Pourquoi Wade et son parti inquiètent le pouvoir

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HABITUES A LA RESISTANCE ET AUX COMBATS DE RUE Pourquoi Wade et son parti inquiètent le pouvoir

Ce lundi, la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) va prononcer son verdict dans l’affaire Karim Wade. Et depuis plus d’une semaine, le Sénégal retient son souffle. Une peur bleue s’est pratiquement emparée du pouvoir. Ce qui peut s’expliquer par diverses raisons. Formation politique rompue à la résistance et aux combats, le Parti démocratique sénégalais (Pds) peut faire peur à n’importe quel pouvoir.

 

«Si Wade me demande d’aller à la Place de l’Indépendance et de m’immoler, je le fais Bilahi Walahi. S’il me demande d’immoler ma famille, je le fais.» Ces propos ont été tenus par Pape Samba Mboup dans l’émission Sortie qui sera diffusée ce dimanche sur les antennes de la télévision privée Walf Tv. Des propos qui traduisent l’état d’esprit qui règne dans la formation libérale. Et Mboup est loin d’être le seul au Parti démocratique sénégalais (Pds) qui pense et agit de la sorte. Ce qui suffit largement pour prouver que le Pds de Me Abdoulaye Wade est un parti qui peut faire peur à n’importe quel régime.

En fait, au Parti démocratique sénégalais (Pds), les Pape Samba Mboup sont nombreux. Parmi eux, on peut citer Meïssa Sall, Abdoulaye Faye, Farba Senghor, Samuel Sarr, le «Wadiste éternel»… Ces gens qui sont avec Wade depuis les années 1970-80 ne connaissent que le Pape du Sopi. Ce Wade qui a fait d’eux ce qu’ils sont devenus, qui a été avec eux pendant les moments les plus difficiles de la vie mérite, selon eux, tous les sacrifices. Et puis, pour Pape Samba Mboup et Cie, Abdoulaye Wade est une partie d’eux-mêmes. Par conséquent, son fils Karim Wade est aussi leur enfant qu’ils ont élevé, qu’ils ont vu grandir. Ces gens-là ne badinent certainement pas quand ils disent être prêts à donner leur vie pour Abdoulaye Wade et son fils dont le destin politique se joue ce lundi au Palais de justice Lat-Dior.  Il s’y ajoute – et Macky Sall le sait mieux que quiconque – que le Pds est un parti de résistance dont la marche vers le pouvoir a été jalonnée de combats les uns plus violents que les autres. En réalité, Wade et son parti ne savent que résister.

De Makacoulibantang à Ndande en passant par Nguidjilone

Dès sa naissance en 1974, le Parti démocratique sénégalais (Pds) est formaté comme un groupe de résistance. Abdoulaye Wade recrute chez les étudiants, les jeunes cadres sans emplois, les désœuvrés des banlieues, du monde rural… Et dès le début, les militants et responsables du Pds comprennent que rien ne leur sera donné, qu’il faut se battre pour conquérir le pouvoir. Vive donc la résistance contre le pouvoir socialiste que Wade leur présente comme un oppresseur. Et le Pds n’a pas attendu d’atteindre l’âge de la maturité pour entrer en «guerre». Né en 1974, le Pds livre son premier combat à Makacoulibantang aux  élections de 78. Un moment de pure violence politique resté célèbre dans les annales. Lors de ces évènements, des éléments du Parti socialiste (Ps) tentent de saboter un meeting du Pds. Wade et ses militants résistent. Et les combats ont été d’une rare violence. Dans la même année, c’est-à-dire le 22 février 1978, un autre incident survient à Joal. Ce jour-là, on raconte que Wade a dû être déguisé en femme pour être sauvé de ses agresseurs. Mais c’est surtout sous le régime de Diouf que le Pds a fait trembler le pouvoir, notamment aux élections de 1983, 1988 ou même 1993 avec le fameux couvre-feu. Le 16 février 1994, six policiers sont tués lors d’un meeting du Pds sur l’avenue Général de Gaule. Le même Pds est aussi cité dans l’assassinat du juge du Conseil constitutionnel Babacar Sèye, le 15 mai 1993.

