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La vraie fête du Mawlid est de lire le Coran, d’invoquer Allah et d’évoquer l’étique du prophète et d’en tirer des leçons. Les fêtes culinaires liées au Mawlid sont purement liées à la tradition et elles n’ont aucun rapport avec la religion donc il vaut mieux les éviter et ne pas forcément les lier à cette noble occasion de prière et rappel. Rappelez-vous qu’aucun des compagnons du prophète n’a fêté cette occasion puisque nous n’avons que deux fêtes « Aïd al-fitr et Aïd Al-Edh-ha ». |
Question
Qu’est-ce que la naissance du Prophète évoque chaque année dans l’esprit du musulman ?
Réponse de Sheikh Ahmad Ash-Sharbâsî
Qui aurait pensé, le jour où naquit notre maître Muhammad – paix et bénédictions sur lui – que ce nouveau-né orphelin et pauvre allait devenir le réformateur de l’humanité et le maître du monde ? Muhammad – paix et bénédictions sur lui – commença sa vie en pleurs comme ferait tout nouveau-né. Il naquit d’une femme qui ne se distinguait du commun des femmes ni par la fortune ni par le prestige. Sa naissance eut lieu entre les murs d’une maison modeste qui n’avait rien d’un beau manoir, ni d’un palais muni de balcons. Sa naissance, quoique bordée des soins divins et de l’attention seigneuriale depuis le début, se passa de toute festivité. Combien de nouveau-nés sont annoncés avec moults célébrations et sacrifices d’animaux et pour qui les canons retentissent et les chapiteaux sont dressés, puis qui deviennent après cela insignifiants et ne sont pas considérés auprès de Dieu.
Et combien de fois un nouveau-né naît à l’insu des gens, sans festivité et sans annonces, mais faisant la joie du ciel. Les anges en sont heureux dans l’horizon supérieur quand bien même il passerait inaperçu entre les habitants de la poussière inférieure. Les astres débordent de lumière en son honneur tandis que sur terre aucune lampe ne s’allume pour lui. Les vérités de l’univers et les secrets de l’existence se préparent pour lui tendre des coupes de leur pur nectar et de leur breuvage généreux. Le meilleur exemple que nous donnons – et que Dieu Exalté soit-Il donne – de cette catégorie, c’est notre maître et seigneur Muhammad Ibn `Abd Allâh – paix et bénédictions sur lui…
Notre maître Muhammad vint implanter une religion dans les esprits et fonder une société sur terre… Ceci est une vérité nécessairement connue de la religion. Celui qui hésite à son sujet est un ignorant et celui qui la nie n’est pas musulman. La religion qu’il a implantée est celle du Monothéisme et de la pureté, celle de la fraternité et de l’humanité, celle de la droiture et des nobles manières. Elle est la religion de l’esprit cristallin qui donne la prééminence aux affaires de l’âme par rapport aux affaires du corps, qui préfère le lien des cœurs au lien des seins, qui se dépense activement dans la vie puis qui se soumet entièrement à la volonté du Connaisseur de l’Inaccessible et qui revêt de nuit les attributs du moine, et de jour ceux du preux chevalier.
Notre maître Muhammad vint pour combattre le diable partout. Il ne s’agit pas seulement du diable représenté par Satan, son grand suppôt, mais le diable présent dans toutes les formes du mal qui se répandent dans le monde. Le diable peut en effet prendre la forme d’une idole qui tente son adorateur ignorant vers l’égarement et l’idolâtrie. Il peut également résider dans une illusion réduisant l’homme à l’esclavage et lui retirant ses facultés de réflexion, si bien qu’il cesse d’avoir confiance en son Seigneur et en lui-même. Il réside aussi dans la thésaurisation des richesses au point que l’or devienne pour son propriétaire une divinité adorée en dehors de Dieu. Il peut prendre la forme d’une femme licencieuse qui te détourne de ta dignité, ou d’un ami traître et pervers qui corrompt tes manières, ou encore d’un séducteur trompeur qui met ta dignité sous son joug, ou toute autre forme du mal… Le Messager de l’islam – paix et bénédictions sur lui – vint combattre tous ces démons…
Il livra la guerre au diable dans le domaine du culte en réduisant les divinités multiples à un Dieu unique. Il éleva les gens des bas-fonds de l’idolâtrie et du polythéisme à la limpidité du monothéisme. Il lutta contre le diable dans le domaine des illusions et des légendes : il lutta contre toutes sortes de divination par les oiseaux, le sable, les pierres et les idoles ; il lutta contre les inepties dont le diable se sert pour répandre l’ignorance et l’aveuglement dans l’esprits des insouciants, faisant d’eux les esclaves des mensonges et des chimères. Sur ce plan, il eut l’extrême sagesse d’honorer la raison et d’élever son rang. Ainsi nous a-t-on transmis parmi ses enseignements : « Accrois ta raison, tu seras plus proche de ton Seigneur. » ; « Toute chose repose sur un appui, et l’appui du croyant c’est sa raison. La qualité de son culte est à la mesure de sa raison. » ; « La raison dirige son détenteur vers la guidée et le détourne du péril. La foi de l’individu n’est parfaite et sa religion n’est droite que lorsque sa raison est complète. » ; « La raison est une lumière dans le coeur qui lui permet de discerner le vrai du faux. »
