Benoit Sambou, ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des valeurs civiques : « Les 30.000 emplois annoncés par le chef de l’Etat seront effectifs dans la Fonction publique et dans des projets »

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Le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des valeurs civiques, Benoit Sambou, était l’invité de la rédaction du Soleil, mardi dernier. Accompagné de quelques proches collaborateurs, il a été accueilli par le directeur général, Cheikh Thiam. M. Sambou a confié que les 30.000 emplois annoncés par le chef de l’Etat seront effectifs. Il a aussi annoncé le retour des Semaines et Quinzaines de la Jeunesse, le lancement du projet Kiosque-emploi, la réhabilitation des Cdeps et du Haut conseil de la jeunesse. Il compte également rationnaliser les instruments de financement des jeunes.

Monsieur le ministre, pouvez-nous nous parler de votre programme pour la jeunesse ?
«Dans son programme « Yonu Yokuté » (la voie du développement), M. Macky Sall enseignait qu’une politique de jeunesse reconsidérée et responsabilisée, c’est certes la rassurer quant à son avenir (en matière d’emploi et d’éducation), mais aussi et surtout créer les conditions de son épanouissement. C’est pour cela que nous avons initié un plan d’actions qui va créer les conditions d’une politique intégrée, qui appelle la coopération et la coordination de tous sur les politiques liées à la jeunesse notamment en matière de culture, d’éducation et de santé. Notre département étant transversal, nous avons collaboré avec tous les ministères et secteurs sur des questions bien déterminées».

Pour la promotion des valeurs, votre département prévoit-il, en collaboration avec le ministère de l’Education nationale, si ce n’est déjà fait, de faire revenir les leçons d’éducation civique dans les écoles primaires ?
«Nous avons collaboré avec le ministère de l’Education nationale comme avec d’autres ministères sur la question de la promotion des valeurs civiques. Nous avons mis en place une équipe qui est en train de travailler sur cette question. Car, les valeurs civiques sont un concept extrêmement large sur lequel nous avons besoin d’un véritable consensus avec toutes les franges de la société. La commission est en train déjà de faire une revue de l’existant. Autour d’un comité de pilotage, il va réfléchir sur 6 mois ou un an, à l’élaboration d’une véritable charte partagée et acceptée de tous. Mais, dans toutes les autres actions que nous allons mener, nous allons créer les conditions de diffusion et de promotion de certains aspects, tels que le respect du drapeau national et des institutions de la République. Mais aussi, le respect des valeurs de base que nous pouvons tous partager et qui avaient un peu disparu, c’est le cas de l’éducation civique. Le ministère de l’éducation nationale sera partie prenante de ce que nous allons faire. Le chef de l’Etat a initié une cérémonie de levée des couleurs et d’hommage au drapeau national. Nous sommes en train de travailler, avec le ministère de l’éducation nationale, pour que nous puissions procéder à la même cérémonie dans les établissements scolaires. Nous allons nous appuyer sur les enseignants pour faire passer un certain nombre de principes et inculquer aux jeunes des valeurs partagées avec lesquelles ils pourront grandir. Car, l’éducation se fait déjà à la base. Pour le reste, nous verrons avec l’ensemble des citoyens comment les faire participer à certaines actions d’utilité publique, mais teintées de valeurs civiques, grâce auxquelles nous pourrons, peut-être bannir certains comportements préjudiciables à notre société».

Est-il envisageable, en partenariat avec le ministère des sports, de ressusciter les Semaines ou Quinzaines nationales de la jeunesse, qui permettaient aux jeunes de se retrouver dans une ville du pays, alternativement ?
«Dans le cadre du plan d’actions que nous avons élaboré cette année, nous avons prévu de ramener les Semaines nationales de la jeunesse qui étaient un moment fort de partage entre les jeunes sur les plans culturel, sportif et éducatif. Cette année, je crois que cela se fera d’abord sur le plan régional ou départemental pour réunir l’ensemble des jeunes du pays en un point donné du territoire national. Il n’y a pas de secret en politique. Ma préoccupation, c’est de reprendre ce qui marchait, puis essayer d’apporter des innovations, selon la vision du chef de l’Etat et selon ma compréhension de celle-ci. La semaine nationale de la jeunesse, était même une attente forte et lors de notre passage à l’Assemblée nationale pour le vote de notre projet de budget, les députés l’avaient tenu à le dire».

