Lalla Kounta est le chef de son foyer depuis plus de 25 ans. Elle consacre tout son temps au petit commerce afin de permettre à ses enfants d’avoir une vie meilleure. En ayant la conviction que la réussite des ces derniers lui permettra de se reposer, elle investit dans leurs études avec dynamisme.
Cette femme ne passe pas inaperçue à Castors ainsi qu’au marché de ce quartier. Lalla Kounta n’est plus à présenter aux habitants, aux commerçants et aux ouvriers de Castors. Le dynamisme de cette dame est reconnu de tous, on la voit depuis des années évoluer dans le petit commerce. Le teint clair et la taille moyenne, elle nous accueille dans son appartement. L’immeuble qui lui sert d’habitat est bien visible depuis la rue qui mène vers le marché. Son appartement donne sur la terrasse. Pour fuir la chaleur qui règne dans la chambre en cette période de canicule, elle nous installe sur la véranda. Assise sur une chaise en plastique, Lalla nous accueille avec beaucoup de tendresse.
La cinquantaine dépassée, Lalla a consacré tout son temps au travail. En 1983, son mari qui était commerçant, dépose les clefs sous le paillasson et se retrouve confronté aux durs obstacles de la vie. Etant en état de grossesse, elle manque de moyens pour survivre. « Je n’étais même pas en mesure de me payer une miche de pain », raconte-elle. Lalla se débrouille dans le petit commerce pour avoir de quoi manger. Pour soutenir son conjoint, elle prend en location une chambre à 17.000 francs le mois afin de pouvoir y vivre avec ses enfants. Dans des conditions difficiles, mère Lalla, comme l’appellent les jeunes du quartier, se débrouille pour tenir son foyer. « Je me levais au petit matin pour préparer un seau de jus de bissap (oseille) que j’écoulais au marché Castors et dans les garages mécaniques et menuiseries juste pour pouvoir préparer le déjeuner. Dans l’après midi aussi, je préparais des beignets que je vendais afin d’assurer le dîner. Et il m’arrivait souvent de rester jusqu’à 22 heures sans préparer », se souvient-elle.
Conscients de sa situation ainsi que de sa volonté au travail, ses voisins la soutiennent à subvenir ses besoins. Aujourd’hui mère de trois enfants dont deux garçons et une fille, Lalla assure bien son rôle de chef de famille depuis plus de 25ans. Cette femme courageuse n’a d’autres préoccupations que la réussite de ses enfants qu’elle entoure de beaucoup d’affection. « J’ai toujours payé la scolarité de mes enfants et je veille à ce qu’ils ne manquent de rien » affirme-t-elle. En restant toujours le chef de ménage, mère Lalla commence à faire des économies qui lui permettent d’avoir une vie meilleure. Mais elle ne cesse de se souvenir de ses durs moments. « Il m’est arrivé de ne pas avoir de mouton pour la fête de Tabaski, et j’avais beaucoup pleuré ce jour. Car mon fils ainé avait refusé de partir à la mosquée, parce qu’il était abattu par notre situation », relate-elle. Aujourd’hui, sa situation s’est améliorée. Elle continue d’investir dans les études de ses enfants tout en ayant l’espoir de les voir réussir. « L’un de mes fils est dans une école de formation où je paye 40.000 francs par mois depuis trois ans. Et j’ai vendu moult fois mes colliers en or pour payer la scolarité de mes enfants et assurer leurs besoins. Ma seule préoccupation est leur réussite », explique Lalla. Avec ses économies, la brave paye le loyer de son appartement, assure les dépenses quotidiennes ainsi que les factures d’eau et d’électricité. Le jour du baptême de sa fille est un souvenir inoubliable pour mère Lalla. « Pour le baptême de ma fille, mon mari m’avait donné 15000 francs sans mouton. Mais ce jour là, conscient de ma situation, mes voisins et clients, vendeurs du marché, se sont tous mobilisés pour me soutenir. Ainsi j’ai pu collecter beaucoup d’argents pour la cérémonie et le reste m’a permis de payer cinq mois d’arriéré de location » se souvient-elle.
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