Magal en France: immersion dans la communauté mouride

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XALIMANEWS- Cette année, c’est dans un contexte particulier de crise sanitaire due à la Covid-19 que le grand Magal se prépare. Immersion dans les lieux de ralliement des fidèles mourides en Ile-de-France. 

À Paris où vit une forte communauté sénégalaise, la question est sur toutes les lèvres. Où et comment sera organisée cette 126ème édition du Magal ? Beaucoup ne pourront pas se rendre au Sénégal et les départs ont nettement diminué à cause de la crise économique et de la hausse du prix du billet d’avion. Dans la communauté mouride, on s’organise pour une célébration de l’événement adaptée aux circonstances inhabituelles marquées par la pandémie de la Covid-19. Une célébration dans le respect des mesures en vigueur.

«Berndé» des Baye Fall dans le 13ème

Les Baye Fall, derrière Serigne Cheikh Fall Khady Guèye, une des personnalités les plus actives dans cette communauté de foi, ne dérogeront pas à la règle de la célébration du Magal malgré la Covid-19. Pendant trois jours (la veille, le jour et le lendemain du Magal), ils seront en parfaite communion. Dans le 13ème arrondissement de Paris, sur l’avenue de Choisy, le guide Baye Fall, qui est par ailleurs président de l’association «Lamp pour le développement humain» en dit davantage : «nous préparerons des mets à partager avec les gens, nous leur offrirons l’hospitalité comme il est de coutume chez les Baye Fall et les Mourides. Dans tout le 13ème, comme cela se faisait les années passées, nous distribuerons de la nourriture et du café Touba dans les foyers, dans les rues aux sans-abri et à bien d’autres personnes pour marquer ce jour important. C’est aussi dans le souci de mieux faire passer le message de paix et de partage de Serigne Touba. Mais nous sommes obligés de nous conformer à l’interdiction de se rassembler. Le Magal de cette année ne peut être célébré ailleurs qu’à Keur Serigne Touba, sis à Taverny». Les rassemblements de plus de mille personnes sont, en effet, interdits. Chacun va devoir le faire chez lui, à l’exception de quelques «dahiras» tels que «Jawartoulah, Dahira Conflans», Touba Aulnay Keur Cheikh Mourtada. L’événement sera tout de même célébré mais dans une moindre envergure, au plus tard jusqu’à 22 heures.

Keur Serigne Touba porte le flambeau

Située à 20 kilomètres au nord-ouest de Paris, dans la commune de Taverny, Keur Serigne Touba tiendra le flambeau. Dans ce quartier calme, la maison (271 rue de Paris) s’étale sur une surface de plus de mille mètres carrés avec une grande cour à l’extérieur. Elle est sur deux niveaux avec 22 pièces dont une grande bibliothèque, des salles de classe. Elle a la particularité d’abriter la mosquée de Taverny.  Depuis 2002, la célébration s’y tient. Les responsables ont déjà pris les devants pour les préparatifs de l’événement qui survient dans une période de crise sanitaire avec une ribambelle de recommandations formulées par l’administration française.

L’accès des lieux de célébration (salle du Palais des Congrès de Montreuil par exemple) n’étant pas autorisé, la maison Keur Serigne Touba, qui est par ailleurs un centre islamique, risque d’accueillir plus de fidèles que d’habitude. Le comité d’organisation se tient prêt et place cette célébration sous le sceau de la responsabilité comme l’a souligné d’emblée Gora Diop, l’un des responsables. «Le monde vit une situation sanitaire difficile qui appelle à la responsabilité de chacun. L’Islam  recommande de ne pas poser des actes qui pourraient nuire à une personne. C’est tout le sens de la démarche du Khalife général, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, depuis le début de la pandémie. Il ne faut pas oublier le fait que l’événement aura lieu en début de semaine. Par conséquent, beaucoup iront au travail le lendemain et à l’école. Mais l’affluence pourrait être importante. C’est pourquoi nous parons à toutes les éventualités», explique-t-il.

