Pour le journaliste et analyste politique, Yoro Dia, c’est dans l’intérêt de Macky Sall que Moustapha Niasse soit le futur président de l’Assemblée nationale, s’il veut un second mandat.
Y a-t-il un risque à ce que le président de la République et le président de l’Assemblée nationale ne soient pas issus du même parti ?
Moustapha Niasse a été élu député sur la liste de Benno Bokk Yaakaar et non sur la liste de l’AFP (Alliance des forces de progrès). Ce qui veut dire qu’il est du même camp que Macky Sall puisque élu sous la bannière de BBY. Maintenant, c’est dans l’intérêt de Macky Sall que ce soit Niasse qui soit président de l’Assemblée nationale. Parce que la meilleure des stratégies, c’est d’avoir ses ennemis et ses potentiels adversaires à coté de soi. C’est du bon sens. Moustapha Cissé Lô n’a pas ce bon sens politique. Aujourd’hui, si Niasse n’est pas président de l’Assemblée nationale, cela veut dire qu’il y a au moins une vingtaine de députés de l’Afp qui vont organiser une guérilla parlementaire. Il s’y ajoute que si ces vingt députés de l’Afp se coalisent avec le PDS (Parti démocratique sénégalais) et les indépendants, cela peut poser problème. L’intérêt de Macky Sall, c’est d’avoir la stabilité parlementaire pour gouverner. Et avoir cette stabilité parlementaire, c’est mettre la deuxième plus grande force politique du pays à la tête de l’Assemblée nationale. Aussi longtemps que Niasse est président de l’Assemblée, les »députés Afp » et les »députés Apr » (Alliance pour la République) sont sûrs d’avoir la majorité. Au contraire, si Macky Sall s’amuse à casser sa majorité immédiatement, cela va être cinq ans de guérilla parlementaire.
Est-ce une façon de le neutraliser en perspectives d’un second mandat ?
Si Macky veut un second mandat, il a intérêt à ce que sa coalition dure le plus longtemps possible. S’il parvient à maintenir sa coalition pendant quatre ans, il est sûr d’avoir un second mandat. Parce que si Moustapha Niasse et les autres attendent à un an de la présidentielle de 2017 pour quitter, ils n’auront pas de discours. S’ils disent que »oui Macky, c’est la catastrophe, c’est pas bon », les gens vont leur dire qu’ils sont restés quatre ans avec lui. C’est ce que j’appelle le syndrome Landing Savané, ce dernier a eu un score catastrophique en 2007 parce qu’il n’avait pas de discours. Quand il a dit dans la campagne que Wade c’est la catastrophe, les gens ont dit »oui mais tu es dans son gouvernement ». Quand il a dit que Wade est bien, les gens lui ont demandé »pourquoi tu te présentes alors ». On gagne une élection présidentielle en incarnant l’opposition. Les Sénégalais ont élu Macky Sall parce qu’ils ont senti que face à Wade, c’était l’opposition la plus radicale. Et si tu as Moustapha Niasse pendant quatre ans, il ne peut plus l’incarner.
Comment voyez-vous alors cette convoitise autour du poste de président de l’Assemblée nationale ? Est-ce pour servir le pays ou se servir des privilèges et avantages liés au poste ?
Le débat autour du fait que les gens se battent pour des privilèges, je pense que c’est un épiphénomène. Le président de l’Assemblée nationale est la deuxième personnalité de l’État, c’est tout à fait normal qu’il ait droit à des privilèges qui puissent lui permettre d’incarner le prestige de l’État.
Et comment analysez ce duel entre Moustapha Niasse et Moustapha Cissé Lô ?
Parfois, les Sénégalais m’étonnent. C’est normal, c’est cela la démocratie. Par contre, si c’était monolithique, si tout le monde savait que c’est Moustapha Niasse, les gens auraient dénoncé cela. Ce n’est pas le président de la République qui élit le président de l’Assemblée nationale, ce sont, théoriquement, les députés qui le font. C’est tout à fait normal qu’il y ait une compétition. Parce que dans une démocratie, l’Assemblée est par excellence le lieu de débats. Il ne faut pas vouloir une chose et son contraire. Pour la première fois qu’il y a une pluralité de candidatures à ce poste, c’est une très bonne chose pour le débat démocratique. C’est bien ce que Moustapha Cissé Lô est en train de faire. Il est dans son droit de dire »je veux diriger le parlement ». Et j’espère que d’autres candidats vont se manifester. C’est ça la démocratie. La démocratie est une compétition électorale permanente organisée. Moi, je préfère cette formule qu’à l’ancienne formule du PDS où tout le monde savait a priori qui serait le président de l’Assemblée nationale.
Pour Niasse le perchoir n’est pas une condition sine qua none pour que les deputes issus de l’AFP restent ds la majorite parlementaire ;d’autant que c’est Macky qui l’a pousse a etre tete de liste.Niasse n’en a jamais fait une fixation.En plus l’AFP est deja representee ds l’attelage gouvernemental.
MACKY N’A PAS A S’IMMISCER DS LE choix du pdt de l’AN ET IL N’A aucun interet a ce que Niasse soit au perchoir.