Le chef de l’Etat Macky Sall a annoncé la création 30.000 emplois pour les jeunes. Comment cette politique sera-t-elle mise en œuvre et quels sont les secteurs ciblés ?
«Déjà, le candidat Macky Sall avait pris l’engagement de créer 500.000 emplois en 7 ans. Il est sûr que par rapport à ces objectifs, le fait qu’il ait ramené son mandat à 5 ans, il faudrait peut-être pondérer. Personnellement, j’ai pris l’engagement, devant le chef de l’Etat, de travailler à faire en sorte que les objectifs qu’il s’est fixés puissent être dépassés. La création de 30.000 emplois annoncée par le président de la République lors de son discours à la nation, sera faite immédiatement, de manière directe, en s’appuyant sur un certain nombre de vecteurs tels que le recrutement dans la Fonction publique, mais aussi en engageant les jeunes dans des programmes et projets. Il consistera aussi de renforcer certains secteurs comme la sécurité, le nettoiement, le bâtiment, où il y avait des défaillances.
Au sein de notre ministère, nous avons compris qu’il était important d’abord que nous puissions changer de paradigmes en matière de politique d’emploi. Pendant longtemps, les politiques qui ont été menées n’ont pas donné les résultats escomptés. Le taux de chômage n’avait cessé d’augmenter. Dans la vision du chef de l’Etat, nous avons voulu ramener la politique de l’emploi comme étant une question économique majeure.
Aujourd’hui, partout dans le monde, l’emploi des jeunes pose plus de problèmes. Il faut prendre en charge cette question par une vision, des orientations, des projets et des programmes avec des financements conséquents. Dans de grands pays, où la crise de l’emploi aura des difficultés à être résolue, chaque emploi créé est comptabilisé comme une avancée. Chez nous, on a encore beaucoup de marge de manœuvre, parce que nous avons une population jeune.
L’autre opportunité que nous avons, c’est quand le chef de l’Etat fait de l’agriculture le levier sur lequel nous devons nous appuyer pour développer de notre pays et créer des emplois. En matière de politique d’emploi, il faut s’appuyer sur des secteurs à forts potentiels d’absorption de main-d’œuvre. Dans le secteur agricole, on a élaboré ce qu’on appelle les domaines agricoles communautaires. C’est un programme intégré qui prend en charge 3 dimensions : l’insertion des jeunes, l’aménagement du territoire et la production agricole. Ce programme de 100 milliards de FCfa élaboré sur les 4 prochaines années, nous permettra, à terme, de procurer, au moins, 300.000 emplois. Ceci, en mettant en place des unités économiques agricoles, en créant les conditions et la réinsertion des mécaniciens dans ce secteur pour faire de la prestation de service afin de participer à la fabrication de matériel agricole. Ce programme vise à les orienter vers de nouveaux projets.
Il s’agira aussi de créer les conditions de services financiers de proximité ou décentralisés pour accompagner ces unités agricoles. Nous menons des discussions avec les bailleurs de fonds et les différents partenaires techniques et financiers. Aujourd’hui, il faut rompre avec les micro-programmes et micro-projets qui n’ont pas véritablement d’impacts réels sur les ambitions que nous avons pour notre pays en matière d’emploi des jeunes. Nous sommes aussi en train de travailler sur l’artisanat, un secteur qui aide à l’absorption de la main-d’œuvre. Ce programme consistera à valoriser les produits du terroir, à identifier, sur chaque partie de notre pays, les opportunités mais aussi les potentialités pour voir, suivant les études qui ont été faites, le type de projet ou d’entreprise élaboré sur ces territoires. Tout ceci a pour objectif d’aboutir à des centrales de services. On parle beaucoup de la commande publique estimée, chaque année, à 175 milliards de FCfa. Notre responsabilité, c’est d’accompagner les artisans locaux en les encadrant et les regroupant pour les former sur les techniques modernes. Il faut aussi les aider à acquérir l’outillage moderne.».

