Dépénalisation des délits de presse : Les députés rejettent le code

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Que faire ? C’est une question que les professionnels des médias se posent depuis plus de deux ans pour comprendre l’hostilité des députés à l’endroit du nouveau Code de la presse. Lors de l’examen du budget du ministère de la Communication, de l’Economie numérique et des Télécommunications, certains élus ont réitéré leur refus de voter ce Code qui devra régenter la presse. Depuis la dernière législature, l’obstacle est connu : il s’agit de la dépénalisation des délits de presse.
«Le seul obstacle du Code de la presse est la dépénalisation des délits de presse, tant que ceci est intégré dans le code, nous ne le voterons jamais», crache sans détour Alioune Aba Talib Guèye. «Il faut sécuriser le Code de la presse», persifle Abdou Ndiaye.
Face à Cheikh Bamba Dièye, ministre de la Communication, le refus a été clairement assumé par plusieurs députés. Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby), qui avait pourtant cautionné ce Code il y a quelques mois, a suivi la clameur de l’Hémicycle. Il soutient : «Nous sommes contre l’allègement du régime pénal applicable aux journalistes, pas de dépénalisation, c’est trop facile. Quand vous causez du tord à quelqu’un, la loi vous sera applicable, et quand c’est le journaliste qui est fautif, il ne sera pas poursuivi et il peut donc dire tout ce que bon lui semble. Et notre honneur dans tout cela», s’interroge-t-il. Ces réserves laissent entrevoir que le vote du Code de la presse est renvoyé sine die. A moins que le gouvernement et les professionnels des médias arrivent à convaincre l’Assemblée.

«La presse est libre»
En attendant, Cheikh Bamba Dièye, ministre de la Communi­cation, de l’Economie numérique et des Télécommunications a tenté de lever les équivoques et persuader les députés que cette disposition ne devrait pas constituer un obstacle pour son adoption. Il rassure les députés réticents : «le débat sur le Code de la presse est en train d’être complètement dévié par rapport à la dépénalisation. Il faudrait comprendre que lorsque l’ensemble de la corporation s’est réuni avec des jurys, des pratiquants même du droit, beaucoup de secteurs du domaine privé et du monde de la presse en général, un consensus a été trouvé entre les différents acteurs. Il a fallu trouver un consensus pour voir les voies et moyens pour permettre à la démocratie sénégalaise par rapport à la pluralité des médias et surtout à la liberté du journaliste de traiter l’information juste, de pouvoir avoir un Code qui organise ce secteur là». D’après Cheikh Bamba Dièye, le Sénégal ne peut pas rester en marge de l’évolution du monde : «Je pense que le Sénégal ne peut pas être en reste par rapport aux autres pays où la dépénalisation des délits de presse est contractée. Il ne s’agit pas comme d’aucuns le pensent une liberté d’insulter, ou la liberté de faire ce que l’on veut sans rien encourir, ce n’est pas cela. C’est une façon d’organiser le secteur de telle sorte que le citoyen puisse être alerte à lui-même, d’être protégé et être protégé efficacement par rapport aux dérives du monde de la presse. Le journaliste doit faire son travail dans les meilleures conditions.»
Par ailleurs, le ministre de la Communication rappelle «qu’il faut apporter un équilibre par rapport au traitement du journaliste : il y a un équilibre stable qu’il faut trouver. Cet équilibre passe par une certaine protection qu’il faut apporter au journaliste en lui permettant de pouvoir aller requérir l’information, de la traiter et de la mettre à la disposition des citoyens», note M. Dièye. Dans ses réponses aux députés agités par la dépénalisation des délits de la presse, il ne nie pas «le besoin impérieux de protéger le citoyen par rapport à son honneur, à sa crédibilité». Il estime que «le Code de la presse, en termes de sanctions et de catégorisation d’accès à la carte de presse, offre autant de dispositions et de positions qui vont permettre à chaque citoyen d’être protégé par rapport aux amateurs». En définitive, il conclut «qu’il faut aussi permettre à ceux qui pensent faire carrière dans le monde de la presse de pouvoir exercer librement leur profession et de l’exercer dans les meilleures conditions».
Il faut noter que le budget du ministère de la Communication, de l’Economie numérique et des Téléc­ommunications, a été arrêté à la somme de 11 342 517 860 Fcfa, contre 5 109 751 700 Fcfa en 2013, soit une hausse de 6 232 766 160 Fcfa en valeur absolue et 12,98% en valeur relative.

Stagiaire

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