Le manager de Boy Niang, Bourkhane Wade est un homme comblé depuis la victoire de son poulain sur Sa Thiès, le 11 mars dernier. Dans cette interview qu’il nous a accordée, le manager du Baye Fall de Pikine est revenu sur le combat de la semaine dernière, l’avenir de son protégé, mais aussi le titre de roi des arènes.
Comment avez-vous prépare le combat au sein de l’écurie ?
La préparation était très difficile, car l’enjeu était grand. J’ai l’habitude de dire, on ne peut pas gagner un combat, sans connaître sa valeur. Et heureusement pour nous, on savait à quel genre de combat s’attendre. C’est la raison pour laquelle, nous avions envoyé Boy Niang en France pour une partie de sa préparation. Nous voulions qu’il se renforce sur le plan physique et la vivacité. A son retour, nous avons travaillé sur la technique et la manière dont il devait lutter contre son adversaire. Pour cette partie, il a vite assimilé les consignes. Nous avons aussi travaillé la boxe avec le staff.
Sur le plan mystique, est ce que c’était facile de préparer un combat contre le fils de Double Less ?
Boy Niang est issu de deux grandes familles religieuses. Il vient d’un village du nom de Sambe, un village très mystique. En plus, il est dans une famille de Chèrif. C’est le petit-fils de Cheikh Yèrim, père d’El hadji Sambe Ndoucoumane qui est le père de sa mère. Il ne faut pas aussi oublier que tous les Chérifs de ce pays prient pour lui. Donc, vous savez qu’il a des garanties sur le plan mystique. C’est pourquoi, on n’a jamais pensé qu’il pourrait être atteint sur ce plan.
Pouvez-vous revenir sur le combat et la manière dont Boy Niang a lutté ?
Nous avons une philosophie, c’est-à-dire bloquer la balle, avant qu’elle ne rebondisse. Nous avions deux options pour ce combat. Pour la première, on s’était dit que Sa Thiès avait terrassé tous les lutteurs qui l’ont attaqué. Donc, il fallait que Boy Niang l’attende. L’autre option est que Sa Thiès est un lutteur qui va chercher son adversaire. Donc, il fallait le devancer sur ce plan. Au final, nous avons opté pour la deuxième tactique, en travaillant la vivacité. Je vais vous dire une chose. Boy Niang était prêt sur tous les plans. Le combat aurait été beaucoup plus difficile pour sa Thiès, s’il n’était pas tombé après avoir pris le coup.
Jusqu’à quel niveau cette victoire peut-elle porter Boy Niang ?
Je le dis et je le répète. Aucun lutteur dans l’arène ne peut refuser Boy Niang. Il a fait ses preuves et il fait partie maintenant des Vip de la lutte avec frappe. Il est prêt à affronter tous les lutteurs dans l’arène, hormis les lutteurs de Pikine. C’est un jeune et la lutte est son travail. Il a fait ce qu’il devait faire. Tout le monde sait que ce combat était un examen pour les deux lutteurs. Boy Niang l’a remporté. Donc, vous savez tous contre qui il doit lutter désormais.
Vous pensez à qui …?
J’ai entendu dire que Modou Lô détient une avance de Leewto Production. Et comme il refuse de croiser Ama Baldé, je pense qu’il peut donner la chance à Boy Niang. Il faut que les ténors donnent la chance aux jeunes qui viennent d’accéder dans la cour des grands. C’est ce dont la lutte a besoin. Je pense que c’est un combat qui s’impose, vu que Balla Gaye et Gris Bordeaux sont sous contrat. Lac de Guiers aussi a été suspendu. Donc, il ne reste que Modou Lô.
On a entendu Boy Niang dire qu’il ne veut pas croiser Balla Gaye 2. Vous en dites quoi ?