Mais le Pds, c’est aussi les batailles de Nguidjilone ou encore Ndande dans la région de Louga contre les troupes du défunt Bada Lô du Ps. Dans un entretien accordé au défunt quotidien Walf Grand-Place, il y a quelques années, l’ancien sénateur Meïssa Sall qui a toujours dirigé la sécurité dans les convois de Wade, se souvenait : «Croyez moi, ce jour-là, si j’avais de l’essence, il (Pape Lô, frère de Bada et responsable socialiste à Ndande, Ndlr) n’allait pas s’en sortir, j’allais le brûler vif. Il nous a heurtés avec sa 4×4.» Selon le même Meïssa Sall, il y a aussi eu la bataille de Rufisque lors de la présidentielle de 2000. «La dernière bataille qu’on a connue a été celle de Rufisque avec Mbaye Jacques Diop. Et c’est depuis Thiadiaye, qu’on nous avait prévenus qu’il nous attendait. La suite, tout le monde la connaît», racontait l’ex-sénateur libéral. C’est donc dire que le Pds a toujours été un parti de résistance (ou de violence), une formation politique habituée aux combats pour survivre.

Il est vrai que les 12 années passées au pouvoir ont pu changer la formation d’Abdoulaye Wade. Il est vrai aussi que des gens comme Pape Samba Mboup, Meïssa Sall, Abdoulaye Faye… ont pris de l’âge et ne peuvent plus livrer des combats de rue comme à leurs 20 ans. Mais il est tout aussi vrai que Wade reste ce meneur d’hommes, capable de manipuler des foules, surtout les plus jeunes. Pis, en entendant parler les jeunes du Pds, on a l’impression que Pape Samba Mboup et Cie ne manquent pas de relève. Reste à savoir ce que le pouvoir de Macky Sall fera afin de les contenir.

 

WALFADJRI

3 Commentaires

  1. De meme Macky en sait quelque chose lui qui est un pur et dur liberal modele et forme comme les autres par Son Excellent Maitre Abdoulaye WADE le visionnaire et batisseur. Mais le problem Macky c’est : leurs ennemis d’hier (Moustapha NIASS, Ousmane Tanor DIENG, Abdoulaye BATHILY et DANSOKHO) ses ndougourous d’aujourd’hui et opportinistes (les 4 vieillards ui ne veulent pas partir a la retraie) fumiers le conseillent et l’ecartent aupres de son pere adoptif et bienfaiteur Abdoulaye WADE. Ayez peur du jour du jugement dernir et de grace ne bruler pas notre cher Senegal et laisser un heritage a vos petits fils vos la bande des 4 fumiers. BASTAS.

  2. En ce qui me concerne, j’aime mon pays plus que j’aime KARIM WADE et sa famille ! Si des preuves irréfutables sont présentées au peuple, nous n’aurions rien à dire sinon d’encourager l’Etat à recouvrer les deniers du peuple , où qu’ils pourraient être déposés ! Par contre, nous ne resterions jamais les bras croisés, si cette condamnation qui semble pointer à l’horizon du 23 mars 2015, était confirmée par la CREI !
    Quand bien même la politique de l’actuel Président de la République me convenait parfaitement en ce qui concerne le PSE, cela ne m’empêcherait pas de me battre jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour que jamais, ni Macky Sall, ni un autre, qui nous trouvera en vie, n’installent l’arbitraire au Sénégal, jamais ! Ceux qui, parce qu’ils seraient du PDS ou de l’APR, se considéreraient comme des esclaves des hommes politiques, se positionnent pour ou contre en oubliant la patrie, c’est leur affaire, comme quand les esclavagistes vendaient des Sénégalais, il y avait bien d’autres Sénégalais qui les aidaient dans leur commerce satanique !
    En ce qui me concerne, je suis en adéquation avec ce que mes ancêtres, maternels et paternels ont fait dans ce pays pour le refus de l’ignominie ! Je ne prendrais même pas un pseudonyme pour dire cela, je m’exprime sous ma propre identité, du reste très Sénégalais par le prénom !
    Notre pays est arrivé à un stade où chacun doit se déterminer en son âme et conscience, avec lucidité et avec courage pour ne penser qu’à la République et non au pouvoir ou à l’opposition !
    Dans quel pays de droit, il est prévu de sanction sans voie de recours ? Ce seul point devrait conforme à nos traditions judiciaires, tant dans son esprit que dans sa lettre, faire réfléchir ceux qui défendraient l’existence de la CREI qui va certainement disparaitre avant la fin de l’année, pour faire à l’OFNAC dont la mission est plus définis dès sa création!
    Pour semer le trouble dans le camp du pouvoir, l’Opposition aurait certainement raison d’exiger que cette même CREI soit maintenue dans toute sa rigueur pour que, demain, ceux qui nous gouvernent puissent être jugés dans les mêmes conditions dont on juge les anciens barons du PDS. Qui y trouverait à redire ? Certainement pas moi et je ne dois pas être le seul !

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