Lettre ouverte à la Communauté internationale et aux partenaires au développement. Par Mandiaye Gaye

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Le Sénégal est devenu l’ombre de lui-même si l’on se réfère à la perte de toutes ses valeurs d’antan, qui faisaient de lui, un pays de référence à plusieurs égards. En élisant Abdoulaye Wade  démocratiquement en 2000, à la tête du pays, nous étions loin d’imaginer, que notre choix se portait inconsciemment, sur le futur démolisseur de toutes ces valeurs qui nous étaient chères. Ainsi, par sa méthode spécieuse de gouvernance, en une décennie seulement, il nous a dépouillé de toutes nos valeurs et ressources tant humaines, matérielles, financières, institutionnelles que morales. Ce qui fait de notre pays aujourd’hui, une coquille vide et que son premier dirigeant tente de couvrir d’éloges par la parole à travers le monde.

 

Ce bilan peu élogieux et les méthodes de Wade, qui défient les règles les plus élémentaires de la démocratie, de la justice, de la transparence, de la bonne gouvernance et du respect des droits humains, etc., sont parfaitement bien connus de par le monde par conséquent, de la Communauté internationale également. Mais pourquoi alors son silence ?

 

Le silence observé par la Communauté internationale sur les méthodes et pratiques de gouvernance de Wade, si décriées par le peuple sénégalais, qui foulent en outre aux pieds, tous les principes démocratiques, de même, que ses nombreuses violations en tout genre, est incompréhensible aux yeux des Sénégalais. Quand dans le même temps, pour bien moins que cela, des chefs d’Etat ont été sanctionnés et même, sévèrement par la communauté internationale, pour non-respect des droits et libertés des peuples. Est-ce parce que Me Wade est ce « terroriste », qui use de menaces,  et attaque par ses foudres verbales, tous ceux qui osent le dénoncer ouvertement, en prenant les devants et pour  mieux se protéger ? Sûrement !

 

Les partenaires au développement qui ferment les yeux sur les pratiques de Me Wade, consistant à détourner les financements, de leurs objectifs bien déterminés, sans qu’ils ne disent rien, peuvent être considérés comme des complices. Tous les bailleurs de fonds savent parfaitement aujourd’hui, que le Sénégal est un pays gangrené par une corruption profonde au sommet de l’Etat. Ce qui affecte négativement sa gestion transparente et permet l’inobservation des règles édictées, pour l’attribution correcte des marchés publics.

 

Il y a là, pour les bailleurs de fonds et partenaires au développement, deux poids et deux mesures, dans la surveillance des Etats et dirigeants délinquants, pour la bonne gouvernance. En principe, tous les financements sont toujours soumis à des règles et conditions précises que les bénéficiaires sont tenus de respecter. L’objet pour lequel le financement a été octroyé doit être clair et précis. Dans ce cadre bien défini, Me Wade est out, car dans la pratique, il fait pire que tous les autres et dans tous les domaines, que tous ceux qui sont frappés de sanctions par la Communauté internationale. Sa caractéristique principale est bien estampée, la mal-gouvernance générale. Il est réputé comme celui qui ne respecte aucun de ses engagements, en commençant par le non-respect et la violation de ses propres institutions. Mais pourquoi donc, cette faveur ? La terreur qu’il mène sur les représentants diplomatiques résidant au Sénégal et considère comme incommodes, parce qu’ils le dérangent, semble bien porter ses fruits jusqu’ici. Car grâce à elle peut être, il est pour le moment à l’abri de toute condamnation pour ces multiples violations de tout genre, par la Communauté internationale.

 

Il doit être clair  pour cette Communauté internationale, que le peuple sénégalais n’a rien à faire, d’un médecin après la mort. Autrement dit, c’est au moment où nous subissons les affres de notre président hors-la-loi, qui ne se fait aucun souci de nos souffrances qu’il nous fait supporter, qui ne respecte aucun de ses engagements envers et notamment les institutions et les lois de la république, que nous aimerions avoir le soutien, ne serait-ce que moral et de principe de la Communauté internationale et des organisations de défenses des droits et libertés.

 

Les Dérives de Me Wade sont si manifestes, qu’elles sont devenues maintenant le secret de Polichinelle car, elles sont connues de par le monde. Ses jeux de cache-cache et de fuite en avant pour se voiler la face, ne devraient plus tromper personne. Tous ces chefs d’Etat mis au ban de la société aujourd’hui, et que la réalité a révélé qu’ils étaient des prédateurs, des monarques sans trône, des dictateurs qui se dotaient d’une constitution rien que pour la galerie, qui s’enrichissaient de manière éhontée sur le dos des leurs peuples respectifs, étaient ses proches amis et, adeptes des mêmes pratiques.

 

Alors, la Communauté internationale, les Partenaires au développement, les Bailleurs de fonds et les pays amis de notre peuple, sont des témoins vivants de tout cela depuis une décennie, sans la moindre dénonciation connue de nous. Dès lors, que personne ne vienne demain verser des larmes de crocodile sur nos déboires avec ce régime corrompu, ou nous déclarer avoir ignoré ces pratiques de Wade. Ils sont également témoins de toutes ses manigances cousues de fils blancs, pour essayer de placer son fils après son départ du pouvoir, à la tête de notre pays. Comme nous, ils ont bien vu l’entremetteur Nicolas Sarkozy, qui a été recruté sans doute, pour apporter une valeur ajoutée, à une camelote, considérée par les Sénégalais libres, comme une denrée impropre à notre consommation. Tout cela, uniquement pour nous imposer une succession dynastique par des voies détournées. Ce dont le monde entier est témoin.

 

Les derniers événements en date dans notre pays, prouvent à suffisance encore au monde entier, s’il en était besoin, la volonté démesurée de Wade, à tout faire pour demeurer au pouvoir au-delà de 2012. En effet, cette opération  qui dépasse l’entendement d’un simple démocrate, consistant à chasser des élus au suffrage universel et démocratiquement comme lui, par un simple décret du président de la République, en violation flagrante de toutes les règles préalables et lois relatives à la décentralisation. N’est-ce pas renversant ! Pire encore ! Me Wade par son bras armé, le ministre de la Décentralisation a employé la force aveugle pour réprimer les populations locales opposées à ce découpage administratif au parfum politicien de mauvais perdants. Un découpage effectué contre la volonté des populations, qui avaient au paravent, exprimé librement, lors  des locales de 2009, par leur choix, porté sur des citoyens bien déterminés, parmi d’autres. Le bilan macabre du régime libéral de Me Wade fait pour le moment, 11 morts tués par balle ou par tortures des forces de l’ordre.

 

Ces actes inqualifiables de Me Wade dans un Etat de droit, ont fait le tour du monde entier, grâce à l’Internet. Mais jusqu’à preuve du contraire, aucune condamnation du gouvernement sénégalais, venant de la communauté internationale ne s’est fait entendre, si ce n’est celle timide, de l’Ambassadeur des Etats Unis. Quant à la CEDAO et l’UA comme à leur habitude, ont fait encore montre de leur inutilité pour leurs peuples par leur profil bas, et justifié leur caractère de syndicat au service des chefs d’Etat. Et pourtant, toutes les pratiques de Me Wade vont à l’encontre des recommandations de ces deux organisations dans tous les domaines.

 

Me Wade dans cette dernière  ligne droite, gouverne à présent notre pays par décrets, synonyme d’ordonnances, mettant ainsi entre parenthèses, la constitution et toutes les institutions et lois de la république. Comme si notre pays se trouvait maintenant dans un état d’exception ou de siège. Naturellement, cette méthode de gouverner est de loin plus commode et plus facile, avec des zélés comme Aliou Sow, Souleymane Ndéné Ndiaye et Ousmane Ngom.  Tout cela, constitue des faits et preuves palpables, et avérés permettant à la Communauté internationale, aux pays amis, militants des droits de l’homme, pour le respect des règles élémentaires de la démocratie, d’apprécier objectivement les méthodes et pratiques de Me Wade par rapport à celles admises dans un Etat de droit. En matière de gestion des biens publics, patrimoine de tout un peuple, géré selon l’orthodoxie d’une gestion saine et transparente, personne, fut-il le président de la République ne peut et ne doit en disposer à sa guise et à plus forte raison, à des fins personnelles. Ce que Me Wade fait de manière ostentatoire pour narguer son peuple à la face du monde, sans la moindre réprobation.

 

La tentative de corruption avortée de Me Wade d’Alexis. Segura, Représentant résident du Fonds monétaire international au Sénégal est encore fraiche dans nos esprits et a fait le tour du monde, en plus des nombreuses autres corruptions réussies mais inconnues du public. Ensuite l’achat d’un terrain à New York, plus un autre récemment à Ngor à titre personnel au coût de 1,2 milliard environ, ainsi qu’un 2e avion présidentiel face à la pauvreté endémique du pays, attestée par l’incapacité de l’Etat à fournir correctement la Sénélec en Carburant pour son fonctionnement normal, est d’une flagrante contradiction et un non-sens de gestion économique injustifiable. Un Etat qui est incapable de se suffire en énergie avait vraiment d’autres chats à fouetter. Il est clair pour tout esprit équilibré et tout homme doué de raison discursive, que les fonds utilisés pour acquérir tout cela, est un détournement pur et simple de leur objectif. Il est clair aussi, qu’ils font partie, de l’aide allouée à notre pays par nos partenaires pour notre développement et non pour les besoins personnels de Wade et famille. Encore que, ces dérives que nous connaissons est une goutte d’eau, par rapport à l’océan qui nous est caché. Mais demain il fera jour !

 

En tout cas, pour le peuple sénégalais, ce ne sont pas les raisons et les preuves matérielles qui manqueraient à ceux qui nous aident, pour qu’ils s’assurent que leurs fonds  sont utilisés par notre gouvernement à d’autres fins personnelles que celles de développement de notre pays, le Sénégal.

 

Aussitôt après la présidentielle de 2007, Me Wade a entamé une campagne électorale illégalement et façon permanente, au vu et au su de tout le monde. Mais le voici aujourd’hui, qui interdit des citoyens mus par le devoir, de mener une campagne de sensibilisation par leurs propres moyens,  pour l’inscription sur les listes électorales. Et pourtant, cette charge incombe bien à l’Etat et fait partie de ses attributions régaliennes. Au lieu d’être félicités, ces citoyens initiateurs qui ont une haute compréhension de leurs devoirs, ont été interpelés par la police et leurs matériels saisis et confisqués. Le ? Mouvement y en a marre” qui exécute les mêmes tâches, fait aussi l’objet de persécution pour les mêmes raisons –sensibiliser les citoyens à l’inscription-. Mais de quoi à peur Me Wade  pour que les jeunes aillent s’inscrire massivement. Tout cela vient grossir la montagne de dérives déjà insupportables, dont Me Wade seul, est capable.

 

Heureusement que le peuple sénégalais ait toujours opté pour les méthodes et pratiques démocratiques, pour s’opposer politiquement au pouvoir en place, sinon, nous aurions subi depuis lors la catastrophe. Et Me Wade devrait s’estimer heureux d’avoir un tel peuple mature et responsable, plutôt que le traiter de froussard. Alors pour ce qui nous concerne nous citoyens, soyons de toutes les façons imperturbables, pour accomplir en 2012, le devoir qui nous incombe tous, c’est-à-dire, chasser Me Wade de la tête de notre pays. Un point, c’est tout. Quant à la Communauté Internationale et les partenaires au développement, nous attendons de voir.

 

 

Mandiaye Gaye

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