Je pense qu’il ne faut jamais faire ce genre de déclarations. On a vu des gens tenir de tels propos et au final, le combat est monté. Je pense que s’il a dit cela, c’est juste parce que Balla Gaye 2 est sous contrat. Je n’aime pas parler d’un lutteur qui est sous contrat, car pour moi, ce n’est pas professionnel. Il faut lui laisser le temps de se concentrer sur son combat et on verra pour la suite. Mais encore une fois, personne ne sait ce qui va arriver demain.
Que pensez-vous de la déclaration de De Gaule qui disait que c’est Moustapha Guèye qui a donné les clés de la victoire contre Sa Thiès?
Il ne faut pas oublier que le père de Boy Niang était à l’écurie de Fass avec Moustapha Gueye. Donc, c’est normal qu’il lui donne des conseils pour son fils. Par contre, je pense que la victoire est le fruit du travail de l’école de lutte Boy Niang. Tout le staff a travaillé très dur pour cette victoire. Nous avons tout fait pour mettre Boy Niang dans les conditions de performance. Nous savions où la victoire peut nous mener. La victoire est celle de tout le staff qui a travaillé pour ce résultat.
Qu’est-ce que cela vous fait de voir votre poulain atteindre la cour des grands ?
Je suis heureux, car c’est une fierté de commencer avec un lutteur et de le voir intégrer la cour des grands. C’est une récompense pour tous ce que nous avons fait depuis le début de sa carrière. Boy Niang est comme un fils pour moi, au-delà d’être son manager. Je travaille beaucoup avec lui sur le plan moral, car c’est important.
Quel commentaire faites vous de la polémique entre Ama Baldè, Boy Niang et Eumeu Sene qui secoue Pikine ces derniers jours?
C’est un problème qui nous a vraiment dépassé. Vous avez vu tous qu’il y a eu des insultes et les tee-shirts d’Ama même ont été brûlés. Mais, nous remercions le bon Dieu, car on a travaillé pour ramener le calme dans la ville. Les supporters se sont retrouvés. Ama Baldè et Boy Niang ne sont plus des amis, mais des frères. Heureusement que leur amitié est sincère. Eumeu Sène aussi s’est comporté comme un grand frère. Tout ce que je leur dis, c’est de ne pas laisser les gens entrer dans leur relation. Ils se connaissaient bien avant d’être célèbres. Nous avons déjà six points sur nos dernières sorties. Nous prions pour Eumeu, afin que la ville de Pikine puisse avoir 9 points sur 9 possibles.
C’est quoi le rôle du manager ?
Je ne suis pas un manager qui va chercher seulement de l’argent. Je participe à la préparation du combat. Je suis même dans le domaine mystique. Je travaille aussi sur le moral du lutteur car un bon athlète doit avoir un bon moral. Sans un bon moral, ce sera difficile de travailler avec lui. Je vais à l’entraînement et je participe au travail d’atelier. Il ne faut pas oublier que je suis un ancien lutteur. J’ai été aussi secrétaire général de l’école de lutte Pikine Mbollo pendant deux mandats, avant de rejoindre l’école de lutte Boy Niang. J’interviens dans beaucoup de domaines.
Selon vous, l’amitié entre lutteurs ne va-t-elle pas nous conduire à un manque d’affiches dans l’arène ?
Il y a des lutteurs qui ne pourront jamais se croiser. Ils habitent dans des quartiers rapprochés. S’ils s’affrontent, ça n’amènera que des problèmes. Par contre, Pikine est une grande ville. Les lutteurs de l’école de lutte Boy Niang, Pikine Mbollo et de l’école de lutte Falaye Balde ne peuvent pas se croiser. Maintenant, les autres écuries qui sont plus éloigné doivent s’affronter. Pour moi, il y a des écuries qui pouvaient jumeler, car elles sont proches.
Et le titre de roi des arènes ?
Je pense qu’il faut croire à quelque chose. Tout le monde ne peut pas être président. Seul un lutteur d’entre eux peut devenir roi des arènes. Les trois écuries sont trop rapprochées. Ils ne peuvent jamais s’affronter. Maintenant le Cng peut régler le problème en obligeant certaines écuries à être ensemble.
