Mame Less Camara: «Y en a marre est en train de régler, de façon surprenante, le problème de la relève générationnelle»

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Y’en a marre fait peur au pouvoir. Sa jeunesse, ses capacités de rébellion et ses cibles prédestinent ce mouvement à opérer des changements fondamentaux dans l’approche politique.

 

Après la manifestation du 23 juillet, un jeune de « Y en a marre » a été interpellé par la Dic. Pourquoi ce mouvement fait peur au pouvoir ?

 

C’est la jeunesse. Celle-ci en tant que composante sociale la plus dangereuse, parce que la plus capable de rébellion. C’est également, la jeunesse dans un pays où, au plan statistique, elle constitue une majorité écrasante. Si on prend ceux qui sont en âge de voter, c’est certainement le segment le plus important parmi les électeurs potentiels. Le profil des figures de proue de ce mouvement des rappeurs, permet une connexion rapide, automatique avec les jeunes. Au fond, le rappeur, il parle de quoi ? Il parle du chômage, de la cherté de la vie, qu’il met sous le compte d’une incapacité du gouvernement actuel accentué par des attitudes de prédation et de corruption. Tout cela produit un discours facile à composer et dont les effets sont détonants.

On se rappelle que le premier acte d’Abdoulaye Wade élu en 2007 a été de présider un concert de rap au stade Iba Mar Diop pour remercier les rappeurs pour ce qu’ils ont fait. C’est vrai que les rappeurs ne sont pas toujours des poètes. Ils ont parfois un rapport brutal avec la réalité et une capacité à exprimer des sentiments de façon à les rendre quasiment contagieux. Aujourd’hui, ces rappeurs ne sont pas des leaders comme tel. J’ai l’impression qu’ils sont plus des « incarnateurs » en tant qu’ils incarnent une jeunesse, qu’ils n’en inspirent véritablement les pensées et les mouvements. C’est pourquoi le mouvement « Yen à marre » est craint plus qu’il n’est accepté. Auprès de l’opposition, il a réussi à arracher le leadership. Ces rappeurs sont en train de régler, de façon surprenante, le problème de la relève générationnelle. Ils sont en train de rendre ringard tout ceux qui, depuis plus de 30 ans, tiennent le même discours.

 

-ce que ces rappeurs sont en passe de changer la manière de s’opposer des adversaires classiques de Wade ?

 

Le 22 juin, à salle Daniel Brothier, quand la «parlotte» a duré, c’est un jeune du mouvement «Yen à marre» qui a pris la parole pour dire qu’on a assez parlé, il faut agir. C’est ce leadership de l’action qui risque de se substituer, malgré son incompétence politique et de façon générale son incompétence à gérer les affaires de la vie, à un autre leadership qui est compétent du point de vue gestion des affaires publiques, mais qui ne s’est pas renouvelée, qui ne fait pas rêver et qui ne mobilise plus. Ce que j’ai vu le 23 juin, c’était beaucoup plus de jeunes, de femmes aussi mais le profil du militant était loin de dominer à la rencontre du M23.

Entretien realisé par Yolande , Joslyne et Aziz Ka

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