« Je Te Laisse Avec Serigne Touba », Si j’étais à la place de Macky Sall, j’aurais eu vraiment peur.

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Je n’ai pas suivi, mais il semble que le Khalife de Touba, répondant à la demande du président…de parti Macky Sall, aurait tenu ces mots : « Bàyyi naa la ak Sêriñ Tuuba » (littéralement : « Je te laisse avec Serigne Touba »).

Si j’étais à la place de Macky Sall, j’aurais eu vraiment peur.

Pourquoi?

Serigne Touba n’a jamais été vraiment tendre avec les dirigeants temporels. Il les dédaignait pour la plupart, à telle enseigne qu’il n’hésita pas à dire à un de ses proches qu’il est prêt à abandonner son père s’il ne se résout pas à démissionner de son poste de secrétaire du Damel Lat Dior :

« Si mon père ne quitte pas le roi [le président], je le quitterai! », lâcha-t-il.

On sait d’ailleurs aujourd’hui que c’est lui qui, par ses lettres secrètes glissées sous l’oreiller de son père, qui fit démissionner celui-ci de ce poste de secrétaire et marabout du roi.

Lat Dior fit appel à Khali Madiakhaté Kala pour remplacer le père de Serigne Touba.

Par la suite, Cheikh Ahmadou Bamba refusa de répondre aux multiples convocations du roi Lat Dior. Voici la raison qu’il donna : « J’ai honte que les Anges me voient porter mes pas auprès d’un roi autre que Dieu ».

Finalement, face aux demandes incessantes, il écrivit une lettre qu’il remit à un certain Adama Sall qui le transmit à Lat Dior. Dans la lettre il était mentionné ceci : « Un savant dans la cour d’un roi est une mouche sur des excréments ».

Quand Lat Dior montra la lettre à son nouveau secrétaire Khali Madikhaté Kala, celui s’écria : « Allâhu Akbar! ». Quand Lat Dior lui demanda la raison de cette exclamation, Khali répondit : « C’est à moi qu’il s’adresse, pas à toi. S’il t’a vu comme une mouche, il nous a vu ce que tu sais! »

À la mort de son père, un certain Serigne Taïba Dàqaar conseilla à Serigne Touba d’aller voir le Damel pour bénéficier de ses largesses, étant entendu que son père était son ancien secrétaire. Serigne Touba répondit de plus belle : « J’essaierai de supporter avec patience ma peine et mon chagrin. Mais sache que tout secours vient de Dieu seul qui ne déçoit pas le serviteur qui met sa confiance en Lui. Pour ce qui est du roi, je n’irai jamais le voir, je ne veux rien de sa part ! »

La plupart des personnes qui assistèrent à cet échangea le traitèrent de « fou ».

Il composa son fameux poème « Irkan » pour répondre à ses détracteurs :

« Frappe aux portes des rois [présidents] m’ont-ils dit
Afin d’acquérir des faveurs à chaque fois que de besoin
Dieu me suffit et je me contente de Lui, ai-je rétorqué
Et rien ne me réjouis si ce n’est le savoir et la religion
Je n’ai de crainte et d’espérance qu’en mon Roi [Dieu], car Il m’enrichit et m’assiste
Comment dévoilerai-je ma condition auprès de ceux
Qui, tels des miséreux, sont impuissants à s’occuper d’eux-mêmes ?
Et comment la convoitise des vanités de ce monde m’inciterait-elle à flâner autour de leurs résidences, demeures des acolytes de Satan ?
Si je suis affligé ou que j’éprouve un besoin, j’invoque le Possesseur du Trône
Il est l’Assistant, l’Omnipotent et le Créateur de toutes choses
S’Il veut hâter une affaire, elle s’accomplit illico, s’Il veut la différer, elle s’attarde
Ô toi qui blâme ! N’exagère pas dans tes critiques, car je ne suis point affligé par la privation [des biens] de ce monde
Si mon seul défaut est mon renoncement aux futilités [ des rois], alors c’est un défaut précieux qui ne m’accable point. »

Mais bien avant la mort de son père, le roi Samba Laobé Fall vint dans la maison familiale de Serigne Touba et fit savoir à Momar Anta Sali qu’il veut faire du « jeune » Cheikh Ahmadou Bamba son marabout et secrétaire particulier.

Quand le père Momar Anta Sali transmit le message à son fils, celui-ci déclara qu’il ne voulait aucunement partir avec ce roi. L’enseignement qu’il prodiguait aux jeunes élèves de l’école de son père valait mieux que tout.