Quelle sera l’articulation entre votre ministère et celui de la Formation professionnelle, et comment faire pour rationnaliser toutes ces structures de l’emploi des jeunes afin d’avoir plus d’efficacité et d’efficience ?
«Forcément, il faudra que nous puissions arriver à une rationalisation de ces instruments d’intervention qui financent ou accompagnent les jeunes. Nous l’avons déjà annoncé dans notre plan d’actions. Ce qui est important, c’est d’arriver à créer une synergie autour des actions et des orientations qu’on veut mener. C’est pour cela, que dans les prochaines semaines, le ministère va lancer une initiative qui s’appelle « kiosque emploi ». C’est un programme de proximité qui crée les conditions d’accueil, d’information sur les statistiques de l’emploi et d’organisation pour les demandeurs de travail. Ce projet nous permettra, à partir d’un système d’information, de mettre en contact les demandeurs d’emploi et les entreprises. Il nous permettra également d’avoir du recul pour réorganiser la réflexion et la rationalisation sur ces différentes structures.
La rationalisation nous donnera l’opportunité d’avoir des économies, car nous nous rendons compte que ces structures consomment plus leur crédit pour payer des salaires que pour réellement financer des programmes et projets. Nous avons pris conscience des limites de ces initiatives. Pour le moment, nous n’avons pas à prendre des mesures unilatérales. La réflexion se fera avec tout le monde. Concernant la formation professionnelle, je rappelle que notre département est transversal, toutes nos actions appellent la solidarité, une coopération avec tous les secteurs. On interviendra dans la santé. En effet, nous avons un programme de promotion des jeunes en matière de santé de la reproduction. Les « kiosques emploi » nous permettront donc d’identifier les véritables besoins des jeunes en matière de formation».

Quelle sera la place du Conseil national de la jeunesse dans la relance des activités des Quinzaines nationales ?
«Le Conseil national de la jeunesse aura toute sa place dans ces activités. Déjà, nous avons commencé à lui donner une certaine position. Les convocations et les informations qu’on envoie aux structures de jeunesse passent par ce Conseil. Nous avons pris conscience que les jeunes ont besoin d’un cadre d’échanges beaucoup plus performant. A cet effet, nous avons entamé des discussions avec eux pour donner au Conseil national de la jeunesse toute sa crédibilité et de toute sa force. L’action de ce conseil a été galvaudée par le phagocytage plus ou moins réussi des forces politiciennes. Il faudra aussi réhabiliter le Haut conseil de la jeunesse qui permettra à toutes les franges de la population de travailler à l’élaboration de programmes au profit des jeunes».

La réhabilitation des Cdeps est aussi une nécessité…
«Concernant les Centres départemental d’éducation populaire et sportive (Cdeps), je suis très préoccupé par la situation du personnel. Quand la ressource humaine n’est pas de bonne condition, il est difficile de lui demander d’être performante. Lorsque j’ai fait l’état des lieux, je me suis rendu compte qu’il a eu de gros soucis. Nous sommes très conscients de l’état de délabrement des bâtiments, mais surtout du manque de matériels dans lequel se trouvent les services régionaux. Le budget actuel ne prend pas en charge tous ces aspects. C’est pourquoi, dans le cadre d’une loi rectificative, nous tenterons de rehausser le niveau du budget. L’engagement que j’ai pris, c’est que dans le budget de 2014, nous mettrons beaucoup de ressources pour la réhabilitation des Cdeps ainsi que les services décentralisés».

De nombreuses femmes évoluent dans la transformation de produits locaux. Qu’est-ce que votre ministère compte faire pour les accompagner?
«Il ne s’agit pas uniquement de transformer, il faut aussi aller au bout de la chaine de valeur, c’est à dire, commercialiser, et c’est là que se pose le problème. Vous avez des programmes de formation pour les femmes, mais ce qui reste c’est de les accompagner en qualité pour la vente de leurs produits. Il faudrait, dans le cadre de notre programme de revalorisation des produits du terroir, que nous puissions aider et accompagner ces femmes transformatrices».

