Gestion de l’agence de l’informatique de l’Etat : Le nouveau Dg Khassoum Wone en «flagrants délits de dérives»

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Sale temps à la très stratégique et sensible Agence de l’Informatique de l’Etat (Adie). Khassoum Wone,  nommé il y a trois mois, «fait la pluie et le beau temps», pour reprendre l’expression en vogue dans cette structure. On nous apprend que depuis son arrivée, Wone gère les choses de «façon unilatérale, avec beaucoup d’arrogance et de suffisance». Enquête.

 

 

«L’ambiance n’est pas propice au travail», murmure un agent de l’Adie que La Tribune a rencontré. Au-delà de la «contorsion de la législation sénégalaise», il s’y ajoute une «dictature, du népotisme qui font frémir. Après trois mois de «règne», tient-on à préciser. Dans l’appréciation de beaucoup de travailleurs de l’Adie, la gestion de Khassoum Wone  fait déjà office de tache noire pour le bilan du régime du Président Sall. Un bilan qui dépasse à peine 100 jours.

Aujourd’hui à l’Adie, selon des sources bien informées, l’évolution des agents se fait selon les humeurs  du «tout nouveau Super Dg».

 

Là où le bât blesse…

 

L’Adie est une structure de grande importance dans le fonctionnement de l’Etat (Téléphonie de l’Etat, Intranet Gouvernemental, Messagerie de l’Etat…). Elle est aussi réputée pour le professionnalisme de ses agents. Aujourd’hui, les fils de connexion laissent des fuites. On indexe une gestion favorisant l’injustice, le népotisme, la préférence partisane. Tout le contraire des valeurs de rupture prônées par le nouveau pouvoir.

A l’Adie, on s’insurge contre des mesures peu favorables à la bonne marche de la structure. «Tout le temps, la mission des employés de l’Adie a tenu autour de deux paramètres fondamentaux : servir l’Etat et s’acquitter des tâches qui requièrent un haut niveau de qualification. Ici, la majorité est composée d’ingénieurs. Ce double statut ne s’accommode pas du non-respect des missions qui leur sont assignées», argue-t-on. Ces agents se disent dès lors très surpris par le discours «agressif» de leur nouveau Directeur général qui, à la passation de service, avec son prédécesseur, a aligné une batterie de menaces. Il disait notamment : «…A l’Adie, on ne faisait pas grand-chose», «des milliards ont été engloutis sans résultats». C’était pour ensuite annoncer des «audits», parce qu’«il y a des choses nébuleuses», des «changements dans le fonctionnement et dans l’organigramme», dans les plus brefs délais. Il a aussi mis en garde «les personnes qui étaient-là payées, à ne rien faire».

 

 

Ignorance et excès de zèle

 

Pour eux, cette posture cache mal «une ignorance totale du fonctionnement de l’Adie». Car le véritable organe exécutif de l’agence est le Conseil de Surveillance et que l’Adie, à sa création, n’avait qu’un budget d’un peu plus de deux milliards et qu’au dernier exercice fiscal, elle a eu à bénéficier du ministère des Finances d’une dotation de presque d’un peu plus de un milliard y compris les salaires, nous renseigne-t-on.

Les premiers actes posés par le nouveau Dg Khassoum Wone n’ont pas été appréciés. Il y a notamment ce que les travailleurs de l’Adie appellent  un «cours magistral hebdomadaire du mercredi, de 11h à 15h». Un cours obligatoire pour tous les agents, sauf le personnel d’appoint. «Une réunion générale qui, en réalité, n’est pour le Dg que l’occasion de mieux se défouler sur un personnel tenaillé par la faim et la fatigue ; cette heure étant indiquée par la loi pour la pause dans l’Administration», s’indignent nos interlocuteurs. Il y a aussi l’obligation pour tout collaborateur de demander une audience aux fins de voir le Dg, y compris les Directeurs de services, quelle que soit l’urgence. Sans compter que désormais, le Dg gère, avec le service de gardiennage, le contenu des visites, fut-il intime, de tout agent de l’Adie comme rapporté d’ailleurs récemment par nos confrères de L’Enquête. Une dernière gaieté sur ce chapitre : Monsieur le Dg s’est payé le luxe d’une demi-journée de réunion pour faire la distribution des places de parking, ainsi que l’obligation pour tout agent de le mettre en premier place lors de l’envoi de mail en copie. Ce, en respect à son rang de Directeur.

