La visite du chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, chez Cheikh Béthio Thioune, ce 20 août, n’a rien de fortuit. Encore moins d’accidentel. Elle est le fruit d’un plan orchestré depuis plusieurs jours par des proches du président et du marabout. Tout est parti de l’audience que Wade a accordée à Makhtar Diakhaté, bras droit du défunt khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké, à l’occasion de sa visite à Touba des 29 et 30 juillet. A l’ordre du jour de la rencontre entre les deux hommes, les voies et moyens pour rabibocher le président avec la famille du défunt khalife et pour lui aménager un soutien de Cheikh Béthio Thioune, le plus illustre talibé de Serigne Saliou, guide de centaines de milliers de thiantacounes qui lui obéissent au doigt et à l’oeil. Makhtar Diakhaté et Saliou Diakhaté ont entrepris de travailler au corps Serigne Cheikh Saliou, fils aîné de Serigne Saliou Mbacké, pour l’amener à de meilleurs sentiments vis-à-vis de Wade. Ils sont aidés par deux autres talibés du défunt khalife : Samuel Sarr (conseiller financier de Wade) et Cheikh Amar (homme d’affaires proche du président). Ces deux personnalités se sont investies pour convaincre Cheikh Béthio Thioune de manifester de meilleures dispositions vis-à-vis de Wade. Alors qu’elles planchaient sur une rencontre entre le chef de l’Etat et le guide des thiantacounes, la soeur de ce dernier a rendu l’âme. La rencontre a failli être maquillée en visite à Thiès pour présenter des condoléances. Avant d’être recadrée en mobilisation populaire à Dakar pour accueillir Wade suivie d’un tête-à-tête entre ce dernier et le marabout. Au cours des tractations, un des médiateurs a sifflé à Abdoulaye Wade : « Je ne vous ai rien dit mais Béthio a un problème : il veut qu’on lui achève sa mosquée de Dianatoul Mahwa qu’il a du mal à terminer. Toute autre assistance ne lui ferait pas du mal non plus. » La confidence est tombée dans l’oreille d’un politique expérimenté, intimement convaincu que tout s’achète en politique. Est-ce le début d’un remake du soutien apporté par Cheikh Béthio à Abdoulaye Wade lors de la présidentielle de 2007 ? Tout dépendra de l’échange de bons procédés entre les deux hommes qui se pratiquent depuis des années et se connaissent.