Comptez-vous relancer les activités des Vacances citoyennes dans les années à venir ?
«Les vacances citoyennes étaient un bon concept, mais qui a été complètement galvaudé, parce que l’activité a été finalement politisée. Nous avons voulu, cette année, faire quelques innovations dans l’animation et la mobilisation des jeunes. Nous allons lancer 2 programmes pendant les vacances, en dehors du fait qu’on va accentuer l’encadrement et l’accompagnement dans l’organisation des « Navetanes ». A ce niveau, il faudra un partenariat pour juguler les phénomènes de violence et mobiliser les jeunes dans des camps d’utilité publique, notamment le reboisement, le rétablissement de digues… Notre activité consistera à organiser une caravane de partage et de solidarité entre les jeunes du Sénégal sortis de différents terroirs. Nous ferons, après, une évaluation pour mesurer l’impact».

Des universités comme l’Ucad avaient initié des camps avec des activités de soins, d’alphabétisation, de reboisement. Allez-vous continuer à travailler avec elles?
«Nous avons toujours le souci de la démarche inclusive et participative. Pour cela, j’ai dit à mes techniciens qu’il ne s’agira plus de s’enfermer dans les bureaux pour élaborer des choses pour ensuite les servir. Nous mettrons en place des comités de pilotage multisectoriels et nous veillerons à ce que chaque secteur ou chaque personnalité, structure ou organisation qui peut apporter quelque chose, puisse être intégré, apporte le sien. Nous allons mettre en place des conditions d’un large consensus et d’une grande appropriation des actions qu’on veut mener. En cela, nous ferons appelle à eux. Cela se fera sur la base de thématiques, de journées d’actions citoyennes, lesquelles seront des journées mensuelles qui vont mobiliser les Sénégalais autour d’une thématique particulière qui peut être le cadre de vie, la santé, etc».

Le théâtre populaire dépend de votre département, mais cela fait bientôt 10 ans qu’il n’y a pas eu d’activités. Allez-vous le relancer?
«Il faudra évaluer pour voir si cela intéresse les uns et les autres. Nous avons pris les choses en cours et nous voulons très rapidement répondre au besoin des Sénégalais. Mais, comme je l’ai dit à mes collaborateurs, j’attends de chacun d’entre eux qu’il puisse permettre à l’enrichissement de ce que nous allons faire. Personnellement, je n’ai pas pensé à ce genre d’initiative mais eux, chaque fois, qu’ils auront identifié des choses qui avaient marché et qui avaient un impact réel sur l’éducation et l’épanouissement des jeunes, je suis prêt à le reprendre. Nous restons donc à l’écoute des initiatives qui viendront de partout. On a mis en place un cabinet d’incubation d’idées et de projets, on est à l’écoute de tous les Sénégalais. La chance de ce ministère, c’est d’être transversal. C’est très dommage de constater que ce pays, en voulant se construire, ne développe pas les aptitudes idoines pour créer les conditions de son développement. Très souvent, ce sont les intérêts partisans, corporatistes, individualistes qui sont mis en avant. Pour nous, le défi, c’est de mettre en place les conditions pour que les Sénégalais comprennent qu’ils ont une nation à construire et qu’ils ne la construiront qu’ensemble, en mettant les conditions pour que chacun apporte le meilleur de soi».

