L’amitié est une chose et la gestion d’un Etat en est une autre. Le président de la République, Macky Sall, l’a fait savoir aux militants et autres sympathisants du département de Kanel (Matam) qu’il a reçus en audience le 3 décembre dernier. Venus se plaindre du traitement dont ils font l’objet, ses «Apéristes» du camp de Harouna Dia sont sortis rassurés du Palais présidentiel. Leur leader, Daouda Dia a été confirmé par le président de l’APR, coordonnateur du parti dans le département, alors que des rumeurs faisaient état de son remplacement par le ministre Mamadou Talla. Par ailleurs, Macky Sall a aussi tenu à relever ce qu’il reproche à Harouna Dia.
Tout n’a pas été dit sur la rencontre entre Macky Sall et une partie des responsables de l’Alliance pour la République du département de Kanel, samedi dernier. Le Chef de l’Etat ne s’est pas seulement contenté de rappeler au camp de Harouna Dia ce qui les lie. Le président de la République a aussi relevé quelques points de divergences entre les deux «amis». Selon des sources qui ont pris part à l’audience de trois heures d’horloge, Macky Sall reproche au milliard basé au Burkina Faso, d’être quelqu’un qui «boude» à chaque fois qu’il n’est pas d’accord avec ses décisions.
«J’aimerai que vous sachiez que ce qui lie Harouna (Dia) et moi est très fort. Dès que j’ai pris le pouvoir (le 25 mars 2012, Ndlr), je l’ai appelé pour faire de lui, notre ministre de l’agriculture, ce, avant même que je ne désigne le Premier ministre. Parce que c’est quelqu’un qui a une grande compétence dans ce domaine. Il a refusé et a préféré servir son pays autrement», confie le président de la République, face à une délégation d’une cinquante de personnes. Non sans rappeler le rôle que M. Dia a joué contre les tentatives d’humiliation de régime de Wade au moment où il était président de l’Assemblée nationale. Macky Sall est allé jusqu’à raconter l’apport de Harouna Dia pour l’acquisition de sa nouvelle maison mais aussi de son équipement en meubles.
Toutefois, s’est-il empressé d’ajouter : «c’est quelqu’un qui boude trop souvent. Il arrive que je le consulte avant de prendre certaines décisions. Mais, je suis le Chef de l’Etat, je ne suis pas obligé de suivre ce qu’il me dit. C’est moi qui décide». «Souvent aussi des gens viennent lui raconter des choses auxquelles, il croit. Or, il devrait d’abord me défendre et venir ensuite m’en parler parce qu’il peut me joindre à n’importe quel moment ou me voir quand il le veut une fois au Sénégal. Nos divergences se trouvent à ce niveau», déplore-t-il.
Une confidence qui confirme la brouille entre deux «amis» depuis plusieurs mois. Mais la goutte d’eau aurait fait déborder le vase, c’est le Haut Conseil des Collectivités Locales.
Daouda Dia et Alassane Mbaye Thiam dépêchés au Burkina Faso
Alors que Daouda Dia tentait de jouer les bons offices, son frère Harouna Dia basé au Burkina Faso, n’écartait pas l’idée de suivre la décision des militants à la base si leur volonté est de quitter le navire marron pour protester contre les décisions du Chef de l’Etat. Mis au courant, Marème Faye Sall entre dans la danse. Une rencontre est organisée au palais entre la Première Dame et le Questeur pour éteindre le feu. Par la suite, l’information atterrit sur le bureau de Macky Sall, qui, séance tenante décide de recevoir les responsables «frustrés», samedi 3 décembre. Auparavant, ils envoient Daouda Dia et Alassane Mbaye Thiam pour aller rencontrer Harouna Dia au Burkina Faso. Nonobstant la plénière à l’Assemblée, le Questeur et le maire de Bokiladji s’envolent le jeudi 1er décembre pour Ougadougou. Ils reviennent le lendemain vendredi 2 décembre pour mieux coordonner l’audience du samedi.
Le cas Abdoulaye Anne
Face aux responsables apéristes de Kanel, Macky Sall a tenu à lever toutes les zones d’ombre. «J’ai décidé de mettre en place le Haut Conseil des Collectivités Territoriales. Mais toutes les personnes choisies ou nommées ne seront pas sur les listes pour les Législatives. A Kanel, j’avais choisi Abdoulaye Anne (président du Conseil département, Ndlr) pour diriger la liste. Mais, j’ai constaté qu’il y avait beaucoup de contestations. J’ai alors décidé de le retirer de la liste. Mais, comme je l’avais promis, je n’allais pas revenir en arrière. Je l’ai alors nommé. Que les gens sachent que personne n’est plus noble que moi», dira le président de l’APR.
Daouda Dia reste coordonnateur à Kanel
Sur la question de la coordination de l’APR de Kanel, des rumeurs avaient circulé faisant état du remplacement du questeur de l’Assemblée nationale, Daouda Dia, par le ministre de la formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat, Mamadou Talla. Mais Macky Sall a été sans équivoque là aussi. «Le Président a bon dos. Des gens viennent vous dire que le Président a dit ceci ou cela. Mais, sachez que Daouda (Dia) reste le coordonnateur dans le département de Kanel qui est très symbolique à mes yeux parce que le parti y avait gagné une commune déjà en 2009 (Sinthiou Bamambe, Ndlr)», tranche Macky Sall.
«Je ne comprends d’ailleurs même pas pourquoi je devrais le changer alors que tous les 44 coordonnateurs des autres départements sont maintenus jusqu’en 2019», s’étonne le Président Sall.
20 millions en guise de transport
Avant de prendre congés de ses hôtes, le président de la République leur a invité à un diner copieux avant de leur offrir une enveloppe de 20 millions. Macky Sall a tenu à repartir l’enveloppe comme suit : 5 millions pour les griots qui ont brillé par des chants de «Yela» tout le long de l’audience. Ils étaient au nombre de six.
Les 15 millions ont été répartis entre les 46 autres membres de la délégation. Faites vos calculs
sudonline.sn
C’est triste pour mon pays. C’est l’émergence d’une ethnie et d’une famille dont il est question au cœur des principales institutions de la république ! C’est cela le népotisme, fait d’agrégats d’attitudes d’arrogance qui peuvent potentiellement menacer la stabilité et la concorde sociale. Vu sous cet angle, je ne voterai plus jamais pour le candidat de l’Apr (ni une coalition ui le supporte) puisqu il n’a rien fait pour moi, rien fait pour mon ethnie, rien fait pour ma communauté, rien fait pour ma localité. L’APR m’a tout l’impression d’être l’Alliance des Peulhs de la République.