En défense de la République et des Jambaar : Le Dialogue Citoyen  

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  1. Introduction :

La crise du Dialogue dans ce pays, ce n’est pas seulement la Casamance et le système éducatif, le foncier des pays Lébou et les Ambulants de la capitale ou les éboueurs de l’Entente CADAKAR, mais elle concerne autant les  ferrailleurs de Dakar que les frustrations des régions périphériques et des communautés fortement ignorées ou marginalisées, dont les jeunes prennent le chemin des mers, des océans et de la Méditerranée – dans la méconnaissance totale de dangers et de situations cocasses, dont le taux élevé de morbidité n’est plus à démontrer.

Aussi le Dialogue ne concerne-t-il pas uniquement les belligérants politiques et les guerriers des Camps, des Fronts et des Coalitions en présence, mais il est d’abord et avant tout une Méthode Mobilisation Sociale. Tout à fait à l’opposé d’une technique de gouvernance équivalente à la ruse, et autres naxanté et mussanté.

  1. La Crise du Dialogue

Elle est donnée par le pathos (décousu) des grèves longues et récurrentes du système d’enseignement, mais aussi par l’incommunication persistante entre le Pouvoir et son Opposition légale, tant au niveau du Parlement que des institutions représentatives, et depuis la Société globale jusqu’aux unités plus réduites des ex-communautés rurales et des communes actuelles. Encore faudrait-il savoir ce qu’il convient d’entendre par Dialogue. Ce dernier ne saurait, en effet,  se réduire à des instances convenues ni à des partenariats choisis à la convenance du Pouvoir et de la nomenklatura ou des bureaucraties syndicales et  patronales, des sociétés civiles et/ou des groupes de pression les plus divers. Cette crise du Dialogue est lisible dans le domaine politique (Procès, puis emprisonnement de Karim Wade ; Affaire Aïda Ndiongue, Aziz Diop ; Embastillement de Me Amadou Sall et de M. Massaly, entre autres). Pour dire qu’au fond, et selon toute évidence, la classe politique ne produit plus la cohésion morale ni sociale, mais seulement de la désunion et de la vexation, sur fond de crise idéologique, théorique et intellectuelle patente. Pour qui daigne, évidemment, examiner les pratiques irréfutables, les actes consommés, les œuvres accomplies et les propos assumés, de même que le niveau des débats singulièrement modeste ainsi que et l’état d’esprit vengeur des débatteurs.

Ajoutez donc à ces données déjà compliquées de la crise intérieure casamançaise,   celle quasi frontalière du Nord Mali puis l’ouverture de ce nouveau front de guerre  impliquant 2100 Jambaar dans cette crise armée quasi trentenaire entre l’Arabie Saoudite et le Yémen, et vous comprendrez pourquoi l’Actualité et l’Urgence du Dialogue s’imposent  sinon comme une Tâche Nationale Patriotique, du moins comme un Devoir Elémentaire de Simple civisme. Aucun pays ne peut se permettre, sans en débattre sur le fond et la forme dans les termes convenus et les instances appropriées, une telle Bataille, sinon plusieurs Guerres à l’intérieur, aux frontières et à l’étranger, – les raisons puissent-elles être considérées nobles, saintes, religieuses ou économiques -, sans se parler, sans échanger, se convaincre, sans mutualiser et socialiser l’information ainsi que les tenants et les aboutissants d’une situation qui concerne la Nation entière, et dont dépendent nos existences individuelles et collectives. Qui peut douter un seul instant de la légitimité de la demande nationale et morale de Dialogue, dans ces conditions précises, où les actes de l’Autorité élue commandent la préservation de la Stabilité et de la Cohésion internes du Sénégal, de même que le crédit moral, politique et diplomatique du pays de Seydina Limamoulaye sur le plan arabo-africain, international et mondial ? On le voit bien que les politiques et les états-majors calculent d’après les alliances et les allégeances, mais à cela les Citoyens sont-ils tenus ? Aucunement.

C’est la raison pour laquelle le Comité d’Initiative des Intellectuels du Sénégal (CIIS) en appelle aux Hommes et Femmes de Lettres et de Culture, de même qu’aux Citoyens de toutes sensibilités et de toutes obédiences, pour agir délibérément en Amis de la Vérité, du Bon sens et de la Raison, au sujet de ce problème poignant et pressant de l’heure : la multiplication remarquable des fronts des luttes : intérieure, frontalière et extérieure comme défi à la démocratie sénégalaise, ainsi que approches et les options de la Nation entière pour faire face, de manière Unie et Solidaire, entre autres,  selon la Stratégie du Dialogue Sociétal (S.D.S.).

En effet, dès l’instant où notre pays a été engagé de plain-pied dans cette lutte contre le Terrorisme international en particulier, la pire des défaites pour notre Démocratie pleine de promesses serait de considérer – en l’absence du Dialogue Sociétal fondamental -, l’indignation vertueuse, l’agitation gréviste, l’emprisonnement de tout ce qui bouge, les propos comminatoires, la surenchère, les appels à la violence et à la sédition, ou encore les différentes formes de passage à l’acte, comme les seules formes de communication audibles et crédibles ! La Guerre n’est pas un jeu, ni une affaire des seules Autorités. Mais une Epreuve (au sens fort) de toute la Nation, dès lors doit prendre ses responsabilités pleines et entières. Si ce n’est en défense et solidarité aux Jambaar envoyés sur les Fronts en notre Nom, du moins pour la Stabilité de notre Etat ainsi que le Crédit de notre Nation, sans oublier nos  intérêts bien compris.