Le mouvement navétane ne se focalise que sur le sport. Dans une politique d’emploi pertinente, est-ce qu’il n’y a pas lieu de voir comment les Asc pourraient être un embryon pour aider à engendrer des activités génératrices de revenues ?
«J’ai toujours considéré, pour d’ailleurs avoir été un produit de ce mouvement navétane, que cela pouvait être une formidable opportunité de développement. Parce que réussir à avoir 3.500 structures Asc à travers tout le Sénégal, c’est vraiment très rare. C’est un exemple à montrer de par le monde. Le mouvement navétane, au-delà du sport, a tenté aussi d’insister pour que les compétitions culturelles puissent se faire. D’ailleurs, les équipes qui n’avaient pas de section culturelle étaient sanctionnées. Mais, j’avoue que c’est très difficile de mettre en exergue la culture et d’autres activités au-delà du sport, notamment le football. Toutefois, nous avons décidé d’impliquer réellement le mouvement navétane dans les journées d’actions citoyennes que nous envisageons de mener. Mais aussi dans la création d’emplois. Il y avait un programme qui s’appelait « Asc emploi » qui, au départ, était de 1 milliard de FCfa. Mais, quand nous sommes arrivés, il n’était plus que de 100 millions tirés du Fonds national de promotion de la jeunesse (Fnpj). Cette année, j’ai supprimé cette mesure pour que le Fnpj retrouve la plénitude des maigres ressources.
J’ai proposé au mouvement navétane de nous asseoir autour d’une table pour élaborer, ensemble, un programme d’intégration des jeunes dans le tissu socioéconomique. Nous avons un partenaire prêt à nous accompagner si le mouvement navétane accepte de partager avec elle. Nous sommes en train de finir d’élaborer ce projet avec ce partenaire. Quand nous aurons terminé, comme promis, nous allons nous retrouver autour d’une table pour discuter avec le mouvement. Je ne peux pas en dire plus car nous n’avons pas fini de discuter avec le partenaire. Mais, j’ai bien l’intention de saisir cette formidable opportunité pour, non seulement travailler à mobiliser les Sénégalais autour des actions d’utilité publique, mais surtout aider à identifier et à accompagner les jeunes dans la création d’emplois».

Que compte faire votre ministère pour résoudre les problèmes d’organisation dans les Odcav et juguler la violence dans les Navetanes ?
«Ce sont des questions extrêmement délicates. Ma conviction est qu’il faut laisser les structures autant que possible se prendre en charge. Ne pas chercher à les caporaliser ou leur imprimer une démarche. Mais, créer les conditions pour qu’elles puissent mener à bien leurs activités. Pour cela, le président de la République a été très clair avec moi : il faut rester au-dessus de toutes les contingences partisanes. Si, sur leur demande, nous arrivons à faire le plaidoyer pour la conciliation nécessaire afin qu’ils se retrouvent, nous le ferons. Je pense que ce qu’il faudra éviter, c’est de chercher à s’’immiscer, de manière intempestive, maladroite ou par calcul politicien, dans ce qu’ils font. L’Etat à un rôle d’accompagnement, celui de créer les conditions d’épanouissement pour ces structures.
Pour avoir été dans ces mouvements, pour avoir côtoyé les responsables de ces différentes structures, je crois que, par respect pour eux et pour ne pas plomber le développement de nos activités, nous tenterons de faire les plaidoyers. Mais également, d’apporter des réflexions pour mieux les accompagner. Il faudra aussi qu’on se tienne un discours de vérité pour juguler la violence, pas seulement dans les stades mais dans les quartiers».

Le coefficient de l’éducation civique et physique est encore très bas dans les écoles. Votre ministère est-il prêt à faire un plaidoyer auprès du ministère de l’Education pour revoir cela à la hausse ?
«Si nous pouvons le faire, nous le ferons. Je ne sais pas trop entre mon collègue du Sport et moi-même, qui devrait mieux s’occuper de cette question. Mais pour avoir été conseillé technique du maire de Dakar, j’ai beaucoup travaillé sur certaines questions liées à la jeunesse, et notamment au sport à l’école. Nous avions initié un programme qui consistait à ramener un certain nombre d’activités sportives dans les écoles. Si l’on veut produire demain de grands sportifs, il faut les prendre en charge dès le bas âge. Pour cela, on donne souvent l’exemple de Habib Thiam, de Lamine Diack…
Pour nous, l’activité sportive de masse commence dans les écoles. C’est pour cela que nous avions initié, à la ville de Dakar, un programme qu’on appelait : le sport à l’école. Il fallait inciter les jeunes à une activité sportive. Nous avions remarqué que pour ces différentes activités, il y avait un tel engouement que c’était finalement un moyen pour les enseignants de motiver les élèves. De fait, quand l’élève sentait qu’il pouvait être sanctionné et privé de cette activité, il redoublait d’efforts. Pour avoir échangé avec mon collègue du Sport, je sais qu’il est en train de travailler dans ce sens. Je lui laisserai, peut-être, le soin de faire le plaidoyer et même créer les conditions d’une action commune avec le ministère de l’Education nationale. Le sport à l’école doit tenir une place prépondérante dans l’éducation et l’épanouissement de nos enfants. Pour l’éducation civique, dans le cadre de l’élaboration d’une charte pour le civisme, l’éducation à l’école y tiendra une part prépondérante. Mais il faudra être très prudent. Dans l’élaboration de ce genre de programme et de projet, il faut créer les conditions d’une large concertation pour qu’au moment de l’exécution, tout le monde puisse se l’approprier. En cela, l’Education nationale fera partie du comité de pilotage».

