Fermeture du marche Sandaga: Des commerçants émus et consternés

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Venus récupérer leurs bagages qui se trouvent à l’intérieur du marché Sandaga, fermé depuis vendredi à minuit par arrêté préfectoral, les commerçants rencontrés lundi matin sur les lieux sont dans l’émoi et la consternation. Ces derniers doivent montrer patte blanche au niveau de la seule porte ouverte et hautement sécurisée par les forces de l’ordre, puis escortés par un agent de la municipalité sous la supervision d’un policier, pour récupérer leurs marchandises.

Connu pour être un haut lieu de négoce dans la capitale sénégalaise, le marché Sandaga affiche un autre visage ce lundi matin. Les forces de l’ordre veillent au grain aux alentours du marché pour éviter un quelconque problème. Les commerçants qui détiennent des étals dans le marché, fermé depuis vendredi à minuit, se mettent en rang pour accéder à l’intérieur de la vieille bâtisse pour récupérer leurs bagages. Il y a une seule issue fortement sécurisée par les forces de l’ordre et les agents de sécurité du marché. Il faut montrer patte blanche au niveau de la porte avant d’être escorté par un agent de la municipalité jusqu’à sa boutique pour récupérer sa marchandise.

Oumar Soumaré, surveillant au marché, explique que « Pour accéder à l’intérieur du marché, il faut d’abord s’identifier au niveau de la liste que détient le délégué du marché. Après, un agent de la municipalité ou un policier accompagne le commerçant jusqu’à sa boutique pour qu’il récupère ses bagages. » Oumar Soumaré de renchérir « ces mesures ont été prises pour éviter que certaines personnes viennent s’infiltrer dans les rangs pour aller dérober les bagages d’autrui. »
Le décor est désolant à l’intérieur du vieux bâtiment sous verrou. Un calme plat, un plafond qui mène de tomber à tout instant, une odeur fétide, la saleté qui jonche le sol, des chats qui se faufilent entre les étals, c’est le spectacle qu’offre le marché Sandaga, ce lundi matin. Cependant les commerçants trouvés à l’intérieur du marché étaient dans l’émoi et la consternation. Cette décision n’est pas de leur gout si on se réfère à leurs propos. Ces derniers qui ne se sont pas encore remis de cette décision de fermeture du marché se disent surpris et impuissants.

Ndiouga Diop, provendier, s’évertue à enlever les quelques tablettes d’œuf vides qui se trouvaient encore dans sa boutique. Très en verve, Ndiouga Diop raconte « j’étais à Louga pour les besoins de la Tabaski. C’est le vendredi après midi que mon fils m’a appelé pour m’informer de la décision du préfet de Dakar. J’ai alors demandé à mon fils de récupérer tout les œufs qui s’y trouvaient et l’argent que j’avais mis dans un coin. » Affirmant exercer ce métier depuis 1971 dans ce marché, Ndiouga Diop, sexagénaire, renchérit « j’ai transformé la chambre de mon fils en dépôt d’œufs car je n’ai pas encore de boutique pour continuer mon commerce car l’endroit qu’ils nous ont proposé est infeste et n’est pas encore disponible.» Même cri de cœur pour Marième, une commerçante venue récupérer sa marchandise retrouvée coincée dans le marché, sous les verrous depuis vendredi soir.

A en croire Marième, c’est sa maison qui fait office de dépôt. Marième déplore « ce n’est pas normal que le préfet attende notre absence pour nous faire ce coup bas. En ce moment je suis obligé de sortir toute ma marchandise pour ne pas tout perdre car il y a des rats partout. Je ne peux même pas vous dire à quoi ressemble ma chambre.» En revanche, d’autres commerçants ont préféré laisser leurs marchandises sur place. Barry, trouvé sur les lieux entrain de ranger ses bagages, ne sait pas à quel saint se vouer.

Très remonté contre cette décision, Barry déplore « cette situation nous a pris au dépourvu. Je ne peux pas prendre mes bagages car je ne sais pas où les mettre. » Face à cette situation d’impuissance, Barry qui était venu mettre de l’ordre au niveau de son étal, fustige « je suis obligé de venir voire mes bagages car, quand c’est fermé longtemps, les rats percent les sacs. Voyez-vous, le sac de maïs a été perforé par les rats. » Ne travaillant plus, et n’ayant aucun autre revenu, Barry en profite pour prendre quelques marchandises chez lui, en guise de ravitaillement.

Par ailleurs la fermeture du marché ne s’est pas limitée aux seuls occupants qui se trouvent à l’intérieur du bâtiment qui menace de s’écrouler. Même les cantines qui jouxtent la bâtisse sont fermées. Les tenanciers de ces boutiques venus très tôt le matin pour vaquer à leurs occupations se sont vus interdire l’accès. Moussa Guissé, jeune commerçant, ne trouve pas les mots pour expliquer cette interdiction.

Ainsi Moussa fustige « je ne comprends pas pourquoi on nous interdit l’accès à nos boutiques du moment que nous ne sommes pas à l’intérieur du marché. La fermeture du bâtiment qui menace de s’écrouler ne nous concerne pas. Il faut qu’on nous laisse ouvrir nos magasins ». Toutes les autres portes du marché Sandaga sont fermées et gardées par les forces de l’ordre pour éviter toute tentative de vol. Cependant, seuls les commerçants qui ont leur commerce au rez-de-chaussée ont accès, pour le moment, à l’intérieur du marché. Ces derniers doivent d’abord sortir leurs marchandises avant que l’accès ne soit autorisé aux autres qui se situent à l’étage et au sous-sol.

sudonline.sn

1 COMMENTAIRE

  1. Cette mesure salutaire aurait dû intervenir depuis la Magistère de Pape Diop qui nous assurait, à l’époque que ce marché allait être évacué et réfectionné avant les locales de 2009!
    Cette situation ne pouvait plus durer, au moment où toutes les villes du monde aspirent à être des lieux agréables à vivre!
    Je défie quiconque de me citer une seule ville, grande ou moyenne du monde hors Afrique noire qui ressemble à un gros village avec son lot de désordre, d’insalubrité, et de vacarme !
    Le monde a tellement changé en moins de quarante ans, que nous ne pouvons plus faire figure d’exception en matière d’environnement et de modernisation!
    J’exhorte monsieur le Préfet à faire en sorte que de Sandaga à Petersen, les populations qui viennent dans la Capitale s’y sentent à l’aise dans un environnement digne du 21ème siècle !
    Nous ne pouvons plus continuer à admirer les Villes du Maghreb qui ont dépassé ce stade depuis au moins trente ans, alors que leurs villes étaient aussi désordonnées que les nôtres!

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