La coalition Manko Wattu Senegaal est depuis quelque temps en proie à des dissensions. Une situation mise à nu par la rencontre entre l’opposition et le pouvoir sur le fichier électoral. La récente lettre envoyée par l’opposition à Macky Sall sur la gestion des hydrocarbures n’a pas non plus facilité les relations entre les membres de cette alliance. L’enseignant chercheur en sciences politiques, Maurice Soudieck Dione pense que l’opposition doit gérer ses divergences.
Après le Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr), l’opposition a mis sur pied la coalition Manko Wattu Senegaal. Cette alliance qui regroupe des partis de l’opposition, à l’instar du Pds, du Rewmi, du Grand Parti, et des membres de la société civile, s’est fixé des objectifs. La structure coordonnée par Malick Gakou se propose de défendre les libertés individuelles. Dans ce sens, elle a organisé une marche sévèrement réprimée, le 14 octobre dernier. Dernièrement, les opposants se sont attaqués à la question du fichier électoral en initiant une rencontre avec le chef de l’Etat qui a découlé sur plusieurs accords. Avant cela, une lettre a été envoyée à Macky Sall pour lui soumettre leur préoccupation sur la gestion des hydrocarbures.
Toutefois, la nouvelle coalition semble être rattrapée par ses tares congénitales. Elle fait face à un choc des ambitions que tout le monde voyait venir. L’audience accordée par Macky Sall à la coalition, le 1er décembre dernier, n’a pas arrangé les choses. En effet, cette rencontre a enregistré l’absence de plusieurs leaders tels que le coordonnateur Malick Gakou, Modou Diagne Fada, Idrissa Seck, même si ce dernier a été représenté. A la veille de la rencontre, Modou Diagne Fada avait décliné l’invitation, jugeant la rencontre sans intérêt. Le Professeur Malick Ndiaye en avait rajouté une couche en fustigeant la démarche adoptée pour organiser cette rencontre, car l’ancien allié de Macky Sall pense que le président de la République doit jouer un rôle d’arbitre dans toutes ces questions qui intéressent le processus électoral. ‘’Ce n’est pas à Macky Sall de dialoguer avec son opposition. Ce sont plutôt ses partisans à savoir Macky 2012, la coalition Benno bokk yaakaar, les sociétés civiles d’une part et d’autre part les non-alignés, notamment les partis regroupés dans l’Entente des forces de progrès, qui doivent nouer le dialogue avec les opposants comme Gakou, Idrissa Seck et autres. Le chef de l’Etat doit entrer en ligne de compte après cet exercice pour donner une décision arbitrale’’, a-t-il fait savoir à EnQuête.
Mais, le coordonnateur du Front pour la défense de la République avait jugé ces commentaires inutiles. ‘’On s’était mis d’accord. Nous-mêmes, nous avons écrit au Président qui a répondu. Il a demandé, en raison de son agenda, un report de deux jours de la rencontre. Où est le problème ? s’était interrogé Mamadou Diop Decroix. Pour ce dernier, ‘’il y en a qui n’ont pas un intérêt particulier à ce que le processus électoral retrouve sa crédibilité d’antan. Je n’ose même pas croire à ça. Il ne faut pas que les gens essaient de faire le buzz là-dessus’’, s’insurgeait-il. Après la rencontre, ces malentendus ne se sont pas dissipés. Ils ont plutôt conduit à des exclusions.
En effet, Ablaye Mamadou Guissé du Mcss, Ousmane Faye du Psdr/Jant BI et Pape Makhtar Diallo du mouvement des indignés du Sénégal se seraient auto-exclus du Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr) qui est membre de Manko Wattu Senegaal, d’après un communiqué de la structure. Dans la déclaration, Diop Decroix et Cie reprochent aux mis en cause ‘’de se consacrer de manière répétée à des attaques systématiques contre l’opposition plutôt que de s’en prendre au régime en place’’. En effet, les concernés se seraient illustrés en dénonçant la décision de Mankoo Wattu Sénégal de répondre à l’invitation du Président Macky Sall. Face à ces accusations, Ousmane Faye et Cie ont apporté la réplique en indiquant ‘’qu’ils ont destitué Mamadou Diop Decroix de la coordination du Fpdr et soutiennent que le leader du Psdr/Jant-Bi est le coordonnateur par intérim en attendant qu’un nouveau bureau soit désigné.
Par ailleurs, les dissidents n’ont pas mis du temps à intégrer la nouvelle coalition de l’opposition mise sur pied par le professeur Malick Ndiaye et dénommée ‘’Collectif des leaders Garmi’’. Les membres de cette coalition reprochent, entre autres, à leurs anciens collaborateurs ‘’d’appartenir à une classe politique qui a prouvé ses racines maçonniques de façon claire, en ne faisant pas la distinction entre le 2 juillet en France et le 2 juillet de l’année prochaine au Sénégal (date retenue pour les élections législatives et qui coïncide avec le mois de Ramadan).
Ce n’est pas tout, aujourd’hui, sera lancée une autre coalition dénommée ‘’Les forces de l’espoir’’. Ses principaux animateurs, dit-on, sont le Pr Moussa Touré, Ousmane Sonko de Pasteef, l’ancien ministre socialiste Ibrahima Fall et d’autres leaders de partis.
EnQuête