En quittant la maison familiale, le roi Samba Laobé décida d’offrir un cheval de race au jeune marabout, probablement pour le corrompre. Serigne Touba prit le cheval, le vendit et distribua l’argent à trois personnes qui réclamaient au roi une dette de 300 Francs.

Alors, dans un contexte de corruption, de surfacturations, de gabegie, quand on dit à un président qu’on le laisse avec Serigne Touba, un sentiment de peur doit l’emporter sur toute euphorie.

L’histoire doit servir à quelque chose.

Le message du Cheikh Ahmadou Bamba à ces multiples occasions s’adresse évidemment aussi à certains marabouts qui ont oublié leur vocation.

Bon Maggàl à tous les Maggàliens!

PS: merci à tous pour le soutien et les messages réconfortants durant les moments pénibles de ces derniers jours. À vous on peut dire sans crainte : « Je vous laisse avec Serigne Touba ». Khadim Ndiaye

15 Commentaires

    • QUI OBSCURCIT LES DESIRS EHONTES DU MENTEUR MACKY TRAQUE PAR UN OBSCURANTISME DE SECOND MANDAT QUI LE REND FINALEMENT INGRAT INDIGNE MECHANT ………..ENFIN INHUMAIN.

  1. si je suis ta logique ce n’est pas lui seulement.les marabouts et toutes autres personnes qui lorgnent et espèrent faveurs des autorités politiques et étatiques doivent aussi avoir peur

  2. laisse president macky avec le bonne dieu et prophet mouhamadou rassoul est les benediction s des parent de president macky et serigne ne peux garanti personne

  3. L’auteur de cet article a lamentablement échoué « sa petite dissertation » sur le message qu’aurait lancé le Khalife au PR. Il a délibérément cherché à dévoyer la véritable portée de celui-ci. Je trouve que c’est très grave de dénaturer (d’une si mauvaise foi) les paroles d’un dignitaire.
    Je crois que c’est lui qui doit avoir peur, car Serigne bi mom « bayinala ak Serigne Touba ».

    • Bonjour Seybatou Diop,

      Bonjour Serigne Khadim Ndiaye,

      Je suis d’ avis , avec Sokhna Seybatou Diop, que Serigne Khadim Ndiaye fait fausse route dans cette analyse.

      Vous devez vous souvenir que sur l’ ancien forum Seneweb, nous nous amusions a debattre de ce sujet : le fameux deal Confrerico-politico -religieux entre le Personnel politique et la Classe maraboutique.

      Oui M. Ndiaye, vous vous trompez sur un fait : vous avez charcute le discours du Khalife General des Mourides. Il n’ a dit derechef :  » Je vous laisse avec Serigne Touba » . Non ! Assurement non !

      Il a commence par dire que le President Macky Sall a realise quasiment tout ce qu’ il avait promis au Khalife. Celui-ci a meme precise, que toutes ses sollicitations aupres du Chef de l’ Etat ont ete presque mecaniquement realisees.

      Donc, dit-il, je suis tellement content que je ne peux rien dire ni faire si ce n’ est te laisser avec Serigne Touba lui meme. Car tout ce que tu fais pour Touba, ce n’ est pas pour ma personne c’ est pour Borom Touba, donc la signification du  » Je te laisse avec Serigne Touba » est tres explicite. Ce n’ est pas un Ndigel, c’ en est presque un. A tout le moins c’ est une preuve de reconnaissance vis a vis de Macky Sall.

      Or, souvenez-vous des propos de Serigne Abdou Lahad Mbacke, en 1988 :  » Abdou a fait construire tel et tel forages, telles infrastructures a Touba. Je dis que celui qui fait ceci dans le domaine de Borom Touba, alors celui-la tout mouride qui s’ erige contre lui, est contre Serigne Touba; d’ ou le fameux Ndigel qui s’ en etait suivi :  » Kou woteloul Abdou Diouf Wor nga Serigne Touba  » ….

      Vous voyez : la structure est la meme, les premisses sont les memes, la conclusion differe un peu, mais a la place de Macky Sall, je dormirais tranquille. Il faut se voiler la face, le Khalife est bien content du President Macky Sall. Quelle en serait la suite ? Wait and see.

      Donc il vous a manque dans votre analyse ce bout de phrase, ces premisses qui justifient le point de chute du Khalife General des Mourides.

      Donc je donne raison a Sokhna Seybatou Diop et vous donne tort Serigne Khadim Ndiaye.

      Cordialement,

      Keurgui

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