Les avocats du général à la retraite poursuivi pour « outrage à corps constitués », après des critiques envers la famille du président Bouteflika et l’armée, dénoncent un dossier vide et entaché de vices de procédures. Pour eux, les juges ne peuvent que le relaxer.
Très médiatisé, le procès de Hocine Benhadid, ancien militaire connu pour son franc-parler, s’est ouvert jeudi 8 mars à Alger. Au cours de l’audience, qui a duré près de deux heures, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed a requis une peine d’un an de prison ferme à l’encontre de cet ex-général, âgé de 74 ans. Poursuivi pour « outrage à corps constitués », il connaîtra le verdict le 22 mars prochain. « Nous sommes confiants. Si les juges vont appliquer la loi, ils ne peuvent que le relaxer », lance Me Mustapha Bouchachi, qui assure la défense du général à la retraite Hocine Benhadid.
Saïd Bouteflika qualifié de « malade mental »
Le général connu pour son opposition de longue date au clan Bouteflika a été interpellé le 30 septembre 2015 à Alger à la suite des déclarations au micro de Radio M, une web-radio algérienne indépendante.
Au cours de l’entretien, il s’en était notamment pris de façon virulente à Gaïd Salah, le puissant ministre de la Défense, et à Saïd Bouteflika, le frère et conseiller spécial du président, qu’il avait qualifié de « malade mental ».
Incarcéré neuf mois à la prison d’El Harrach, à l’est d’Alger, Hocine Benhadid a été remis en liberté provisoire pour raisons de santé. Selon ses avocats, l’homme, qui a souffert d’une arrestation musclée et de conditions d’emprisonnement difficiles, suit toujours un traitement pour soigner un cancer de la prostate.
Les avocats demandent la relaxe
La défense affirme être optimiste. Durant les plaidoiries, le trio d’avocats qui représente Hocine Benhadid – Me Mustapha Bouchachi, Me Khaled Bourayoun et Me Bachir Mecheri – affirmé que leur client n’avait rien à se reprocher. « Nous considérons que Hocine Benhadid n’a commis aucun délit et qu’il exprimait seulement un avis personnel sur la gestion courante d’une institution [l’armée, NDLR] », maintient Me Bouchachi.
Le collectif d’avocats pointe également du doigt des vices de procédures. « Ce qui est surprenant dans cette affaire c’est qu’aucune plainte n’a été déposée, ni par le ministère de la Défense, ni par l’armée nationale populaire, ni par aucune autre partie. Le dossier est vide c’est pour cela qu’on est confiant. On souhaite un procès juste et équitable. C’est l’image de la Justice et de l’État de droit qui peut être remise en cause », assure Me Bouchachi. « S’il est condamné, même à une amende, on fera appel de cette décision. On demande la relaxe. »
Jeune Afrique