  1. Le Dialogue sociétal  versus les Stratégies du bord du gouffre

  A l’expérience du premier semestre 2015, le constat est indéniable – tous les signes évidents sont là, d’une société bloquée en proie à des conflits aussi sévères que démesurément longs et à des stratégies du bord du gouffre. Et ce, tant de la part des Autorités que de segments et milieux en lutte (Universités, Santé, Education, etc.). Cependant, avec cet Acte de Guerre qui, tous nous concerne, tant les Elus, les Dirigeants et les Citoyens, que les organisations et les partis, les associations,  etc., il sied de clôturer l’époque  précédente du Pseudo-dialogue. Non seulement, elle ne nous fait plus rire au regard de ce qui vient droit devant, mais selon toute vraisemblance, la Nation ne pourra se défendre que si elle est instruite, et ne pourra se mobiliser en défense des Jambaar que si elle est informée, i.e. édifiée sur le fond, concernant les tenants et les aboutissants. Non de la part du Ministre des Affaires Etrangères, mais du Président de la République qui est tenue de s’adresser à l’opinion, et le plus tôt sera le mieux.

 Le Dialogue Sociétal obéit en effet à des règles minimales de bienséance et de probité, de respect des conventions et des principes. Dialoguer veut dire en un sens partager avec le souci de convaincre et non de contraindre ou d’en rajouter à la confusion. Il ne s’agit donc pas d’obtenir par la force, le mépris la menace ou la ruse, une adhésion à la Pyrrhus ou aux forceps (CNAES). Ni de baptiser un « Conciliation et d’Arbitrage » en cas de conflits : « Haut Conseil pour le Dialogue Social » et de se retrouver avec une grève des Enseignants du Secondaire qui aura montré les dangers d’une confusion conceptuelle au moment de l’action effective. Sans parler de la Grève du SAES Mary Teuw-Pécresse qui a tout de même fini par être reconsidérée sur le fond !

Alors, il serait peut-être temps, – plus que temps -, de lever les équivoques sur les plans conceptuels autant que praxéologiques : un Contrat d’accord parties pour un « Climat Social Apaisé » n’équivaut nullement à un « Pacte de Stabilité Sociale pour l’Emergence Economique ». Pas plus que le CESE actuel ne saurait jouer le rôle d’un Sénat qui ne dit pas son nom, au même moment où l’Assemblée Nationale a réalisé l’exploit d’écouter sans débats, le Message de l’Exécutif par rapport à l’envoi de plus de 2000 soldats dans un conflit armé qui ne sera pas une promenade de santé, ni une simple mission de paix, mais bien une Guerre (M. Abdoul Mbaye).

  1. Le Non Dialogue organisé et les formules d’approfondissement de la Crise d’Autorité

Parlons net ! Le Dialogue que nous avons en vue, ce ne sont pas ces lieux de non-débats par excellence que sont les « Duels » et les « Jakarloo » des émissions radiotélévisées, ni les propos aventureux « Wone sa Jikko », de « Wax sa Xalaat » ou Conférences de presse improvisées. Il ne s’agit pas non plus de ces séances internet de « tirs au pistolet ou à la carabine » entre Partis ou représentants de Partis et de Coalitions, où l’on confond allègrement débats et invectives, propagande et pédagogie, insolence et arguments, informations et lamentations, etc.

Le Dialogue n’est pas une Utopie ni un Leurre, encore moins un faire-valoir, mais un élément fondateur et fédérateur de toute Nation forte, lequel,  par les consensus vrais qu’il autorise et les équilibres majeurs qu’il met en place, de même que les règles d’équité et de justice, qu’il énonce et les inégalités non légitimes qu’il dénonce, libère les énergies de la Nation autant que les intelligences de la société, de l’Etat, de l’entreprise, de l’économie comme de la culture et des arts.

Le manque de dialogue, ou encore pire, la Stratégie de non-dialogue favorise, comme de bien entendu,  les injustices et les passe-droits qui minent le corps social global, déconstruit les coutures sociétales avant de promouvoir  la Violence  comme seule  parade et ressource opposable à des institutions muettes, verrouillées ou  soumises à des impératifs de contrôle et d’administration incompatibles avec le souci de cohérence, de cohésion et de concorde indispensable à l’atteinte des objectifs communs, y compris le PSE…. Outre qu’il désoriente, le Non-dialogue favorise donc l’Incommunication, enlaidit les vertus et embellit les vices courants, en même qu’il dénigre les valeurs sociales porteuses auxquelles il substitue des contre-modèles ou des clichés et autres stéréotypes désobligeants et navrants.