Avec toutes ces ambitions et attentes, où pensez-vous trouver les moyens pour financer tous ces programmes ?
«La question des moyens ne devrait pas être un frein à l’accomplissement de nos ambitions. Ensuite, la 2è alternance a suscité chez les bailleurs un regain de confiance envers le Sénégal. Je puis vous dire qu’ils se bousculent tous pour accompagner notre pays. Sur ce plan, nous sommes assez rassurés, d’ailleurs la crainte est que nous n’arrivions pas à absorber toute la masse financière qui pourrait être mise à notre disposition. Dans les semaines à venir, le ministre des Finances devra aller défendre les projets du gouvernement au Club de Paris. Je crois que nous pourrons, à partir de là, voir un peu la surface financière qui sera mise à notre disposition. Je me préoccupe très peu de savoir où est ce que je peux prendre les moyens. Ma grande inquiétude, c’est de ne pas avoir assez de productions, de ne pas avoir assez de réflexions pour susciter des projets et programmes… Ce qui a plombé très souvent le développement en Afrique, notamment dans notre pays, c’est la prévarication des ressources. Lesquelles sont, bien sûr, rares. Mais, quand nous arrivons à les rationaliser, il est possible de mettre un maximum de ressources pour le financement de projets efficaces dans un certain nombre de secteurs. Il faut saluer par là, cette volonté du chef de l’Etat de rationnaliser les ressources du pays. Cela, en créant les conditions pour que la corruption, les détournements de fonds publics, puissent être éradiqués. Si nous arrivons à bien mobiliser les ressources, les partenaires sont prêts à faire des efforts conséquents pour le Sénégal. Parfois, ce sont eux même qui se plaignent que les Sénégalais ne produisent pas assez. Sur ce plan, le président de la République et le chef du gouvernement ne cessent de nous pousser à produire le maximum de projets à soumettre à la qualification des bailleurs».

Le Fnpj et l’Anej avaient suscité beaucoup d’espoir, mais la déception fut grande. Avez- vous avez fait le bilan de leurs actions ?
«Pour le Fnpj et les autres structures, nous nous sommes rendus compte, très souvent, qu’ils ont servi plus à caser du personnel politique qu’à financer des projets générateurs de revenus. Pour la plupart, les budgets servent à payer un personnel à fonctionner qu’à financer des programmes. D’ailleurs, le Fnpj a entamé une cure d’amaigrissement. Il discute avec son personnel pour un peu en libérer certains en vue d’alléger la masse salariale. Il faut que nous puissions avoir une grande réflexion autour de ces structures qu’on doit rationner ou fusionner en une seule entité pour permettre de les réorienter vers ce pourquoi elles ont été créées».

Dans un mois, il y aura l’ouverture de la Confejes à Niamey. Le Sénégal est-il candidat ?
«Le Sénégal avait, et a même un candidat. Mais pour des raisons géostratégiques, il se pourrait qu’il retire sa candidature au profit d’un autre pays, parce que sur le plan international, nous sommes aussi candidats à d’autres actes notamment l’organisation du sommet de la Francophonie. Les pays nous ont fait l’amabilité de se retirer, de ne pas déposer leur candidature et d’appuyer celle de notre pays. Nous sommes aussi candidat au Conseil de sécurité des Nations Unies. Sur le plan de la diplomatie, cela demande beaucoup d’arrangements entre les différents pays et si la candidature du Sénégal doit gêner notre accession à d’autres niveaux de responsabilité, de manière sportive, nous nous déduirons pour attendre un moment beaucoup plus favorable. Le siège étant à Dakar, c’est déjà un grand honneur».

