Les dépenses publiques relatives au filet de sécurité et à l’assurance sociale au Sénégal ont été estimées à 1,16 % du PIB contre une moyenne de 1,44 % pour l’Afrique sub-saharienne (2,9 % du PIB en Amérique latine et Caraïbes, 2,4 % en Asie de l’Est et le Pacifique, par comparaison) renseigne une note technique de la Banque mondiale sur la protection sociale au Sénégal. S’y ajoute que la dispersion des efforts et les doublons en rajoutent à l’inefficacité des différents programmes
Le Sénégal a un niveau de protection sociale faible. Pourtant il est démontré, selon une note technique de la Banque mondiale élaborée dans le cadre de la consultation sur la stratégie de la Banque mondiale pour le Sénégal, le Bénin et le Togo en matière de protection sociale et de travail que celle-ci rime souvent avec croissance économique. Les chocs internes et externes au Sénégal font que la protection sociale constitue « un élément important de tout scénario de croissance économique future ». Cela est vrai au niveau mondial et dans le contexte africain. Depuis 2006, la commission de l’Union africaine a mis la protection sociale au centre de ses préoccupations à travers « l’Appel à l’action » lancé à Livingstone (Ecosse). Elle a défini un socle élémentaire de programmes de protection sociale destiné à protéger les pauvres et les groupes les plus vulnérables. Ce socle consiste principalement, comme le rappelle l’atelier organisé par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en juillet 2010 en services essentiels tels que l’accès à l’eau, l’assainissement, la nourriture et une nutrition adéquate, la santé, l’éducation, le logement et d’autres services sociaux comme l’information indispensable à la protection de la vie humaine et des biens et les transferts sociaux, en nature ou en espèces en faveur des populations pauvres et vulnérables afin que celles-ci disposent d’un minimum de sécurité de revenu, de moyens de subsistance et de soins de santé et qu’elles aient un accès facilité aux services essentiels. Ce sont notamment des transferts sociaux (mais également d’information, de droits et de politiques) destinés aux enfants, aux personnes plus âgées, aux personnes des tranches d’âge actives ayant des revenus insuffisants. « L’UA a également estimé qu’en fournissant directement des revenus aux pauvres, ces programmes peuvent stimuler la croissance économique nationale » explique la note technique.
Au Sénégal, les chocs internes et externes successifs telles que « les crises alimentaire, énergétique et financière de 2008-2009 – ont ralenti la croissance économique après une période de croissance relativement rapide ». En dépit de ces multiples chocs selon la Banque mondiale Il n’existe qu’une « gamme relativement limitée d’options politiques et programmes qui aident les pauvres chroniques et transitoires à faire face à l’effet de ces chocs ». La note indique que les dépenses de protection sociale et les filets sociaux ont été toujours assez faibles. Au total en 2003, les dépenses publiques liées au filet de sécurité et à l’assurance sociale au Sénégal ont été estimées à 1,16 % du PIB contre une moyenne de 1,44 pour l’Afrique sub-saharienne (2,9 pour cent du PIB en Amérique latine et Caraïbes, 2,4 pour cent en Asie de l’Est et le Pacifique, par comparaison) ». Les programmes de protection sociale sont considérés généralement « comme étant de portée limitée » avec des problèmes de fragmentation, de « manque de cohérence ». Ce qui crée une dispersion des efforts et des doublons. Les transferts visés par l’aide sociale ont été souvent inconditionnels et le ciblage était basé sur des groupes mal définis (groupes vulnérables).
Les participants à la consultation sur la stratégie la banque mondiale en matière de protection sociale ce 11 avril ont été unanimes pour souligner que celle-ci reste le parent pauvre des politiques et des arbitrages budgétaires du gouvernement du Sénégal.
Cependant, certains programmes ont été jugés géographiquement bien ciblés et efficaces pour produire des avantages économiques par la création d’infrastructures dans les communautés pauvres et l’amélioration de l’accès au microcrédit et aux activités génératrices de revenus. C’est le cas des investissements d’infrastructure du Fonds de développement social au Sénégal dans les communautés rurales les plus pauvres. Les infrastructures de base mises en place ont permis de sortir 17 % des populations de la pauvreté absolue « telle que mesurée par un indice composite de satisfaction des besoins essentiels. »
N’empêche, les risques pour le monde rural sont d’autant plus importants que l’agriculture occupe une place prépondérante dans la vie de la majorité de la population. Aussi les populations sont-elles exposées à « des risques importants pour la santé comme le paludisme, ou les risques naturels comme les inondations et les sécheresses, ainsi que les aléas de l’économie informelle. » D’où la nécessité de mettre en place des mesures de protection sociale « réadaptées et augmentées pour répondre aux besoins pressants de l’avenir. » Mais prévient, Mor Talla Kane, le président du Congad (Conseil des Ong d’appui au développement), la Banque doit jouer un rôle de facilitateur et non fabriquer une stratégie en dehors des Etats et des acteurs concernés.
Aliou NIANE
lagazette.sn