Aussi la crise du Dialogue Sociétal au niveau global comme dans les   compartiments, les institutions et les organes spécialement créés à cet effet, sape-t-il l’Autorité autant que l’Education, depuis les plus jeunes aux plus âgés, cependant qu’une Nation en guerre (au-dedans (en Casamance), au Nord-Mali et en Arabie) appelle un moral de fer et une cohésion forte, un patriotisme de tous les instants, au contraire de l’Incommunication persistante qui démobilise plutôt, là où il est question d’informer, d’instruire et d’éduquer pour faire un  Front Uni national souhaitable en temps de Guerre, plutôt que des mots de pique ou des paroles assassines qui souligne l’irresponsabilité des classes politiques et de leurs relais, lorsque le pays est positivement en Guerre.

  1. L’Enjeu du Dialogue hic et nunc

C’est pourquoi l’enjeu du Dialogue n’est pas – loin de là – la Parlote, ni la Palabre, mais Dëgg la Vérité, Dissoo et la Concertation Ce que nous voulons ce n’est pas Politig ni Pene Tigi, mais bien Tooña !

De là à considérer que le non-Dialogue et l’Incommunication prévalant de nos jours  constituent autant de stratégies de gestion et de management des relations publiques destinées à fragiliser – par freinage et émiettement – tout élan ou sursaut national patriotique, civique ou citoyen et démocratique ou républicain dans ce pays, il n’y a qu’un pas. Mais, nous ne le franchirons pas. Car en vérité, depuis la Première en 2000, puis la seconde Alternance en 2012, la tendance au Dialogue et à la Convergence, par-delà les barrières artificielles et les clivages de type politique, de l’intérêt, du profit et des privilèges, a nettement pris le dessus sur les stratégies de démembrement et d’endiguement de la conscience collective.

C’est la raison pour laquelle, ce Dialogue Sociétal qu’il s’agit de réhabiliter, de conforter  et d’étendre, d’honorer et de généraliser  constitue, au contraire des méthodes qui avaient misé délibérément sur l’ignorance, la violence et la peur, sinon l’intoxication et le vraisemblable, un phénomène citoyen et une construction sociale républicaine et démocratique.

A tous les niveaux donc, ce Dialogue pleinement considéré et conceptualisé, qu’il s’agit de promouvoir en termes de comportements et d’attitudes, d’état d’esprit et d’engagement,  sera l’instrument principal du Remembrement en cours de la Conscience collective ; et par suite, le ferment de la recomposition cette Cohésion perdue des élites, des masses et de la société entière autour des questions stratégiques qui sollicitent notre pays à l’intérieur comme à l’extérieur ou dans la sous-région immédiate et aux frontières.

Car après tout, s’il est de notoriété publique que le Non-Dialogue favorise la préservation de positions indues et d’intérêts obscurs, de même que l’Accaparement sans pitié et la dissipation de la richesse commune, il n’en est pas de même du Dialogue de la Société avec Elle-même. Pour tout dire, le processus de construction du Dialogue Sociétal i.e. Citoyen – tant au niveau de la Société globale, de l’Etat, de l’économie, de l’entreprise et des institutions, des Programmes et des Plans comme le PSE, etc. -, rime fondamentalement avec Transparence, Débats ouverts, Stimulation intellectuelle, Sens de l’écoute des Autres, Ouverture et Humilité, là où les situations confuses font le lit des monologues des dictateurs ou des apartés des conspirateurs, du silence (des agneaux) et de la… chienlit (des anarchistes).

  1. Conclusion

Au total, le Dialogue est indispensable tout de suite et maintenant, et la Concorde souhaitable. Singulièrement, en ces temps de crise persistante des Universités (Thiès et Ziguinchor par exemple) et de l’Education ou de la Santé et du foncier urbain, rural et périurbain, etc., nous interpelle, de même que la crise en Casamance, l’ébullition du Front social, le début d’application des Réformes du PSE, la condamnation de Karim Wade et la suite programmée de la « Traque des biens mal acquis » ;  les nombreux prisonniers de Reubeuss caractère notoirement politique, l’incommunication Pouvoir / Opposition, à commencer par le Parlement ;  les controverses sur la réduction du Mandat et sur la Transhumance, etc., sans compter notre devoir impératif de cohésion rapide et de mise en ordre de combat, en défense des Jambaar de Saoudi /Yémen, de Casamance, du Nord Mali et d’ailleurs !

Il n’y pas d’autre méthode pour venir à bout d’une crise de l’Autorité de la Société sur son propre Agenda qui, si l’on n’y prend pas garde, se développera en une crise de confiance à l’égard de l’Etat et des institutions, laquelle sera plus éprouvante et autrement plus meurtrière qu’une balle de fusil, une grenade ou un missile !

En somme, le Dialogue n’est pas un luxe ni une faveur mais un mécanisme basique du jeu démocratique multipartisan sénégalais susceptible d’enrayer le processus actuel de généralisation de la crise de confiance de la Société sur elle-même et sur l’Etat.

Professeur Malick NDIAYE, Sociologue, UCAD
Coordonnateur du Comité d’Initiatives des Intellectuels du Sénégal – CIIS

Fait à Dakar, le 19 mai 2015

 

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