Acces des femmes a la terre et à l’eau au Sahel. Discrimination, sexisme et magouilles plombent le Sénégal

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Il y a une nébuleuse dans l’attribution des parcelles au Sénégal. L’accès des femmes à la terre est faible, le statut de l’eau reste encore hybride. S’y ajoutent l’imbrication des problèmes d’accès à la terre et d’accès à l’eau à usage agricole, l’ignorance par les populations des textes prohibant les discriminations de genre. C’est, en substance ce qu’on peut retenir d’une étude sur l’effectivité de l’accès des femmes à la terre et à l’eau à usage agricole réalisée dans notre pays.

Le Réseau africain pour le développement intégré (RADI), a organisé un atelier national de restitution des résultats «provisoires» de l’étude sur l’«Effectivité des droits économiques des femmes au Sahel : cas du droit à l’eau à usage agricole en Mauritanie, au Niger et au Sénégal». Le résultat préliminaire provisoire de cette enquête financée par le Centre de recherche pour le développement international (CRDI) révèle «une nébuleuse dans l’attribution des parcelles» dans notre pays.

Selon le Docteur Rosener Ali Soukin, enseignant à l’Université Gaston Berger (UGB) qui a dirigé l’équipe de recherche, le document montre que «l’accès des femmes à la terre est faible au Sénégal, le statut de l’eau reste encore hybride». S’y ajoutent «l’imbrication des problèmes d’accès à la terre et d’accès à l’eau à usage agricole, l’ignorance par les populations des textes prohibant les discriminations de genre».

Pour le présentateur du rapport, même si la terre est une compétence transférée aux collectivités locales, il y a une main mise de l’Etat sur la ressource en eau dont l’importance pour la sécurité alimentaire n’est plus à démontrer. A ses problèmes se greffent la législation peu connue et mal respectée, la concurrence sur les rares points d’eau disponibles et la pesanteur sociale qui place l’homme devant la femme (persistance de tradition sexiste).

Le rapport fait constater que les hommes sont propriétaires à 94.1% des terres au moment où «l’agriculture est la principale activité chez les femmes». Pour ce qui est des affectations, les Conseils ruraux attribuent les terres plus à des groupements féminins qu’à des femmes à titre individuel.

La discrimination positive de la SAED dans le Delta
De l’avis du docteur, les germes de la discrimination dans les règles d’accès à la terre, la faible prise de conscience des femmes, l’absence de moyens de transports (des femmes) vers les sites de production sont aussi dénoncés. Par exemple, à Djilakh, les retards sont sanctionnés par 500 F Cfa d’amende. Il y a également la faiblesse des initiatives prises par ces dernières pour défendre leurs droits d’accès aux ressources.

Cependant, informe-t-il, cette discrimination est atténuée par la Société d’aménagement des eaux du Delta (SAED) qui impose un «système de quota de parcelles pour les femmes» aux Conseils ruraux avant de procéder à des aménagements. Seulement, des femmes bénéficiaires finissent par céder leurs parcelles aux hommes (mari, etc.) souligne le document.

Pour ce qui est de l’accès à l’eau à usage agricole, l’étude révèle une «absence de cas avéré de discriminations significatives dans l’accès à l’eau à usage agricole dans les parcelles d’aménagement public». Ici, les problèmes soulevés sont communs aux deux sexes, malgré quelques contraintes pesant sur les femmes.

Quant aux bénéfices, la recherche montre que 62% des personnes interrogées notent que les «hommes tirent plus profit que les femmes». Cela s’explique par des facteurs de discrimination, la pesanteur sociale, le fait que la femme cumule travaux domestiques et agricoles. S’y ajoutent les charges en ce sens qu’elles ont souvent recours à des ouvriers agricoles pour certaines tâches. Elles aident aussi leurs maris dans les exploitations agricoles de ces derniers. Autant de charges et de facteurs qui sont à l’origine de la diminution de ses bénéfices.
Complexité : l’eau à la fois un droit fondamental humain et économique

Pour y remédier, Docteur Rosener Ali Soukin recommande de «produire une version simplifiée et digeste du rapport pour rendre les résultats accessibles aux populations, former les communautés sur le genre par des méthodes adaptées, vulgariser les textes et développer une communication pour le changement de comportement vis-à-vis de certaines traditions».

Aussi, «étant donné que les problèmes liées à l’accès à l’eau à usage agricole sont moyen denses, il faut accentuer le plaidoyer sur l’accès à la terre ou on note une discrimination notoire ou allier les deux d’autant qu’avant de prétendre utiliser l’eau il faut disposer d’abord de terre» conseille-t-il, rappelant que l’eau, en plus d’être «un droit fondamental humain, est aussi un droit économique, d’où la complexité de la question» dans notre pays situé en Latitude. Ce qui explique le déficit structurel en eau du Sénégal et les cultures saisonnières.

Le projet vise à contribuer à l’effectivité des droits économiques des femmes, en particulier le droit à l’eau en milieu sahélien, précisément en Mauritanie, au Niger et au Sénégal. La recherche a concerné quatre sites caractérisés par leur ruralité. Il s’agit de Djilakh (qui abrite une ferme du plan Retour vers l’agriculture-REVA), Kirène, Boundoung et Souloul (avec les aménagements de la Société d’aménagement des eaux du Delta -SAED- dans le Delta du Sénégal).

sudonline.sn

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