Il lutta contre le diable sur le terrain des passions et des plaisirs en enseignant à ses disciples la modération dans la nourriture et les boissons, la répression de leurs instincts concupiscents et l’élévation au-dessus des passions de l’âme et des désirs charnels, si bien qu’ils devinrent tels des anges marchant entre les gens en toute quiétude. Leurs coeurs s’emplirent de la crainte de Dieu et se détournèrent des passions et de la convoitise : « Bienheureux sont certes les croyants, qui se recueillent dans leur prière, qui se détournent des futilités, qui s’acquittent de l’aumône, et qui préservent leur chasteté, à moins que ce ne soit avec leurs épouses ou avec ce que possède leur dextre, car là vraiment, on ne peut les blâmer – alors que ceux qui cherchent au-delà de ces limites sont des transgresseurs -, qui veillent à la sauvegarde des dépôts qui leurs sont confiés, qui honorent leurs engagements et qui observent strictement leurs prières. Ceux-là sont les héritiers, hériteront du Paradis pour y demeurer éternellement. » [1]
Il combattit le diable dans le domaine des finances et de l’économie, vaste sujet qui demande de longs développements, alors que nous sommes contraints ici à la concision.
La communauté pâtit énormément lorsqu’il existe en son sein un individu riche, opulent et dépensier, et non loin de lui, une pauvreté extrême et une misère noire. Il est indispensable pour l’équilibre de la société et pour l’existence d’un esprit de solidarité et d’amour mutuel en son sein, qu’il y ait un niveau de vie général, dont le riche opulent et dépensier s’éloigne peu, et qui n’est pas bien au-dessus du pauvre avec sa faim et sa privation. Nous ne visons pas ici une égalité absolue, ni un communisme rampant. Nous visons plutôt le rapprochement entre les classes sociales, ce que fit le Messager de l’islam…
Il lutta aussi bien contre la pauvreté et ses démons que contre l’opulence et ses démons… Lorsqu’il vint, il vit dans la Communauté des pauvres et des riches. Il incita alors à la charité et à la bienfaisance et récita la parole de son Seigneur : « A ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et ne les dépensent pas dans le Sentier de Dieu, annonce un châtiment douloureux, le jour où ces trésors seront portés à l’incandescence dans le feu de l’Enfer et qu’ils en seront cautérisés, front, flancs et dos : voici ce que vous avez thésaurisé pour vous-mêmes. Goûtez de ce que vous thésaurisiez.› » [2]
Il veilla à l’entraide disant : « Dieu vient à l’aide du Serviteur aussi longtemps que celui-ci vient à l’aide de son frère ». Cette démarche ne s’arrêta pas au volontarisme de l’aumône ; la prescription de la zakâh (aumône légale) – qui rend mécréant celui qui la nie, et dont on combat celui qui ne s’en acquitte pas – vint la compléter : « […] et sur les biens desquels il y a un droit bien déterminé [la zakâh] pour le mendiant et le déshérité. » [3] ; « Mangez de leurs fruits, quand ils en produisent ; et acquittez-en les droits le jour de la récolte. Et ne gaspillez point car Il n’aime pas les gaspilleurs. » [4]
Le Messager dut prendre à certaines occasions des mesures strictes dans le rapprochement des classes de la société afin que la richesse extrême et la misère noire ne mettent pas en péril les liens sociaux. Il vit peu de temps après son émigration à Médine, d’une part les Ansâr, les habitants d’origine médinoise, qui jouissaient de leurs maisons, de leurs biens immobiliers, de leurs fortunes et de moyens stables de subsistance et qui vivaient dans une aisance et une sécurité financière enviable, et d’autre part, les émigrés mecquois, chassés de leurs maisons et de leurs possessions, ayant perdu leur gagne-pain habituel et qui, malgré l’aide et le soutien qu’ils avaient reçus de la part de leurs frères ansârites, avaient besoin d’un ballon d’oxygène pour réanimer leur situation économique et se rapprocher du niveau des Ansâr, chose que le Messager accomplit grâce une opération très réussie…
La Sîrah du Messager – paix et bénédictions sur lui – nous apprend que le butin de l’expédition de Banû An-Nadîr revint entièrement au Prophète du fait que la victoire fut achevée par un traité et non par le combat armé. Le Prophète décida alors de le partager entre les ?migrés sans rien en donner aux Ansâr, exception faite de deux hommes démunis ! Oui, il le distribua entre les Muhâjirûn sans rien en donner aux Ansâr, non par mépris pour ces derniers, mais parce qu’ils étaient riches alors que les émigrés vivaient dans la pauvreté. Le Messager – paix et bénédictions sur lui – visait à rapprocher la situation économique des deux groupes tout comme ils étaient devenus des frères par la Grâce de Dieu. C’est pourquoi il fit don à deux hommes parmi les Ansâr qui vivaient dans le besoin , et si ces hommes avaient été riches, il ne leur aurait rien donné !
