« Dans le trafic d’idées comme dans le trafic de drogue, on punit l’usager sans toucher au dealer » (Guy Bedos)
Quand la drogue, ce pendant naturel de la corruption, se répand si vastement et s’ancre en profondeur dans un PPTE, c’est une véritable catastrophe qui s’implante au sein de la population, particulièrement jeune. Elle nuit sérieusement à la bonne marche de l’économie nationale et détruit la santé publique en général. C’est au demeurant d’autant plus grave, si de surcroit, c’est encore dans le cas d’un pays vulnérable comme le Sénégal, où les frontières sont si poreuses et perméables à nulle autre pareille, qui permettent facilement l’entrée massive de la drogue et aussi des dealers, qui nous viennent des pays africains voisins et même d’ailleurs.
Les graves scandales relatifs à la drogue, qui ont été révélés ces derniers temps, devraient inquiéter au plus haut point, le pays tout entier. Mais et surtout en tout premier lieu, le Pouvoir en place qui devrait sérieusement se préoccuper avec une extrême attention et rigueur de la situation en amont, et surveiller de près la trajectoire empruntée par la drogue pour entrer par mer, terre et air dans notre pays. Surtout, quand il s’avère aux yeux de tous maintenant, l’Etat y compris, qu’il y a effectivement l’implication en plein de quelques membres du personnel de la police et même au cœur du réseau international de trafic de stupéfiants. Et lorsque l’on constate également, que ce sont en plus, des éléments de l’OCRTIS, l’organisme chargé de la répression du trafic illicite des stupéfiants, qui sont eux-mêmes des dealers. Il y a de quoi avoir réellement très peur pour notre pays.
D’ailleurs, ne faudrait-il pas craindre maintenant, que ce qui n’était hier que de vagues soupçons portés sur notre pays, comme la plaque tournante de la drogue et des stupéfiants en Afrique de l’Ouest, ne devienne malheureusement une réalité ? Ce que semblent confirmer bel et bien les présentes révélations accablantes, parues dans le journal l’Observateur du 20 Mai 2014.
La drogue, la corruption, la prostitution, la fraude, comme leurs dérivés de même nature, ont tous pour raison d’être et objectif, l’enrichissement illicite et la quête immodérée de l’argent facile. Toutes ces forces du mal, constituées en bandes de dealers, proxénètes, fraudeurs, blanchisseurs d’argent sale, etc., sont tous prêts en cas de besoin, à semer la terreur et l’insécurité sur leur passage, voire d’user de la violence sous toutes ses formes pour arriver à leurs fins, si jamais, l’on cherchait à les empêcher d’accomplir leurs sales besognes et d’atteindre leur objectif malveillant. Les dealers et compagnies, ne sont-ils pas en réalité plus dangereux dans le fond pour un pays, que même les auteurs de crimes de sang ? Dans la mesure où de tels individus, par leurs actions combien nuisibles et dangereuses, tuent à petit feu notre jeunesse et sèment inconsciemment la désolation au sein des familles, en attendant de consumer les accros irrécupérables de la drogue. Ils attirent nos innocents adolescents dans leur guet-apens, et une fois pris, les initient à la consommation de la drogue et autres activités répréhensibles. Ce qui à la longue, aboutira à la destruction de leur santé mentale, avant d’être ensuite transformés en loques humaines, inutiles dorénavant à leur société.
« Mais la jeunesse n’est pas le temps des arrangements, des compromis ; le jeune homme exige l’absolu. D’où folies et ces demi-folies, ces suicides et demi-suicides : combien, s’ils ne se tuent pas d’un coup, se détruisent lentement ! La drogue est une mort pendant des années savourée.» le jeune homme (François Mauriac)
L’ampleur des dégâts causés par la drogue, la corruption, la fraude, etc., dans l’économie nationale et leurs effets pervers sur les valeurs morales et la santé publique, sont difficilement quantifiables avec exactitude dans un pays. Voilà pourquoi, un Etat suffisamment responsable, vigilant et prévoyant, doit prendre toutes les dispositions nécessaires, en y mettant tout le prix exigé, pour lutter farouchement et sans ménagement contre la drogue et toutes les sortes de stupéfiants en circulation dans notre pays. Ceci est une tâche d’utilité publique de premier ordre, que l’Etat doit mener avec détermination et sans aucune faiblesse, sur l’étendue du territoire national. Et pour ce faire, il faut commencer par qualifier de tels délits, comme des crimes de sang, et les sanctionner sévèrement comme tels. Ainsi, il faudra punir leurs auteurs et complices du dedans, par des peines d’emprisonnement extrêmement sévères afin de dissuader d’autres.
Pour les Etats pauvres et faibles, parce que peu outillés techniquement, pour se protéger contre les invasions de la drogue, de la corruption et leurs dérivés sous diverses formes, il leur est pratiquement impossible de mesurer les préjudices réels, découlant de leurs effets néfastes sur un pays donné. Mine de rien, la drogue et la corruption comme toutes ces catégories de nuisance sociale, provoquent à l’occasion, des pertes énormes sur les diverses activités socio-économiques et culturelles d’un pays. Et au-delà, ses effets diffus se répercutent aussi sur les conditions de vie des populations déshéritées, qui subissent de plein fouet les contrecoups et contre-performances économiques, facteurs évidents d’inflation. En général, et comme c’est souvent le cas, les programmes et plans de développement, essentiellement destinés aux couches les plus déshéritées, sont les premiers à subir les coupes sombres ou annulations tout simplement, en cas de déficit budgétaire ou d’insuffisance de ressources disponibles. Les secteurs sociaux tels que l’Education, la santé, la culture, de même que l’Agriculture, les infrastructures routières, etc., sont généralement les plus visés dans les cas d’espèces.
. Combattre la drogue et la corruption sous leurs diverses manifestations, notamment dans le financement des activités politiques, surtout avec les arguties de certains politiciens, n’est pas à la portée des citoyens non avertis. Ainsi, ces derniers ne sont pas à l’abri d’être leurs victimes innocentes. Ces politiciens véreux, dont le métier ne consiste qu’à ruser tout le temps avec les citoyens, se couvrent de ces subterfuges comme un masque. Comme en atteste Me Wade, qui s’y est toujours employé et continue de le faire, pour arnaquer tout le monde, au point qu’il en fasse le sujet de son prochain livre : « l’art de la ruse en politique » dixit Me Wade. Ceci démontre parfaitement que certains accros à telles pratiques, ne sont pas prêts de reculer devant rien, même devant l’immoralité, pour atteindre leurs objectifs ignobles. Ce qui fait bien dire à l’autre que : « Le manipulateur est un dealer, il vous livre ses doses, vous rend dépendant et s’enrichit en vous méprisant. »
Si l’on s’en tient aux mesures et sanctions inefficaces et insuffisantes prises jusque-là, pour faire face à la situation, on peut dire que les autorités voire les populations ne semblent pas attacher de l’importance requise au danger éventuel du phénomène et mesurer à sa juste valeur, la gravité de la situation qui s’accroit chaque jour davantage dans notre pays.
Eu égard à tout cela, et compte tenu de l’extrême gravité de la situation qui prévaut et les conséquences désastreuses qu’elle peut engendre dans le pays, le renforcement des moyens et mesures de lutte contre ce fléau, tant au plan institutionnel, financier, technique que des ressources humaines de qualité, est une nécessité absolue de l’heure pour un Etat responsable, sérieux et décidé à protéger efficacement ses populations. Surtout au regard de la nature multiforme et très complexe de cette pandémie.
Mandiaye Gaye
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