C’est le sursaut ou le chaos
Il n’est pas difficile de voir que dans les camps politiques du pouvoir comme d’une certaine opposition, c’est l’esprit partisan, radical, fanatique, de surenchère et le culte de la personne du chef qui, hélas, prédomine. La vérité et la justice qui sont les piliers d’une vraie éthique en politique ne sont pas, à ce qu’il paraît, au centre des préoccupations des acteurs politiques les plus représentatifs du pays.
Du côté du pouvoir, c’est la politique de la carotte et du bâton qui est mise en avant bien sûr avec l’avantage de l’appareil d’Etat et des fonds y associés. Du côté de l’opposition on compte sur la terreur de masse. On peut alors comprendre que les magistrats soient en grande difficulté pour faire leur travail dans des conditions sereines pris qu’ils sont entre l’enclos des influences du pouvoir et l’enclume de la rage des masses.
Il n’y a de justice que quand elle nous dit que le droit est du côté de notre parti ou notre coalition !
Dans ce face à face dangereux pour le pays, c’est le moins que l’on puisse dire, les médias peinent à jouer le rôle qui est le leur d’un traitement rigoureux et impartial des dossiers publics notamment judiciaires.
C’est ainsi que dans certains plateaux, parmi les plus regardés, les moins compétents voire qui ignorent le fond des dossiers dominent les débats juste parce qu’ils sont grande gueule mais ne démontrent rien de ce qu’ils affirment ou infirment et pèchent par des incohérences qui choquent un esprit rationnel.
Du côté de la société dite civile, c’est aussi de plus en plus, le silence de carotte ou la peur de la vindicte de gens qui sont tout sauf des militants politiques : des gens « s’en foutent » la vérité et la justice prêts à tout pour défendre la « vérité » et la « justice » même pas de leur parti mais du chef de parti.
Dans cette optique, d’une part, il est attendu que les propositions de réformes venant du principal acteur de l’administration de la justice, l’UMS, soit examinées par le pouvoir à la mesure des enjeux et défis actuels. D’autre part, que cessent les attaques contre l’institution judiciaire et les personnes qui sont habilitées à administrer la justice au nom du peuple. A la place, que l’opposition mette sur la table les réformes qu’elle souhaite dans ce domaine.
C’est dire qu’il urge d’organiser des « assises de la justice » ou quelque chose qui en tiendra lieu peu importe le nom qu’on donnera à une telle initiative. Entre temps, y a pas de posture plus responsable et raisonnable que de laisser les magistrats faire leur travail en âme et conscience. C’est cela où la justice ou plutôt l’injustice de la rue.
Notre conviction est que même si l’administration de la justice traverse une crise sans précédent, il ne faut pas lui préfèrer une situation où chaque camp se fait « justice » lui-même. Le cas échéant, ce n’est pas seulement l’institution judiciaire qui va menacer ruine mais l’Etat lui-même. Nous ne voyons pas qui veut ou va prendre la responsabilité d’une telle catastrophe que personne ne devrait souhaiter et provoquer.
Wa Salam
Ahmadou Makhtar Kanté
L’Iman Kanté a ici le mérite certain d’attirer l’attention collective sur un sujet brûlant d’actualité qui, avec évidence, donne proprement à penser : la question de la justice et son rôle dans la société. La justice veille au respect des lois et à préserver les droits de chacun. Elle fait partie de l’État. Nous devrions souscrire à son mérite de nous interpeller avec courage sur ce qui donne à penser, à réfléchir, à raisonner en nous élevant au-dessus des intrigues, dans l’abstraction de nos passions et interets , pour une justice au sens cardinal du terme. Tant il est vrai que la « la société la plus policée, est celle, où, sans être lésé soi-même, tous se mettent à poursuivre et à combattre une injustice que ceux qui en sont victimes car, nous faisons tous partie d’un même corps social »