Groupe des six: Wade négocie sa sortie

Date:

xalimasn.com-Après la grande agitation politique de ces derniers jours, c’est désormais le temps des grandes manœuvres. Leur finalité : l’amorce d’un dialogue politique et, pourquoi pas, la formation d’un gouvernement d’union nationale. Tel est en tout cas le souhait du groupe dit des “six” reçu hier tour à tour par Wade au palais et par Dansokho à son domicile.

Composé du journaliste Mbaye Sidy Mbaye, de l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, des responsables du patronat Baïdy Agne et Mansour Kama, président respectivement du Conseil national du patronat (Cnp) et de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), de la patronne de la Sipres Anna Ba Dia et du constitutionnaliste Ismaëla Madior Fall, ledit groupe, à sa demande,  a été longuement reçu en audience  par le Président Wade. Au menu des discussions : la nécessité pour Wade de renouer le dialogue politique pour décrisper le climat politique particulièrement tendu depuis le passage devant l’Assemblée nationale de son projet de loi constitutionnelle relatif au ticket présidentiel et le soulèvement populaire qu’il avait entraîné.

Pour ce groupe dit des “six”, il n’y a pas mille et une solutions pour désamorcer  la crise née entre le pouvoir  et l’opposition depuis la manifestation organisée conjointement par Benno, la société civile et le mouvement “Y’en a marre” le 23 juin dernier à la place Soweto. A leurs yeux, c’est à Wade, en tant que chef de l’Etat, qu’il incombe de faire un geste en direction de l’opposition pour que soient enfin renoués les fils du dialogue rompu depuis sa réélection en février 2007. Ce à quoi, Wade serait favorable. “Le Président sest montré très ouvert”, a même insisté Mbaye Sidy Mbaye , porte-parole désigné des “six” pour, souligne un membre dudit groupe, “une seule ligne de communication”. Après avoir été rassurés par le Président quant à sa disponibilité au dialogue, les six ont rendu visite dans la foulée à Amath Dansokho, président d’honneur du Pit et figurede proue de l’opposition significative regroupée au sein de la coalition Benno. Informé de la teneur des discussions qu’ils ont eue avec Wade, Dansokho dira avoir pris acte, avant de prendre l’engagement d’en informer les autres leaders de Benno. Vraisemblablement lors de la conférence des leaders   qui a lieu, chez lui, tous les jeudi. C’est dire qu’on pourrait savoir dès demain la suite que Dansokho et compagnie entendent réserver à cette proposition de dialogue. Et si tout porte à croire qu’ils pourraient bien y adhérer d’autant qu’il ne vient pas cette fois-ci de Wade dont les multiples offres de dialogue ont été systématiquement rejetées d’un revers de main par ses opposants, certaines questions demeurent.

Vers un gouvernement d’union nationale ?

A supposer qu’ils donnent leur accord, les leaders de Benno iront-ils pour autant jusqu’à la formation d’un Gouvernement d’union nationale à seulement huit mois de la présidentielle 2012 ? Et quelle est la forme  que devra revêtir ce gouvernement, si jamais il devait voir le jour ? S’agira-t-il d’un gouvernement composé essentiellement de technocrates comme le propose Ahmet Khalifa Niasse ? Ce qui suppose que les principaux leaders  pourraient ne pas en faire partie et préféreront y envoyer certains de leurs cadres. Ou s’agira-t-il plutôt d’un gouvernement d’urgence nationale, comme le théorise le leader de l’Urd/ Fal Doudou Sarr dans l’édition d’hier du journal “Le Populaire” ? En tout cas, l’un et l’autre ont défendu chacun son option. Le leader du Fap, Ahmet Khalifa Niasse a en effet dit sa préférence pour un gouvernement d’union composé de technocrates lors du baptême d’un de ses fils hier mardi et devant un parterre de personnalités politiques parmi lesquelles, le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, Idrissa Seck, Iba Der Thiam, Mamadou Diop Decroix et autres Serigne Mbaye Thiam. Et pour Ahmet Khalifa Niasse, ce gouvernement de technocrates s’impose d’autant que le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, par ailleurs directeur de campagne de Wade, ne saurait conduire valablement un gouvernement devant préparer et organiser les prochaines élections. Quant à Doudou Sarr de l’Urd Fal, il a dit hier dans “Le Populaire”  tout le bien qu’il pense d’un “gouvernement d’ugence nationale”. Il s’agit, selon lui, d’un “gouvernement contraint” , “limité dans le temps et dans les travaux” , qui “gérerait le processus électoral d’ici les élections” et qui “ne s’ccuperait que des urgences nationales”. Lequel de ces deux options pourrait  donc agréer Dansokho et compagnie s’ils acceptaient de rouler pour un gouvernement d’union ? On peut en tout cas remarquer que la satisfaction de plusieurs des exigences de Benno depuis le soulèvement populaire du 23 juin dernier contre le projet de ticket présidentiel passera forcément par la formation d’un nouveau gouvernement. Il s’agit notamment des départs de Ousmane Ngom et de Cheikh Tidiane Sy respectivement du ministère de l’Intérieur et celui de la Justice.

Ces écueils sur le chemin des “six”

Il se susurre aussi que, sans le dire formellement, le groupe des six ne serait pas contre la formation d’un gouvernement d’union qu’ils considèrent même comme la matérialisation du dialogue politique. Ils ne seraient pas non plus contre la satisfaction de deux préalables posés récemment par l’opposition radicale  : l’annonce par Wade du retrait de sa candidature et la mise sur la touche de son fils, Karim Wade. Reste à savoir si le Président Wade, dans sa volonté de dialogue, est disposé à faire autant de concessions. Reste aussi à savoir si les six inspireront vraiment confiance à son entourage. Car si la présence dans le groupe de Baidy Agne, Mansour Kama et la patronne de la Sipres Anna Basse peut se comprendre par leur souci de préserver l’économie nationale d’une crise politique qui perdure, celle de Pierre Goudiaby Atepa et d’Ismaëla Madior Fall pourrait les laisser les partisans de Wade perplexes. On prête en effet à l’architecte l’intention  de briguer les suffrages en 2012 alors que le constitutionnaliste a déjà clairement théorisé l’invalidité de la candidature de Wade pour un troisième mandat. Ce sont là deux prises de position qui pourrait relativement gêner le groupe des six dans sa marge de manœuvre. Un autre écueil pourrait également surgir sur leur chemin. La formation d’un gouvernement d’union pourrait en effet entraîner une prolongation du mandat du  Président Wade. Une idée soutenue un moment par Idrissa Seck avant d’être’ vigoureusement rejetée par l’opposition significative. C’est dire si les six auront du pain sur la planche. A moins qu’ils ne se contentent juste du minimum : renouer les fils du dialogue entre Wade et l’opposition et décrisper ainsi le climat  politique en attendant 2012.

Momar DIONGUE, xalimasn.com  

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE