Le coup de sabot. Par Adama Diouf

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Nder ? Yasmin ? Tahrir ? On hésite… en tout état de cause,  le vieux  Samouraï a été fortement terrifié.  On attendait de lui qu’il allât jusqu’au bout. Mais non ! Il a capitulé face à la mobilisation générale politique, civile et citoyenne du peuple sénégalais.

Jamais dans l’histoire de ce pays un Président  de la République n’avait subi une telle humiliation. Même les dures chefferies royales locales.

Ce jeudi, un jour de l’an 2011, Abdoulaye Wade a essuyé une raclée  de la  part de  la jeunesse de son pays.  L’image est investie à la fois d’une valeur symbolique et  anecdotique. C’est cette même  jeunesse qui  « un jour de l’an 1988 » lui avait « restitué sa liberté ». C’est cette même  jeunesse qui un jour de l’an 2000 l’a porté au pouvoir.

Les jeunes ont brûlé le vieux qu’ils ont adoré hier. Celui qu’il appelait affectueusement ou respectueusement, « Gorgui » ou « Pabi » est un vulgaire grand-père. Pas de sagesse, pas d’autorité, pas d’éthique… . Un « Mame » qui a ôté sa calotte et ses « marakis ».

Ce qui s’est passé le jeudi 23 juin 2011 marque la fin de l’aventure d’un homme. Un homme qui a usé sa dernière cartouche et il a perdu. Un homme qui n’a d’y eux que pour le fauteuil présidentiel qu’il occupe, de même que son fils. Les préoccupations de la population ne l’intéressent pas. Il s’en moque complètement, il s’en fout totalement. La seule chose qu’il sait faire pour cette population, est de l’abreuver d’idioties,  d’insanités et d’injures : « allumer des lampes tempêtes, mon fils est le meilleur, si tout le monde travaillait comme ma famille, c’est moi qui donne le pouvoir, ils ont peur de moi…, bref j’en passe, le dictionnaire labial du chef  sénile  est loin d’être fermé.

En voulant opérer, d’une manière éhontée et inconvenante un hold-up électoral de haut niveau, en plein jour, l’homme qui se croit tout permis, tel un chauffard de bolide a fini sa folle course contre les balises républicaines. Tous les démocrates et toutes les composantes vives de la nation étaient debout comme un seul et lui ont dit NON.  Un non de « sursaut d’honneur et de dignité » comme l’a bien dit l’ancien député Mbaye Ndiaye débarqué par la force à l’assemblée par Wade et ses valets.

L’homme a oublié qu’on ne peut pas opérer un passage par la force devant la volonté populaire. Contrairement à ce qu’il pense, c’est cette volonté qui fait les présidents. C’est cette volonté qui a déboulonné démocratiquement et héroïquement  Abdou Diouf  du pouvoir afin de le mettre  au perchoir.  Qu’est ce qui s’est passé en si peu de temps, pour que l’homme qui fut le plus « démocrate » du Sénégal et de l’Afrique fut complément aveugle et sourd face aux revendications et alertes de son peuple.

A-t-il oublié comme le dit un proverbe  bien de chez nous (Afrique) c’est-à-dire au pays des Fon du Benin : « on ne donne pas un coup sur la tête à  celui qui a votre doigt dans sa bouche »

A-t-il oublié que la force,  la ruse, la roublardise, le mensonge, la duperie, l’argent, le banditisme  ne peuvent éternellement prospérer.

Tous les chefs des périodes antiques, médiévales qui avaient bâti leur puissance sur ce registre se sont écroulés comme des châteaux.

Les tyrans modernes aussi ont été balayés par la fureur et la colère de leurs hommes.

Prions afin que ce coup de sabot à sa tête sonne comme une thérapeutique pour réveiller l’homme toujours somnolant.

Mais ce fut-il déjà de la peine perdue. A peine a-t-on fini de savourer notre victoire démocratique que les proches du président nous servent comme à l’accoutumée un discours tout à fait mensonger, grotesque, ridicule, puéril et défaitiste, en arguant que c’est sous la pression des marabouts qu’il a retiré le projet. Faut-il que je crie faux pour que vous me croyiez ?

Cette rhétorique lamentable est une insulte même à ces chefs religieux du pays.

En toute vérité et en toute sincérité, tout le monde sait que, si Wade a retiré ce projet c’est à cause de la forte mobilisation et détermination des braves patriotes de ce pays qui ont manifesté de prés ou de loin devant l’Assemblée nationale.

On ne change pas le destin d’un cochon. Autrement dit chassez le naturel, il revient au galop. Le président peut revenir à la charge et tenter un autre coup de poker menteur. Mais il trouvera  sur le chemin le même peuple qui l’a affronté à main nue le 23 juin.

Ce qu’il doit faire est simple. Mais je ne pense pas qu’il ait la mesure et l’intelligence de le faire. Une adresse à la nation, avouer ses réussites et ses échecs, demander pardon, retirer son fils du pouvoir, de toutes les affaires du pays, ne plus se présenter en 2012. Les Sénégalais en seront à moitié soulagés, et cléments. Mais ils n’oublieront jamais les graves manquements.

Monsieur le président tel est le chemin à suivre pour sortir par la grande porte comme le fit le président Abdou Diouf.

 

Adama Diouf.

 

 

 

 

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