CHERIF EL VALIDE SEYE: Pour l’Afrique tu as beaucoup donné

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POUR CHERIF EL VALIDE SEYE
Les causes africaines perdent un militant

Pour l’Afrique tu as beaucoup donné. De quelque part en Afrique, tu as tiré ta révérence. Loin de ta terre sénégalaise, mais si près de ta terre africaine dont tu as tant défendu les intérêts, partagé le rêve des enfants et travaillé à élever le niveau de conscience politique pour plus de démocratie et davantage de succès dans les efforts porteurs de développement pour les peuples.

J’imagine la peine qui a dû être tienne alors que tu étais à Arusha, de réaliser qu’une ville comme cette métropole tanzanienne pouvait avoir des difficultés à répondre aux besoins en soins médicaux d’un fils d’Afrique. Que même le transfert à Nairobi ne s’est pas fait sans difficultés. Histoire de visas pour le jeune médecin qui devait t’accompagner. Se déplacer de la Tanzanie au Kenya, deux pays de la même organisation régionale, a souffert des obstacles politiques à la libre circulation des personnes et des biens. Une preuve, cher confrère qu’après toi, le combat reste encore à mener pour l’unité du continent. Le talentueux journaliste que tu as été aura au moins posé des actes dans ce sens.
La presse, ça te connaît. Ta bosse, tu l’as roulée partout.

De tes premiers pas au quotidien «Le Soleil» de Dakar, aux dernières Assemblées de la BAD que ta déclinante santé ne t’a pas empêché de chercher à couvrir, tu as marqué de ton empreinte biens des publications. «Sud magazine» dont tu rejoignis très tôt le groupe de départ pour la constitution de ce qui est devenu le Groupe Sud Communication, Sud Fm justement la première radio privée du Sénégal, Panapress, le magazine «52», « les Afriques», Ecofin (ta dernière maison) et on en laisse forcément, ont été pour toi des tribunes de renommée pour participer à l’émergence de l’Afrique, exalter les valeurs de démocratie, de tolérance de respect de l’autre par la reconnaissance du droit à la différence.

De la lucidité, tu as su faire preuve devant beaucoup de situations que d’autres avaient considéré comme à haut risques. Lucidité ai-je dit pour me souvenir d’un entretien dans ton Bureau de Conseiller Spécial du président Wade, chargé de la communication. La Côte d’Ivoire entrait à grands pas, dans ce qui deviendra plus tard le plus glissant bourbier politico-militaire de l’Afrique de l’Ouest francophone. Tu me dis alors avoir conseillé le Président Abdoulaye Wade de ne surtout pas trop se manifester dans ce dossier. On est en 2002. Que s’il devait y intervenir, tu lui conseillais vivement de le faire dans la plus grande discrétion. Tu craignais que la médiatisation d’une intercession sénégalaise n’exacerbât les tensions, surtout qu’elle n’affectât les relations entre Dakar et Abidjan. Tu m’expliquas comment cela pouvait arriver. L’histoire t’a donné raison. Comme tu eus raison un autre jour, où tu avertis des camarades de ton âge, au sortir d’une réunion clandestine, qu’ils feraient bien de reporter une action qu’ils boulaient d’éclat, prévue le lendemain, au Lycée Gaston Berger – rebaptisé Valdiodio Ndiaye – de Kaolack.

Elèves et étudiants du Sénégal étaient un peu partout dans des cycliques de grèves ponctuées de manifestations violentes. Tu n’avais pas été écouté et participas à l’action du lendemain, malgré ton intelligence de la situation. Tu avais respecté le choix de la majorité qui avait décidé contre ton avis. La police avait déjà pris place à l’endroit retenu pour l’action. Elle ne priva pas de brutalités, ni l’administration du Lycée ne fit de cadeau aux élèves gréviste-perturbateurs. Ainsi s’évanouit pour quelques familles, le rêve de voir leurs enfants passer leurs examens de fin d’années. Si les grandes personnes avaient été là au moment où tu développais ton point de vue sur les erreurs stratégiques de tes camardes, des élèves plutôt brillants n’auraient pas quitté prématurément l’école. Ta fidélité aux décisions n’a pas été de tout repos pour toi, puisque que tu eus ta part d’heures chaudes au Commissariat. Nous en avons alors souvent rigolé autour des « 3 normaux » qu’il nous arrivait de partager alternativement chez toi à l’Ecole Gambetta –aujourd’hui Abdou Hamid Kane – et à la grande maison que j’habitais, contigüe à la concession de ce même marabout dont l’établissement porte le nom à titre posthume.

Intelligent, plutôt raffiné dans la mise, tu as surpris plus d’un, parmi ceux qui t’ont rencontré récemment. Tu n’étais plus que l’ombre du Chéri El Valide Sèye jovial et attentionné.

Le Cesti perd un des ses diplômés de la 5 ème promotion sortie en 1977. La corporation des journalistes pleure un professionnel de grande valeur, Sud te reconnaît d’avoir été un des bâtisseurs d’un groupe de Presse que les vicissitudes de la politique du bâton contre les vigies de la démocratie n’ont pas réussi à faire plier. Tu as parcouru l’Afrique et le monde avec ta carte de presse comme unique arme pour mener le combat des peuples du contient. A la Banque africaine de développement, tu avais servi, comme des années auparavant tu contribuas, par une stratégie de communication appropriée, à la visibilité des actions et programmes du Comité Inter Etats permanent de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (Cilss). Abdjan et Ouagadougou te compteront parmi leurs morts.

Pas étonnant que ton dernier souffle t’ait quitté à Nairobi, à des milliers de kilomètres de ton Sokone, alors que tu venais d’être évacué d’Arusha où tu accomplissais une mission de journaliste aux côtés de ceux qui cherchent remèdes aux problèmes de l’Afrique. Repose en paix, confrère.

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