 

Dans le quotidien des agents de l’Adie, il faut maintenant s’en remettre au «tout puissant Dg» pour entamer toute initiative, mais aussi avoir les oreilles solides pour supporter «ses coups de colère». «Il crie sur tout le monde, pour n’importe quelle raison, et partout», renchérissent nos sources.

 

Résultat des courses : un climat délétère règne dans ce lieu où la sérénité devrait être de mise. «Tous ceux qui ne sont pas avec le Dg sont forcément et automatiquement contre lui».

 

Népotisme

 

Le «népotisme ambiant est dénoncé. Mais pour lui, cela à une explication : «à compétence égale, (il) prend les gens qu’il connaît», tout le contraire du principe qui prône «la patrie avant le parti». C’est pourquoi, il est venu avec un Directeur Administratif et Financier, commissaire aux enquêtes économiques de formation. Lequel s’est prévalu sur son Cv d’un statut d’ancien président de jury au concours d’entrée à l’Ena, responsabilité revenant exclusivement, selon un arrêté du Premier ministre N°010446PM/Ena du 04/Octobre 2011 ouvrant les concours directs et professionnels d’entrée aux cibles A et B de l’Ena section 2011», à un Inspecteur général d’Etat.

 

Toutefois, ce cas semble négligeable comparé au tapis d’or déroulé par le Directeur pour l’épouse d’un de ses amis d’enfance, du nom de Pape Diané. Un riche industriel installé aux Etats-Unis et disposant d’une usine à Diourbel sur la route de Touba, au poste de Directeur des Relations Extérieures et de la Communication. Il ne nie pas, mais semble, au contraire, avouer sa proximité avec la dame et l’amitié avec son mari. La dame en question c’est Mme Fatimetou Diop Diane. Elle a eu son Bac en 2004 en Mauritanie…et son Master 2 en Optoélectronique-Hyperfréquences en 2010, nous informe-t-on. Elle n’aurait jamais travaillé auparavant, et n’avait pour seules expériences professionnelles que quelques vacations dans un institut de formation à Dakar.

 

D’ailleurs, le plus cocasse est que cette même dame devenue Directrice aujourd’hui, serait venue déposer une demande de stage à l’Adie, quelques mois avant l’arrivée du Dg Khassoum Wone. Wone,  «aurait évoqué le statut de cas social» de sa collaboratrice, épouse de son ami d’enfance. Lui, le grand Dg, «capable de nommer qui il veut», selon ces propres termes dans l’Enquête. Fatimetou Diop Diane a ainsi un salaire faramineux, entre 1 500 000 et 1 700 000 francs Cfa par mois, selon nos sources, un véhicule de fonction de marque Citroën C5 et une donation de centaine de litres de carburant par mois.

Au même moment, un vaillant ingénieur, formé à bonne école, est passé à la trappe. Promis au poste aujourd’hui occupé par cette jeune dame, Monsieur Ibou Ba, ancien Directeur Général de OVH International (N°1 en Europe et 5e mondial en hébergement de données), rentré de France avec épouse et enfants, a finalement été viré. Il y a d’ailleurs une procédure auprès de l’inspecteur du travail et la ministre d’Etat, Secrétaire générale de la Présidence, Madame Aminata Tall, est saisie. Cet homme, pisté par de grandes structures de Télécommunications au niveau mondial, déjà auteur de séduisantes initiatives pour notamment la stratégie Web Gouvernemental, est l’exemple type de l’injustice érigée en mode de gestion par Khassoum Wone à la tête de l’Adie.

