Engouement pour la journée du 8 mars : Les femmes de ménage préfèrent le 30 ou le 31 !

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Aujourd’hui, 8 mars, est célébrée la Journée internationale de la femme partout dans le monde. Au Sénégal, loin des hôtels qui accueillent les officiels, loin des manifestations folkloriques qui polarisent les militants du parti au pouvoir, des visites de la tutelle sans suite conséquente, des femmes traînent leurs souffrances. Pour les femmes de ménage victimes de leurs consœurs, les porteuses du virus du Sida et de la fistule obstétricale, 2012 est loin d’être un tournant dans l’amélioration de leurs conditions de vie.

DANS L’UNIVERS DES FEMMES DE MENAGE DE LIBERTE VI : Mieux vaut la fin du mois
Ce jeudi, 8 mars, est considéré comme un jour ordinaire chez les femmes de ménage à la recherche d’emploi qui ont pignon sur rue au rond-point de Liberté VI. Tout le contraire, des 30 et 31 du mois. A ces périodes, l’argent rentre pour certaines qui sont parvenues à s’insérer dans le tissu socioéconomique. Venues de divers horizons, ces femmes de tous âges, se rassemblent ici tous les matins jusque tard dans la nuit. Leur seul souhait, c’est de voir se pointer un chef de famille désireux de leurs services de femme ménagère. Regroupées en groupes, le plus souvent par tranche d’âge, elles meublent le temps par des discussions sur tous les sujets actuels. Du ménage au baby-setting en passant par le nettoiement, la cuisine, elles ne demandent que cela. Ce qui garantit à ces femmes soumises aux rigueurs de l’exode rural une vie meilleure ainsi que celle de leurs progénitures laissées au village. Plus de la moitié d’entre elles sont issues du milieu rural appauvri par le phénomène de l’accaparement des terres. Une richesse qui permettait jadis aux populations rurales de gagner dignement leur vie.

Face aux femmes de ménage, le fait de parler de la journée du 8 mars, c’est comme leur parler en chinois. Ces femmes avouent ne rien savoir sur cette date qui leur est pourtant dédiée. Elles se demandent même ‘est-ce que cette journée est payante’. Ce qui intéresse ces femmes, pour la plupart analphabètes, c’est plutôt les journées du 30 ou 31 de chaque mois. La raison, c’est que ces dates sont synonymes de paie, méritée grâce à la sueur de leurs fronts. ‘La journée du 8 mars est sans importance’, estime Marème Faye, postulante en cuisine. Originaire de la région de Diourbel, elle soutient que la seule chose qui les importe, c’est de trouver du travail. ‘Cette journée est faite pour les femmes qui ont du temps à perdre’, fulmine-t-elle. Moins acerbe, Fatou Sarr lavandière, originaire de la vieille ville de Rufisque, pense que ‘Dieu a déjà donné de la valeur à la femme’.

Assises un peu à l’écart, quatre autres femmes, visiblement moins âgées, devisent. Le ton monte. Elles rechignent au renvoi d’une de leurs consœurs de son lieu de travail sans raisons apparentes. La ‘victime’, Seynabou Sarr, âgée d’une vingtaine d’années, les tresses à moitié défaites, le visage crispé par la colère, garde le silence. Ses amies assises sur des cartons étalés à même le sol compatissent et accusent son ex-patronne ainsi que les autres par la même occasion de tous les péchés de leur univers incertain. Ces renvois font partie des difficultés que les femmes de ménage rencontrent dans leur quête d’un mieux-être par le travail. Maty Diédhiou, 19 ans témoigne : ‘Des clients viennent nous chercher, ils te font travailler un mois puis te renvoient et refusent de te payer’. Pire, souligne sa consœur Ami Diouf, la trentaine, le teint ravagé par la dépigmentation : ‘Parfois pour se débarrasser de toi, ils (les patrons : Ndlr) t’accusent de vol’.

Suffisant pour que la lavandière Fatou Sarr prône l’équité et l’égalité des femmes. Maintenant qu’elle sait l’importance du 8 mars, une journée en pleine période électorale, Fatou Sarr estime que la meilleure façon de rendre hommage aux femmes – elle s’adresse surtout à Macky Sall qui, selon elle, sera le prochain président – ‘c’est de mettre toutes les femmes sur un pied d’égalité’. Mieux, cette native de la ville de Rufisque s’empresse d’ajouter que le prochain régime leur trouve du travail afin qu’elles puissent s’insérer.

Ce lieu de ralliement des femmes de ménage à la recherche d’emploi accueille tous les jours, de nouvelles vagues, renseigne l’une d’elles qui souhaite garder l’anonymat. Une situation qui fait du rond-point de Liberté VI un réservoir de main-d’œuvre.

(Réalisé par Diomma DRAME, Maria DA CRUZ, Fatou LY et Abdoulaye SIDY)

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