En intelligence avec les autorités françaises

Taverny accueillera très probablement plus de monde que d’habitude. Mais Gora Diop, titulaire d’une Maîtrise en sociologie, reste serein et confiant. Il assure qu’un protocole en phase avec les recommandations des autorités françaises a été établi. Il s’agira de faire respecter les gestes barrières en imposant le port du masque, l’utilisation du gel hydroalcoolique, le lavage régulier des mains et la distanciation physique. Lieu culturel officiellement déclaré et reconnu par les pouvoirs publics, Keur Serigne Touba est en contact permanent avec les autorités administratives en cette période de pandémie. «Nous sommes en parfaite intelligence avec la préfecture. Nous avons d’ailleurs reçu son représentant pour discuter de l’événement et du protocole mis sur pied par notre comité d’organisation. Et il en a été satisfait. Entre temps, il y a eu de nouvelles mesures qui limitent les regroupements festifs à 30 personnes, mais les lieux de culte et les manifestations religieuses ne rentrent pas dans ce cadre. Quoi qu’il en soit, le Magal aura lieu», assure-t-il.

Dans l’application de ces mesures prises par le comité d’organisation, des équipes sont mises en place pour la gestion de la sécurité, de l’hygiène, de la communication et du «berndé» (le service alimentaire). Rien n’est laissé au hasard, même la météo. «Nous avons travaillé sur différentes hypothèses. Le protocole sera adapté en fonction du lieu de rassemblement et de la pluie. À l’intérieur, nous travaillerons alors en fonction d’une jauge du nombre de personnes, voir comment ventiler et avoir une circulation des fidèles à certaines heures», soutient Gora Diop.

Il reste, toutefois, à évaluer le nombre de personnes attendues le jour du Magal. Les années précédentes, Keur Serigne Touba Taverny accueillait très souvent plus de 300 personnes dans la journée. Mais Gora Diop rassure : «nous ne pouvons certes pas évaluer le nombre de personnes qui viendront, mais en raison de la Covid-19, nous allons être rigoureux et mettre l’accent sur la sécurité et les berndé. Il y en aura vraiment assez pour tout le monde. 150 voire 200 personnes, c’est le minimum attendu». Hormis les mesures restrictives, le changement majeur se trouve dans la programmation. Les causeries qui étaient organisées dans la journée n’auront pas lieu cette année. Cependant,  des «récitals» du Coran et des déclamations de panégyriques agrémenteront la matinée.

Un plan B à Aulnay-Sous-Bois

Ailleurs, dans la capitale du pays de Marianne, le comité du 18 Safar s’active aussi pour une organisation exceptionnelle de l’événement. Il regroupe des «dahiras» et «Kourels» de l’Ile-de-France. Depuis trois ans, les responsables ont créé une nouvelle organisation nommée «Kourel» 18 Safar Paris regroupant différents «dahiras» de l’Ile-de-France. Beaucoup d’incertitudes planent sur cette édition du Magal de Touba en France. Abdou Aziz Guèye, s’exprimant au nom du responsable de Keur Serigne Touba à Aulnay-Sous-Bois où est domicilié le Collectif des mourides de France, n’en pense pas moins. Selon lui, ils nourrissaient l’ambition de louer une salle plus grande que celle du Palais des Congrès de Montreuil où, les fois précédentes, le «Kourel» 18 Safar  a réussi à mobiliser des milliers de personnes le soir du Magal.  Les démarches étaient bien entamées et le lieu presque acquis jusqu’à ce que le Préfet publie les nouvelles mesures restrictives interdisant les rassemblements de plus de mille personnes. «L’épidémie a repris de plus belle et le maire de la ville nous a notifié un refus pour l’organisation de l’événement. Nous attendions au moins 5.000 personnes», affirme-t-il.

Cependant, le Kourel 18 Safar a réfléchi à un plan B qui consiste à célébrer le Magal dans différents endroits. Ainsi, dans le souci de limiter le nombre de personnes, chaque « dahira » organisera l’événement à son siège avec tout le rituel festif. Ils ont prévu de distribuer des « berndé » dans le 18ème, à Trocadéro, à Louvre, à Saint-Denis. Malgré la crise économique provoquée par la Covid-19, le kourel 18 Safar compte envoyer  le « hadiya » (contribution financière) au khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, et à Serigne Cheikh Dieumb Fall. Ils visent la somme de 20.000 euros. Dans le souci de collecter plus d’argent, le Kourel a lancé une activité économique en créant une société productrice de café Touba.

Dans le 18ème arrondissement, sur la rue Myrha, à l’angle de la rue Affre, c’est déjà la communion. Des fidèles se retrouvent spontanément tous les après-midis, dès le début du mois de Safar pour marquer l’événement. Café Touba et autres boissons chaudes, beignets, jus de fruits sont gracieusement distribués aux riverains et passants. Comme happés par la nostalgie, ils reconstituent l’ambiance de leur terre d’origine.

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