Vous avez de nombreux programmes dont le lancement nécessite un leadership, et au plus haut niveau. Parviendrez-vous à mobiliser le chef de l’Etat, ne serait-ce que pour lancer 2 ou 3 programmes ?
«Parmi les 3 priorités du chef de l’Etat, figure en bonne place la jeunesse. Je dois dire qu’aucun ministre de la jeunesse n’a subi la pression que je subis aujourd’hui du président de la République. Il tient à la jeunesse plus que tout. Il tient à ce que nous apportions des réponses immédiates aux préoccupations des jeunes. Il se sent concerné. D’ailleurs, c’est lui-même qui a lancé le projet d’honneur au drapeau et de levée des couleurs. Le président de la République ne cesse de nous interroger sur l’état d’avancement des différents programmes. Notre plan d’actions a été validé, il y a 3 semaines, en conseil des ministres. Dans notre démarche, nous tenons à ce que la vision et la politique de jeunesse soient partagées au sommet de l’Etat et avec tous les acteurs pour que tout le monde se sente concerné. Pour que les jeunes sachent qu’ils sont au cœur des préoccupations des pouvoirs publics».

Pour les élections locales, êtes-vous candidat pour la région de Ziguinchor ?
«La Casamance constitue un enjeu extrêmement important parce qu’en 2009, quand il y a eu l’alternance dans certaines localités, seules les régions du sud étaient encore restées dans l’escarcelle du Pds. Pratiquement, toutes les collectivités locales sont entre les mains du Pds. C’est déjà un grand défi pour nous de pouvoir reprendre toutes ces collectivités et de les remettre dans le sens de l’histoire. Je m’efforcerai à reprendre ces collectivités au Pds. Maintenant, je n’ai jamais eu la préoccupation du destin personnel. Je suis un homme engagé, depuis mon très jeune âge. C’est le Sénégal qui m’intéresse. Je suis un amoureux de la Casamance et de la situation de cette région. Maintenant, on accède aux responsabilités parce que les gens ont confiance en vous. Je ne suis pas préoccupé par un poste de maire, de président de conseil régional ou autre. Ma seule préoccupation, c’est de créer les conditions d’une véritable émergence économique de cette région parce que c’est une localité qui a été beaucoup marquée par les méfaits de la génération du concret. Pour cela, il faut remobiliser les Ziguinchorois autour de l’essentiel. Nous l’avons fait lors de l’élection présidentielle. Nous l’avons reproduit aux législatives et j’ose espérer que nous allons terminer ce travail. Et quelque soit la position que je devrais occuper, je tiens à jouer un grand rôle».