Muhammad – paix et bénédictions de Dieu sur lui – combattit la maudite pauvreté, fit en sorte que chaque être humain puisse bénéficier d’un niveau de vie honorable, prescrivit une aide financière puisée dans la Trésorerie de l’Etat Islamique pour aider les démunis et assura à ses disciples une vie digne et honorable. Ce Messager tint à donner l’exemple le meilleur si bien qu’il se fatigua pour que les autres trouvent le repos, connut la faim là où les autres se rassasiaient et se priva de bien des choses licites pour qu’en profite le reste de sa communauté. Des mois passaient, sans que le feu ne s’allume sous une chaudière dans la maison prophétique, alors que les maisons voisines s’adonnaient à la cuisine. Dieu proposa à son Prophète Muhammad de lui transformer certaines montagnes en or et en argent, mais il refusa. Il préféra avoir faim certains jours pour invoquer son Seigneur, et se rassasier d’autres jours pour Le louer. Il préféra la vie des serviteurs à la tyrannie des césars et autres chosroés. Il invoquait tout au long de sa vie : « ? Dieu, fais que je vive pauvre, que je meurs pauvre, et que je sois ressuscité avec les pauvres ».
Ce comportement du Prophète Muhammad ne signifie pas qu’il méprisait la vie ou qu’il encourageait autrui à délaisser les affaires de ce bas-monde. Il agit en tant que chef suprême et, ce qui pour certains est une bonne œuvre, passe toutefois pour une œuvre médiocre de la part des gens de degrés spirituels supérieurs. Sa vie fut ainsi marquée par une rigueur supérieure à celle des autres, pour écarter de lui toute mauvaise pensée, et afin que nul n’estime qu’il serait interessé par quelque pouvoir ou intérêt personnel. C’est pour cela que Muhammad éduqua sa famille par cette discipline raffinée. Il ne la laissa pas s’adonner à l’aisance ni profiter des choses matérielles comme le font les autres, car les regards sont dirigées vers eux et l’attention est tournée vers leurs actes. Dieu – Exalté Soit-Il – voulut ce grand ascétisme pour Son Prophète : « Et ne tends point tes yeux vers ce dont Nous avons donné jouissance temporaire à certains groupes d’entre eux, comme ornement de la vie présente, afin de les éprouver par cela. Ce qu’Allah fournit au Paradis est meilleur et plus durable. » [5]
Dieu voulut également que les épouses du Prophète, paix et bénédictions de Dieu sur lui, donnent le meilleur exemple, le modèle digne de la demeure prophétique. Ainsi, elles n’ont pas ambitionné les jouissances, les honneurs ni les artifices de la vie présente. Au contraire, il leur seyait davantage d’espérer ce qu’il y a auprès de Dieu. En outre, Dieu les informa que leurs péchés compteraient double et que leurs œuvres pies auront une double rétribution. Il les mit en garde contre la promiscuité, la parure excessive, et leur ordonna d’accomplir les choses prescrites, avec une obéissance et une soumission totales aux versets de Dieu et à la Sagesse.