 

 

«Injustices»

 

Le cas d’Ibou Bâ n’est malheureusement que la face visible de l’iceberg. Il y a aussi le Dg sortant, Tamsir Bâ, à qui Khassoum Wone a refusé de payer ses indemnités de licenciement de six mois de salaire conformément au contrat de travail qui le liait à l’Adie, selon certaines informations, sans aucune raison valable. Il a cassé aussi le contrat à durée indéterminée du Conseiller chargé de Presse sans préavis et consentement. Ce dernier aurait, aux dernières nouvelles, entamé une procédure judiciaire. Le Directeur de l’Ingénierie a, quant à lui, vu aussi son contrat spécial d’un an cassé sans son consentement, deux semaines après l’arrivée du nouveau directeur. Dans ces deux cas de collaborateurs virés depuis, le Dg s’est permis des libéralités avec la législation du travail qui dit, en article L.67 du code du Travail, que «…toute proposition de modification de caractère individuel apportée à l’un des éléments du contrat de travail doit au préalable faire l’objet d’une notification écrite…». Et il est loin d’avoir fini avec l’interprétation de la loi du travail selon son bon vouloir. Son prochain grand chantier semble sa détermination à se séparer du Directeur de l’Exploitation, Wack Ndiaye, en poste depuis 2005. Lui aussi ingénieur diplômé de France, «resté sourd aux opportunités de carrière dans de grandes firmes occidentales pour venir servir son pays». Il a, entre autres, été l’acteur principal de beaucoup de projets régissant les Télécommunications et plus globalement le fonctionnement de l’Etat du Sénégal. Il est à la base de l’ambitieux projet de Réduction de la Facture Téléphonique de l’Etat à près de 50% en 3 ans. Ce projet, dont le comité de pilotage doit être présidé par le Premier ministre Abdoul Mbaye, et qui a fini de faire l’unanimité auprès des différents démembrements de l’Etat partis prenants, est une concrétisation avant l’heure de l’engagement du Président à réduire considérablement le train de vie de l’Etat.

 

 

Autre écart : La direction de l’Exploitation, occupée par M. Wack Ndiaye, a été scindée en deux directions Réseaux et Systèmes et d’y nommer deux anciens chefs de service de ce dernier, recruté en qualité de Directeur de l’Exploitation avec un contrat à durée indéterminée que le nouveau Dg s’échine à vouloir casser d’une manière unilatérale, en tordant la main au principal concerné. Pire ! Wone s’est permis de rétrograder «sans légalité» Wack Ndiaye en agent simple. Ce dernier a été recruté en qualité de Directeur de l’Exploitation à durée indéterminée. Et le Dg Khassoum Wone ne va pas s’en arrêter là. D’ailleurs, il lui aurait déjà retiré son assistante et son véhicule de fonction et l’a affectée à la nouvelle Direction des Réseaux sous les ordres de son ancien chef de service formé et nommé par Monsieur Wack Ndiaye lui-même.

D’après le journal Libération, le dossier est entre les mains des avocats de ce dernier. Malgré les rappels d’un de ces avocats, Me Boubacar Cissé, pour tenter de ramener le Dg à la raison, l’invitant à reconsidérer «sa décision illégale» en mettant en ampliation les plus hautes autorités de l’Etat, le Dg persiste «dans son entêtement, sa détermination et son erreur». «C’est presque aux confins de l’acharnement», juge-t-on.  La certitude à l’Adie est que le Dg Khassoum Wone a bafoué les prérogatives du Conseil de Surveillance, qui est l’organe exécutif, auquel il doit se référer pour toute décision de modification de l’organigramme de l’Agence. Le quotidien Libération l’a d’ailleurs récemment révélé en traitant de la situation installée par M. Wone à l’Adie.

Wone semble être convaincu que l’Adie est un territoire conquis. Pourquoi cette confiance apparente ? Selon des sources très au fait du dossier, un homme d’affaires très proche du président du nom de Monsieur S… est derrière cette affaire pour une «mission de gros sous».

Nous allons y revenir. Toujours est-il que cet ancien ingénieur de conception à la Bceao est présenté, à tort ou à raison, comme un ami d’enfance de la Première Dame qui aurait joué à sa faveur. On sait simplement que leurs familles ont longtemps été voisines à Diourbel, et ont été même liées sur le plan conjugal. Le frère aîné de Khassoum a, en effet, été l’époux de la sœur de la Première Dame. ,

A l’évidence, Macky Sall ne souhaitait certainement pas voir ou entendre autant de contestations autour du système de gestion érigé par Wone à la tête de l’Adie en un temps si court.

