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Ahmadinejad séduit Morsi avec un milliard de dollars

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La République islamique d’Iran a proposé ce jeudi à l’Egypte un prêt d’un milliard de dollars. Une décision stratégique qui fait suite à la visite au Caire du dirigeant iranien Mahmoud Ahmadinejad en février dernier. Un geste fort qui vient appuyer la reprise des échanges entre l’Egypte et l’Iran, rompues de 1980. Eclairages.

Les relations entre le Caire et Téhéran, rompues il y a plus de trente ans, reprennent doucement mais sûrement. Le chef de la mission iranienne en Egypte, Mojtaba Amani, a annoncé ce jeudi l’accord d’un prêt d’un milliard de dollars en faveur de l’Egypte. L’initiative fait suite à une réunion qui s’est déroulée au Caire en février dernier entre le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, et le dirigeant égyptien, Mohamed Morsi.

Téhéran avait mit un terme à ses relations diplomatiques avec Le Caire pour protester contre la conclusion en 1979 des accords de paix de Camp David entre l’Egypte et Israël. Mais aussi et surtout car les autorités égyptiennes avaient accordé l’asile politique à Mohammad Reza Pahlavi, le dernier chah iranien détrôné. La normalisation des relations entre les deux pays ne se fait pas avant 2010.

Une visite symbolique

C’est un petit pas de plus qu’avait franchi Mahmoud Ahmadinejad le 5 février 2013 en foulant le sol égyptien pour participer au 12e sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). Il s’agissait de la première visite en Egypte d’un dirigeant iranien depuis la révolution islamique de 1979. Il faut dire que la reprise des relations entre les deux pays n’a jamais aussi bien fonctionné depuis la démission de Hosni Moubarak en février 2011. Mohamed Morsi considère l’Iran comme un « partenaire stratégique ». Pour sa part, Ahmadinejad estime que « l’expansion des liens entre Téhéran et Le Caire assurera la paix, la sécurité et la fraternité ».

La reprise totale des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Egypte n’est toutefois pas à l’ordre du jour. Le prêt d’un milliard de dollars ne changera pas grand chose. Le président égyptien reste sur ses gardes.

De la Syrie…

Deux points majeurs continuent de faire bloc pour une normalisation totale des relations entre Téhéran et Le Caire. Même si la République islamique a exprimé à plusieurs reprises son souhait de reprendre ses relations diplomatiques avec l’Egypte, l’impasse de la crise syrienne freine Morsi. L’entêtement en effet de l’Iran à soutenir avec ferveur le régime chiite de Bachar al-Assad agace Mohamed Morsi qui au contraire souhaite trouver un consensus acceptable sur la Syrie.

Au lendemain de son élection, Mohamed Morsi s’est positionné comme médiateur. Une façon de replacer l’Egypte au centre des enjeux régionaux. Une manière également de s’émanciper des Etats-Unis. Il est d’ailleurs parvenu à rassembler sur la table des négociations le leader sunnite qu’est l’Arabie Saoudite, ennemi juré du leader chiite qu’est l’Iran. Mais pas tant que ça finalement. Téhéran veut à tout prix empêcher l’Arabie Saoudite d’avoir la main mise sur la Syrie, que le wahhabisme s’exporte dans les couloirs du pouvoir syrien. Ce qui arrange finalement l’Egypte qui ne veut pas voir son concurrent saoudien agrandir son pouvoir dans la région.

…Au chiisme

L’autre point qui empêche la reprise totale des relations entre Téhéran et Le Caire est d’ordre théologique. Lors de sa visite en Iran en mars dernier, le ministre du Tourisme égyptien, Hicham Zaazoue, était de ceux qui ont prôné une ouverture sur le marché iranien en matière de tourisme. Le responsable politique s’est rétracté lors de la visite du dirigeant iranien en Egypte car ce dernier avait refusé de parler des califes (respectés et suivis par les sunnites et non par les chiites, ndlr). Le ministre du Tourisme avait alors déclaré, lors d’une conférence de presse, que « la sécurité nationale avait été prise en considération » dans les négociations entre les deux pays.

En clair, en facilitant l’accès aux touristes iraniens, le pouvoir égyptien craint que l’Iran n’exporte son chiisme sur son territoire. Le développement du tourisme entre les deux pays est pourtant loin des aspects politiques et religieux. Au grand dam de l’Union égyptienne des Chambres de tourisme et d’hôtellerie qui souhaite au contraire une ouverture sur le marché iranien. Elle n’a pas manqué de souligner qu’en ces temps de crise, toute solution pour conforter un développement économique était bonne à prendre.

« Confronté à une baisse des visiteurs occidentaux en raison des incertitudes politiques, le gouvernement égyptien doit chercher de nouveaux touristes et pourquoi pas les Iraniens », expliquait lors d’une conférence de presse le président de l’Union, Elhami Al-Zayat. Les professionnels du tourisme ont rappelé au gouvernement égyptien que « le tourisme est un business qui ne connaît ni religion, ni tendance politique, il ne connaît que le gain et la perte ». De plus, les touristes iraniens sont réputés pour leurs dépenses élevées. En raison du nombre important de mosquées d’Al-Beit (les descendants du prophète Mohammed), l’Egypte pourrait être être une destination privilégiée des touristes iraniens. Le message semble toutefois avoir été clair puisque le visa entre les deux pays n’existe plus.

Liaison aérienne rétablie

Pour la première fois depuis 34 ans, un avion de la compagnie charter égyptienne Air Memphis a décollé du Caire le 30 mars 2013 pour atterrir à Téhéran. L’avion, affrété par un homme d’affaires égyptien, Ramy Lakah, est peut-être le signe du rétablissement d’une ligne directe entre le Caire et Téhéran. Le vol d’Air Memphis pourrait assurer très prochainement des liaisons régulières entre le sud-égyptien et Téhéran.

En attendant, les touristes iraniens peuvent, avec escales, se rendre en avion à Assouan et Louxor ainsi que sur les rives de la mer Rouge. Mais en raison de leur orientation religieuse, ils n’auraient toutefois pas encore l’autorisation de se rendre dans la capitale sunnite jugée hostile au chiisme.

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