Il te suffit de lire les versets suivants pour comprendre comment Dieu – Exalté et Glorifié Soit-Il – traça la voie de la perfection et de la grandeur aux épouses du chef suprême. Et pour barrer le chemin à la moindre supputation soutenant la thèse de l’exploitation du statut de Prophète à des fins personnelles, Dieu dit : « ? Prophète ! Dis à tes épouses : ‹Si vous désirez la vie présente et sa parure, alors venez ! Je vous en ferai jouir et je vous libérerai par un divorce sans préjudice. Mais si c’est Allah que vous voulez et Son Messager ainsi que la Demeure dernière, Allah a préparé pour les bienfaisantes parmi vous une énorme récompense. ? Epouses du Prophète, quiconque parmi vous commet une turpitude prouvée, le châtiment lui sera doublé par deux fois ! Et ceci est facile pour Allah. Et celle d’entre vous qui est entièrement soumise à Allah et à Son Messager et qui fait le bien, Nous lui accorderons deux fois sa récompense, et Nous avons préparé pour elle une généreuse attribution. ? Epouses du Prophète ! Vous n’êtes comparables à aucune autre femme. Si vous êtes pieuses, ne soyez pas trop complaisantes dans votre langage, afin que celui dont le coeur est malade ne vous convoite pas. Et tenez un langage décent. Restez dans vos foyers ; et ne vous exhibez pas à la manière des femmes de l’ère de l’Ignorance. Accomplissez la prière, acquittez-vous de l’aumône et obéissez à Allah et à Son Messager. Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, ? Gens de la Maison, et vous purifier pleinement. Et gardez dans vos mémoires ce qui, dans vos foyers, est récité des versets d’Allah et de la Sagesse. Allah est Doux et Parfaitement Connaisseur. » [6]
Notre maître Muhammad veilla grandement à ce que nul parmi les siens n’estime que son lien de parenté avec lui ou sa proximité de lui ne lui procureraient des droits supplémentaires. Muhammad est pour tous – son héritage appartient à toute sa communauté et son alliance est donnée à chaque personne qui croit en lui. Une personne croyante et noire de peau vaut mieux qu’un hachémite mécréant. C’est pour cela que le Messager dit à sa fille : « ? Fatimah, fille de Muhammad, œuvre pour toi-même car je ne vous exempte de rien vis-à-vis de Dieu. » Il dit également : « Certains parmi les Gens de ma Demeure estiment qu’ils sont les plus dignes de se réclamer de moi. Il n’en est pas ainsi. Mes alliés sont les pieux, quels qu’ils soient et où qu’ils soient. Et je n’autorise point les Gens de ma Demeure à corrompre ce que j’ai réformé ! »
Combien sage est cette lettre que l’un des Sultans d’Egypte envoya à un ?mir ayant un lien de parenté avec le Messager, paix et bénédiction de Dieu sur lui ; il lui dit :
« Sache que la bonne œuvre est louable en soi ; elle est d’autant meilleure lorsqu’elle vient de la maison prophétique. La mauvaise œuvre est mauvaise en soi ; elle est pire encore si elle sort de la maison prophétique. Il nous est parvenu que tu as remplacé la sécurité par la peur. Tu as commis ce qui rend le visage rouge de honte et qui noircit le registre des œuvres. Soit tu observes tes limites, soit nous te trancherons par l’épée de ton aïeul [le Prophète]. »
Il convient de noter à cet égard que notre maître Muhammad – paix et bénédiction de Dieu sur lui – vint avec la Législation de l’égalité véritable. Il ne se contenta guère de paroles ou de théories, non, il ajouta aux mots la pratique et l’application sous sa forme la plus noble.
Lorsque nous voyons les Etats-Unis – avec leurs grands slogans où ils se font passer pour « le Gardien des Libertés » ou le pays de la fraternité humaine et de l’égalité – faire une discrimination entre Blancs et Noirs, au point de priver l’Américain noir de côtoyer l’Américain blanc dans les universités et ailleurs, nous rappelons que le Messager de Dieu – paix et bénédiction de Dieu sur lui – donna aux trompeurs – qui disent ce qu’ils ne font pas – d’inoubliables leçons dans le respect de la dignité humaine et l’établissement de la fraternité. En effet, il fit de Bilâl, l’Abyssin, de Suhayb, le Byzantin, et de Salmân, le Perse, des frères égaux aux Qurayshites et aux plus éminents chefs arabes comme Abû Bakr, `Umar, `Uthmân, `Alî, Mu`âwiyah et Abû Sufyân. Et ces hommes libres arabes n’ont aucun privilège sur des esclaves non-arabes, car l’Islam abolit l’ignorance pré-islamique, le racisme, l’orgueil motivé par une appartenance tribale ou ethnique, la fierté puisée dans la généalogie ou les liens de sang. « Vous êtes tous issus d’Adam et Adam est fait de poussière ! » « ? gens ! Nous vous avons crées d’un mâle et d’une femelle et nous avons fait de vous des peuples et des tribus afin que vous vous entreconnaissiez. Certes le plus honoré parmi vous auprès de Dieu, c’est le plus pieux. » [7]
Muhammad – paix et bénédiction de Dieu sur lui – fit de l’esclave Zayd Ibn Hârithah le mari d’une Arabe noble libre et prestigieuse, Zaynab Bint Jahsh, qui était digne de devenir plus tard une épouse du Noble Messager et l’une des Mères des Croyants, que Dieu les agrée et les bénisse.
