Au nom de tous les chapelets : Foi de perles !

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Dis-moi le décompte de ton chapelet et je dirai de quelle confrérie tu es. C’est dire que le chapelet est plus qu’un simple accessoire autant chez le catholique que chez le musulman pour qui il permet de faire acte de dévotion. Cet instrument dont l’usage remonte au 5e siècle avant Jésus Christ symbolise la foi d’abord, l’appartenance confrérique ensuite, surtout chez les musulmans chez qui égrener les perles d’un chapelet ne signifie pas seulement faire des litanies au fil des perles. La confrérie impose le «découpage» qui répond à un ordre établi selon les incantations. Aussi en matière de chapelet, le prix est en fonction de la qualité et les attentes sont aussi divergentes que les usagers, qu’ils soient de simples croyants qui invoquent le Seigneur ou des marabouts pour qui le chapelet représente un instrument important de travail. Fait d’ambre, de bois ou d’argent, le chapelet est un accessoire très prisé, surtout les dernières semaines qui ont fait le mois béni de ramadan. Autour des mosquées ou sur les trottoirs de la ville, des vendeurs proposent leur marchandise aux clients. Mais attention aux prix, ils sont tout simplement volatiles.

Devant la zawiya de El hadji Malick Sy sur l’avenue Lamine Guèye, les passages sont nombreux. Des hommes et des femmes vaquent à leurs occupations. Tout contre le mur de la mosquée, des étals à même le sol. Sur des présentoirs en bois, des centaines de chapelets cherchent preneurs. Et en cet après-midi de ramadan, les acheteurs n’ont que l’embarras du choix. De toutes les formes, de toutes les couleurs et de toutes les matières, les chapelets se balancent doucement au rythme du vent. Noirs, gris, blancs ou faits de perles multicolores, ils ne sont là que pour aider les musulmans à s’acquitter de leur dévotion. Mais pour ce faire, il faut savoir desserrer les cordons de sa bourse. Et dans l’ambiance affairée de ce lieu, à quelques pas de la mosquée où certains prenaient leurs quartiers au début du ramadan, les prix ne sauraient être si abordables. Déjà, au vu des formes et des tailles différentes, l’on se doute que les chapelets ne sont pas au même prix. Ce que ne tarde pas à confirmer Kane. Installé sur une natte, l’homme qui affiche une petite quarantaine est occupé à tirer de l’aiguille pour construire un nœud bigarré destiné à être l’élément central d’un chapelet multicolore. «Il y a beaucoup de formes de chapelet», renseigne l’homme venu de son lointain Sémmé dans la région de Matam. Avant de commencer à les lister.

L’on apprend ainsi que suivant le contenu de sa bourse, le musulman peut porter son choix sur des chapelets aux noms aussi exotiques que la matière qui les a faits. Le djalambane est l’un des plus prisés. Noir avec des points argentés en aluminium, il n’en est pas moins précieux. Le bois de djalambane ou Dalbergia melanoxylon de son nom scientifique est en effet très prisé à l’échelle de la planète pour sa couleur noire ; et est en particulier destiné à la fabrication d’objets de luxe. Son prix peut aller jusqu’à 10 000 francs Cfa. Les moins chers, sont à 3 ou 4 000 francs. A côté, le kook est aussi très prisé par les acheteurs. Pour son esthétique ou pour les vertus qu’on lui prête ? Toutes les interprétations sont permises mais il demeure que selon la sagesse populaire, le musulman qui fait son wird avec ce chapelet voit les bienfaits qui lui sont attribués doublés.

Tout comme ces matières qui ont la cote, une autre non moins prisée, le zeitoun. Kane d’expliquer avec obligeance que «c’est un arbre très important qui est même cité dans le Coran». En bois clair, les grosses et larges perles qui le composent se pressent les unes contre les autres. La même version est servie, mais cette fois en perles fines, c’est le sandan pour les personnes aux doigts délicats. Mais le regard est irrésistiblement attiré vers les couleurs vives et de gros nœuds en laine sur un long chapelet noir. Ce sont des pemmé informe le vendeur, réservés aux femmes. Pour les hommes, il suffit d’enlever les pompons.
Entre deux chapelets exhibés, le vendeur tient à préciser «que tous les chapelets se valent parce qu’on récite les mêmes choses». Son voisin, un jeune homme d’une vingtaine d’années, précise tout de même, qu’en matière de chapelet comme en matière d’habillement, «la qualité a son prix». Et ici, ce prix peut frôler les 200 000 francs indique-t-il. C’est en effet le prix d’un chapelet en argent, un yousri qui lui a été récemment proposé. Un prix largement au-delà des 35 à 45 000 que coûte le bakhline aux grosses perles blanches. Ou encore les 15 ou 20 000 francs du bakhline à fines perles de bois.

Là encore, les Chinois ont flairé de possibles bonnes affaires. Ils ont repris à leurs comptes les chapelets mécaniques venus d’Arabie Saoudite. Ces engins de décompte que l’on peut serrer dans sa main sont devenus extrêmement bon marché sur les étals des Chinois. Ils peuvent s’échanger à 500 francs, faisant le désespoir des vendeurs de chapelets traditionnels qui y voient une concurrence déloyale.

Tout comme le chapelet musulman, le chapelet et le rosaire chrétiens varient également dans leurs prix suivant la matière ou son lieu de provenance. Si les plus simples, en plastique coûtent entre 500 et 2 000 francs, il faudra débourser beaucoup plus pour avoir des chapelets en bois d’olivier venant des Lieux Saints. Toujours est-il que dans leur ferveur religieuse sans faille, musulmans et chrétiens ne lésinent pas pour s’offrir le chapelet de leurs rêves.

lequotidien.sn

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