Le maître mot est de ramener la paix dans cette région et travailler à offrir un potentiel d’emplois aux jeunes. Dans le plan d’actions, y a-t-il une action particulière pour la Casamance ?
«Je crois que la Casamance est une priorité pour le président de la République, Macky Sall qu’il a inscrite en bonne place dans son programme. Je suis d’accord qu’il faut faire quelque chose. Cela fait 30 ans que ce conflit dure, il est tant que les gens réfléchissent à être beaucoup plus efficace. Ma conviction est qu’il faut que nous puissions inverser le paradigme. Pendant longtemps, on a privé cette région d’investissements ou d’un accompagnement conséquent au motif que c’était une zone en crise. Et il fallait régler le conflit pour ensuite pouvoir créer les conditions du développement.
Je suis pour un changement de paradigme. Je pense que c’est le développement qui va amener la paix en Casamance. Il faut éviter que les jeunes soient dans la précarité et qu’il y ait la tentation d’aller dans le maquis. L’idéologie indépendantiste n’est plus vraiment de mise. C’est beaucoup plus des populations qui sont dans la précarité et qui ont le sentiment d’être à part ou de ne pas assez bénéficié des actions de l’Etat qui favorise un peu la perpétuation de cette crise. La Casamance a besoin de programmes structurants et même d’un plan Marshal. Si nous créons déjà les conditions pour que les jeunes n’aient plus envie d’aller dans le maquis, on aura déjà gagné le combat.
Pour le reste, il s’agira de convaincre ceux qui y sont déjà, de ressortir pour retrouver une vie décente. Ma conviction est qu’il ne fait pas bon vivre dans le maquis, il ne fait pas bon vivre de côtoyer des serpents et toutes sortes de reptiles. Quand quelqu’un choisi d’être dans ces conditions, c’est parce qu’il n’a pas peut-être d’autres perspectives. Il faut lui offrir de nouvelles opportunités. Il faudra jouer beaucoup plus sur le levier économique pour donner plus de chance à l’action politique. C’est pourquoi quand j’étais au ministère de l’Agriculture, j’avais initié la délocalisation de la Sodagri pour l’installer en zone sud. J’ai pensé créer les conditions de l’aménagement de 250.000 ha de vallée et de bas fonds, mais surtout créer les conditions du développement et de la transformation de produits agricoles. Cela, pour permettre à ces jeunes d’avoir de l’emploi.
C’est la raison pour laquelle, quand nous pensons à la Casamance, il faut penser développement, il faut penser à des actions massives. Accompagner cela par beaucoup de communication et créer une sorte de débat pour que les populations puissent comprendre que l’Etat est là et qu’il cherche à les servir. Elles sont des Sénégalais appart entière. L’enclavement de la Casamance crée ce sentiment d’éloignement. On a une grande difficulté pour y aller ou sortir. C’est une grande difficulté pour les opérateurs de sortir les produits de cette région. Quand on veut régler un conflit, il faut en connaître aussi les contours, l’environnement socioculturel.
Je crois que dans le cadre de la politique de l’Etat, il faut beaucoup réfléchir sur ces questions. Quand on a une plaie sur son pied et qui risque de gangrener tout le corps, il faut chercher à le soigner. Je pense qu’au-delà du dialogue Casamanço-casamançais, il faut une large concertation nationale sur la question. Déjà, je salue les actions du chef de l’État et de l’ensemble du Gouvernement ainsi que de bonnes volontés dans la recherche de la paix en Casamance».

La délocalisation de la Sodagri a-t-elle été effective ?
«Pas encore. De toute façon, avant de quitter le ministère de l’Agriculture, j’avais fait inscrire dans le budget, 900 millions de Fcfa pour la construction du siège et 700 millions pour un plan directeur. Je voulais faire en sorte que la Sodagri soit ce que la Saed est pour le nord. Elle pourrait créer les véritables conditions de développement. Lequel aurait un impact sur toute la zone sud-est, de Kédougou à Oussouye par l’exploitation du formidable potentiel qui a été identifié au profit du pays. Pour cela, un projet comme les aéroglisseurs pour lequel je me bats et je fais un plaidoyer, a toute son importance pour faciliter la mobilité. J’appelle tous les fils de la région à plus de solidarité pour qu’on relève ensemble les défis».

lesoleil.sn

1 COMMENTAIRE

  1. AU SENEGAL
    SCANDALE AU MINISTERE DE LA SANTE : 500 MILLIONS Fcfa BUDGETISE POUR L’ACHAT D’UN APPAREIL CORONAROGRAPHIQUE DISPARAISSENT.

    L’information est de nos confrères de l’As qui estiment que c’est « encore un parfum de scandale qui porte sur des centaines de millions au Ministère de la santé. En effet, pour acquérir un appareil coronarographique qui coute un million de Dollars américains soit 500 millions Fcfa, le Dr Abdoul BA, patron de la Cardiologie au niveau de la Faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (UCAD), avait saisi le Directeur de l’Administration Générale et de l’Equipement ( DAGE) du Ministère Dr Youssouph NDIAYE actuel Directeur du Centre Hospitalier Abass NDAO.

    Selon une source du journal, ce dernier avait inscrit cet achat plusieurs fois dans le budget du Ministère de la Santé. Seulement, confie-t-il, jusqu’à ce jour, rien.

    Une source médicale fait savoir que si l’appareil était disponible aujourd’hui, le pays n’aurait pas besoin d’enrichir des pays comme la France ou le Maroc. On pourrait non seulement relever le plateau technique, mais aider les patients en réduisant considérablement les déplacements vers l’étranger pour des problèmes cardiaques. »

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