Avortement médicalisé: la législation nationale défavorable à la pratique

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XALIMANEWS- « Avortements clandestins : Brisons le silence pour sauver des vies ! ». C’est sur ce thème que les participants au Forum national organisé par la section sénégalaise du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen) ont planché le samedi 20 mars 2021. Une occasion, pour des spécialistes, des Organisations de la société civile, des professionnels des médias, d’aborder, entre autres, les aspects médicaux, sociaux, juridiques en rapport avec l’avortement médicalisé comme le stipule la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes en Afrique, communément appelée Protocole de Maputo. Les 54 pays africains, y compris le nôtre, qui ont signé cette charte, s’engagent « à prendre toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste, de malformation et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la femme ou sa vie ».

Malheureusement, pour ce qui concerne le Sénégal, qui fait partie des 37 États africains ayant ratifié ce protocole, il est relevé « une contradiction entre les engagements internationaux et la législation interne », dénonce Amy Sakho, juriste, coordonnatrice du comité pluridisciplinaire qui mène un plaidoyer en faveur de la réforme de la loi sur l’avortement au Sénégal, dénommé Task force mis en place en 2013. Mme Sakho se fonde sur « les articles 305 et 305 bis du Code pénal », « l’article 15 de la loi sur la santé de la reproduction » et « l’article 35 du Code de déontologie médicale (Cdm) ». Selon ces dispositions, « au Sénégal, on ne peut pas légalement procéder à un avortement médicalisé pour préserver la santé physique et mentale de la femme, en cas d’inceste, de viol, ou de toute autre agression sexuelle, ou en cas de malformation ». Alors que les dispositions internationales parlent de menace sur la santé de la femme, celles nationales évoquent le risque sur la vie de la femme, explique la juriste qui regrette « une législation nationale défavorable à l’avortement médicalisé ». Compte tenu de cet état de fait, Amy Sakho invite l’État du Sénégal « à respecter ses engagements internationaux et sa constitution ». Elle déplore que quand il s’agit de questions éminemment politiques, l’État n’hésite pas à ratifier les protocoles signés et à les appliquer. L’autre exemple qu’elle donne, parce que plus récent, est la loi criminalisant le viol et la pédophilie dont la mobilisation pour le vote et la ratification n’a pas pris beaucoup de temps.

En plus du manque de volonté politique pour réformer la législation afin d’autoriser l’avortement médicalisé, la coordonnatrice de la Task force condamne « la frilosité » des Organisations de la société civile (Osc) par rapport à l’avortement médicalisé. « Seule une poignée d’organisations acceptent d’être au-devant de la scène », se plaint-elle, faisant remarquer que « l’État ne subit aucune pression pour autoriser l’avortement qui est un droit fondamental pour la femme ». Seulement, Amy Sakho lie cette attitude des Osc à la stigmatisation dont font l’objet ceux qui s’activent dans le plaidoyer pour l’autorisation de l’avortement médicalisé. Elle cite aussi le risque encouru par certaines organisations de ne plus bénéficier de financements de leurs principaux partenaires financiers qui sont contre toute initiative tendant à défendre l’avortement.

Toutes ces considérations font croire qu’au Sénégal, on est loin de sortir de ce que la juriste Amy Sakho qualifie de « triangle de feu » à savoir : « la prison, le cimetière ou un handicap ».

Le Soleil

1 COMMENTAIRE

  1. L’avortement n’est aucunement autorisé dans les religions islamique et catholique, qui représente 99 % de la population de ce pays.
    Aucun homme de Dieu ne doit être d’accord pour cette ignominie.
    Autoriser l’avortement médicalisé sera la porte ouverte à toutes les fenêtres dans notre pays.

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