures et 12h28, Dominique Strauss-Kahn 62 ans, favori à la présidentielle de 2012 et patron du FMI, a été accusé d’agression sexuelle et de tentative de viol par une femme de chambre de l’hôtel, âgée de 32 ans. Lundi 6 juin, lors de son audience devant la cour criminelle de Manhattan, l’ex-managing director du FMI a indiqué qu’il plaidait «non coupable» des sept chefs d’accusation retenus contre lui. Alors que ses avocats indiquaient clairement qu’ils allaient plaider la relation consentie. Un peu plus tôt, l’avocat de la victime présumée , Kenneth J. Thompson, a indiqué que cette dernière témoignerait au procès. En assurant qu’elle avait bien été agressée.
Une disposition des lieux compatible avec le récit de la victime présumée
Depuis les faits, la presse américaine a tenté de reconstituer le plan de la suite 2806 -sans succès- mais aucune image n’a été diffusée de cette «crime scene» qui suscite un grand nombre de fantasmes et d’interrogations. Lors de notre visite, nous pouvons confirmer que la disposition des lieux est compatible avec le récit livré par la femme de chambre. Selon la police, elle était entrée dans la suite et avait été surprise par DSK qui sortait nu de la salle de bains. Ce dernier serait arrivé par derrière, aurait fermé la porte de la suite et aurait ensuite tenté de l’agresser dans la chambre en tentant de lui imposer une fellation, avant qu’elle ne s’échappe dans le couloir vers la salle de bains. DSK l’aurait alors rattrapée avant, une nouvelle fois, d’essayer de la contraindre à un acte sexuel oral.
Ce qui est sûr, c’est qu’il est en effet possible d’entrer dans la suite sans savoir si quelqu’un ou non se trouve dans la salle de bains. De même, le couloir qui part de la chambre vers la salle de bains n’offre aucune issue, et si une personne s’y engage, elle est contrainte de repasser par la chambre pour ressortir vers le petit hall d’entrée. Ce qui signifie de facto qu’on peut se sentir piégé si quelqu’un vous poursuit. A regarder la moquette par ailleurs, il est clair que celle qui mène à la salle de bains a été changée. Elle est d’un vert plus foncé que celle de la chambre ou de la salle à manger. Ce qui corrobore les informations selon lesquelles la police aurait découpé un morceau de moquette sur lequel la jeune femme aurait craché quand elle a raconté son histoire à ses supérieurs.
MATTHIEU ECOIFFIER ET FABRICE ROUSSELOT (ENVOYÉS SPÉCIAUX À NEW YORK) liberation.fr