Dans ce dossier, certaines sources croient que le Président peut avoir été abusé, et qu’on lui a «vendu» un simple ingénieur de conception à la Bceao comme «sous Directeur». Ce qui l’a amené à le propulser à la si haute et stratégique responsabilité de patron de l’Informatique de l’Etat du Sénégal.

 

La polémique enfle  à l’Adie. Après trois mois de gestion, ce qui se passe dans cette structure de l’Etat rappelle de mauvais souvenirs récents. Les Sénégalais ont sanctionné l’ancien régime à cause de leurs pratiques peu orthodoxes. Macky Sall a une belle opportunité pour «rectifier le tir» avant qu’il ne soit trop tard. Source : La Tribune

5 Commentaires

  1. En tout cas, il y a matière à réfléchir…
    Quand on remplace une personne expérimenté par une personne sans expérience et surtout un diplôme qui ne colle pas au poste on peut bel et bien se poser des questions sur une pratique wadienne. Toutes les manières sur dakar tous se sait, et s’il y’a pas de mauvaise pratique il y’a peu de risque d’un nouveau wade dégage pour ne pas dire macky 🙂
    S’il y a des emplois fictifs il faudra bien sur les supprimés sachant que la détection de ses emplois est chose aisée. Supprimé des emplois fictifs n’implique pas de ramener sa horde d’amis ou de recruter des incompétents.

  2. Moi qui vous parle, je connais peu de cette histoire…WONE va commettre l’irréparable en destituant BA et NDIAYE…
    C’est des Ingénieurs très compétents et expérimentés…Je suis d’accord pour un changement pour un meilleur rendement mais pas par connaissance et ou par lien de parenté…

  3. c’est dommage pour la presse de mon pays elle se permet de tout relayer meme des actes que je qualifierai de la laches sous le couvert de l’annomymat ou du conditionnel pour ne pas s’engager je serai heureux de voir la version du dg que je coonais parfaitement ,son education et au dela meme ses parents n’ ont pas cette culture decrite c’est une famille qui connait le respect et le merite courage jeune ne te laisse pas ebranler par des hypocrites des parresseux qui ont peur des initiatives qui revelent certaines de leurs carences ou mettent fin a certaines habitudes et privileges que ceux qui doutent fassent des investigations ils verront que tu n’est pas un miserable encore moins incapable parceque ton pere m’a demandé l’aide de personne pour faire de vous des hommes dignes et integres courage

  4. Je peux vous assurer en toute connaissance de cause que tout ce qui est dit dans cet article est archi faux voire limite diffamatoire.Et je me demande si le journal  » La Tribune » en question a pris le temps de faire les investigations et enquétes nécessaires pour vérifier la véracité et l’authenticité de ces infos, puisque non seulement ils n’ont fait que reproduire des balivernes et mensonges que leur a livrés un agent ou ex agent de la boite frustré et malheureux de son nouveau sort ou statut.Ils pourraient mêmes être attaqués en justice par le mis en cause pour faux ,mensonges, calomnies et diffamations.C’est vraiment mince et petit d’user ce genre de moyens pour essayer de nuire d’honnétes gens.En tout cas à l’ADIE la situation n’est pas vécue comme l’a décrite ce journaliste.On sait que la situation est bonne et d’ailleurs les résultats commencent à se faire sentir positivement par tous les agents de cette boite et qu’aussi la qualité de service s’est nettement améliorée.Juste une remarque que j’ai pue noter en lisant cet article: vu que le camarade Khassoum Wone s’est fait accusé de népotisme; il me semble que le journaliste a bien précisé dans son article que les gens qui remplacent actuellement l’ex directeur de l’exploitation étaient des chefs de service donc le camarade Wone n’est pas venu qu’avec ses « amis », il a mis des hommes compétents à la place qu’il faut.Franchement si c’est ça le népotisme,je ne comprendrai plus rien à ce mot.Pour finir,le chien aboie, la caravane passe! Camarade Khassoum, encore une fois t’as tout notre soutien parce que nous savons que tu vas remplir dignement la mission que t’as confiée le Président de la République et que tout ceci n’est que l’œuvre de gens qui sentent que  » le monde s’effondre  » pour eux

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