Le Prophète – paix et bénédiction de Dieu sur lui – vint renforcer la voie de la noble éthique et de la bienfaisance dans le comportement. Il vint bâtir la vie selon la générosité et la beauté du pardon envers celui qui a mal agi. Le voilà récitant à son peuple la Parole de son Seigneur le Très Sage : « Pardonnez et faites bonne grâce. » [9] ; « Le pardon est plus proche de la piété. » [10] Il récita aussi : « […] ceux qui dominent leur rage et pardonnent à autrui – car Allah aime les bienfaisants » [11] ; « La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse le mal par ce qui est meilleur ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. » [12] Il dit en outre : « Et si vous endurez… cela est certes meilleur pour les endurants. » [13]
Le Prophète – paix et bénédiction de Dieu sur lui – ne se contenta pas de répéter ces versets – auquel cas ils seraient restés des principes théoriques non-appliqués alors que ce qui importe vraiment c’est leur mise en pratique. Le Prophète en fit un principe qu’il appliqua dans toute situation où le pardon était possible. Un homme polythéiste, An-Nadir Ibn Al-Hârith, insultait le Prophète, le menaçait, se moquait du Coran et le contredisait, participait au combat armé contre les musulmans et incitait au meurtre du Prophète, commettait des péchés capitaux et des turpitudes – chacune de ces turpitudes aurait suffi pour le mettre à mort, alors que dire de leur ensemble. Puis Dieu voulut que ce maudit soit capturé pendant une bataille, et le Prophète ordonna qu’il soit tué. La soeur de cet infâme polythéiste arriva et déclama des vers de poésie pleurant son frère et cherchant à toucher le coeur du Prophète. Cela emplit le coeur du Prophète d’émotions et il dit : « Si ces vers de poésie m’étaient parvenus avant sa mort, je l’aurais grâcié. » C’est une leçon qui nous enseigne à réagir positivement aux sentiments du bien lorsqu’ils se manifestent dans l’être.
Sufânah Bint Hâtim vint le voir alors qu’elle était prisonnière de guerre et lui dit : « ? Muhammad, mon père n’est plus, et nul ne vient me voir. Si tu veux bien me libérer pour m’épargner la joie des ennemis à me voir captive, car je suis la fille du chef de ma tribu. Mon père soulageait le souffrant, protégeait les lieux, honorait les visiteurs avec hospitalité, rassasiait l’affamé et soulageait l’éprouvé. Il donnait à manger et saluait les gens. Il n’a jamais privé d’aide une personne qui vint à lui avec une demande. Je suis la fille de Hâtim de Tayyi’ ! « . Le Prophète – paix et bénédiction de Dieu sur lui – à peine eut-t-il entendu ses mots qu’il en fut ému et lui dit : « Jeune femme, ce sont là des qualités du croyant. Si ton père était musulman nous aurions invoqué la Miséricorde pour lui. Libérez-là, car son père aimait les nobles manières. » C’est ainsi que le Messager – paix et bénédiction de Dieu sur lui – la sauva de l’humiliation de la captivité. Il lui accorda la liberté, puis prépara son voyage en toute générosité et la fit retourner chez son frère et sur sa terre en tout honneur !
Enfin, le Prophète est venu pour établir, par la Volonté de Son Seigneur, la voie de la critique et du jugement en matières de droits et de devoirs. Nul, aussi illustre soit-il, ne saurait en être exempté… Chacun est un Serviteur de Dieu, soumis à Son Jugement. Quiconque fait le bien, c’est dans son propre intérêt, et quiconque commet le mal, c’est à sa propre personne qu’il nuit. […]
O gens ! Ecoutez bien l’appel sacré du Seigneur des cieux à propos du Suzerain des Prophètes : « Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus d’Allah ! Par ceci, Allah guide vers les chemins du salut ceux qui recherchent Son Agrément. Et Il les fait sortir des ténèbres à la lumière par Sa Grâce. Et Il les guide vers un chemin droit. » [14] Vraie est la parole d’Allâh le Munificent.
Allâh – Glorifié et Exalté soit-Il – est plus savant.
Traduit de Yas’alûnaka fî Ad-Dîn Wal-Hayâh (Ils te questionnent sur la religion et sur la vie), v. 6, pp. 310-318. Cet ouvrage en sept volumes compile les fatâwâ de Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî, que Dieu lui fasse miséricorde.
(source : islamophile.org)