Mimi Touré lui dit non: Abdoul Mbaye le début de la fin…

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Abdoul Mbaye et surtout Macky Sall ne peuvent plus tenir face à la polémique, qui va crescendo, relative au rôle joué par l’ancien banquier dans le recyclage de l’argent amené par Hissène Habré au Sénégal lors de sa fuite en 1991.
Des organisations non gouvernementales tchadiennes et internationales ainsi que des victimes du régime de Hissène Habré, ont annoncé leur volonté de porter plainte contre Abdoul Mbaye pour entre autres, faits de complicité de recel de deniers publics, et voudraient aussi le citer comme témoin à un procès de Hissène Habré au Sénégal, qui est parti pour être très médiatisé. On se demande comment le Président Macky Sall, qui prône une certaine éthique dans la gouvernance publique, pourrait s’accommoder d’une telle situation. Aussi, comment le Sénégal pourrait garder à la tête de son gouvernement un Premier ministre impliqué dans le recyclage dans le circuit monétaire de fortes sommes d’argent constituant des biens mal acquis d’un ancien dirigeant étranger, alors que le régime du Président Macky Sall fait de la traque des biens mal acquis une de ses priorités.
Il ne serait pas cohérent que le Sénégal demande au monde une entraide judiciaire et demande l’appui de brigades financières pour débusquer des patrimoines illicitement cachés dans des pays étrangers et ait à la tête de son gouvernement un banquier qui a eu la maladresse de reconnaître publiquement avoir aidé Hissène Habré à planquer un magot volé des caisses du trésor du Tchad et des banques de Ndjamena. Dans une chronique en date du 5 novembre 2012, nous posions le débat sur la nécessité pour le Président Macky Sall et les députés de l’Assemblée nationale de demander au Premier ministre Abdoul Mbaye «de s’expliquer sur les graves révélations faites par la publication La Lettre du Continent dans l’édition n°645 du 25 octobre 2012». En effet, cette revue basée en France révélait le rôle joué par Abdoul Mbaye, directeur général de la Compagnie bancaire pour l’Afrique de l’Ouest (Cbao) de 1989 à 1997, dans la gestion des fonds que l’ancien Président tchadien avait emmenés dans sa fuite précipitée de Ndjamena.

La Lettre du Continent évoquait un rapport d’audit commandité fin 2007 par le groupe bancaire marocain Attijariwafa Bank, repreneur de la Cbao. Préalablement à la reprise de la banque au groupe Mimran, Attijariwafa Bank avait réclamé «un audit de pré-acquisition» confié à 36 experts, dont des membres de la branche américaine du cabinet international Ernst&Young. Durant plusieurs mois, ces experts ont passé au crible les comptes et les opérations de la Cbao. Leurs conclusions ont révélé l’utilisation de comptes appartenant à des clients décédés ou fictifs qui ont permis d’accueillir les fonds appartenant à l’ancien Président tchadien en exil au Sénégal. Au cours de l’année 1991, des ordres ont été donnés pour que la Cbao émît plusieurs «Bons de caisse au porteur», remis en liquide. L’existence d’un listing de comptes de clients fictifs soustraits au contrôle interne de la banque et au contrôle de gestion était également relevée par l’audit. Enfin, le même rapport expliquait que les organes de contrôle interne et de contrôle de gestion ont été systématiquement tenus à l’écart, tout comme les administrateurs et actionnaires. Ces lignes avaient provoqué un charivari. Des hommes d’affaires se disant «amis de Abdoul Mbaye» avaient payé des encarts publicitaires au titre d’injonction : «Laissez le Premier ministre travailler.» Ce dernier ne trouva mieux que de devoir monter au créneau pour avouer avoir aidé l’ancien dictateur tchadien, Hissène Habré, à recycler l’argent fruit d’une razzia des caisses du Trésor public de son pays et des banques de Ndjamena dans le circuit monétaire au Sénégal. Pour Abdoul Mbaye, «rien ne le lui interdisait car, l’infraction sur le blanchiment d’argent sale n’existait pas encore dans le droit pénal sénégalais». Quand d’aucuns faisaient remarquer que le délit de recel n’existait pas moins, «les amis de Abdoul Mbaye» parlaient d’un complot contre le Premier ministre organisé par des proches du Président Macky Sall. Ces comploteurs seraient aidés par des responsables du Groupe Mimran et des hommes des médias.

A coup sûr, Abdoul Mbaye doit avoir beaucoup d’ennemis pour provoquer une «sainte alliance» aussi hétéroclite, contre sa personne, constituée de proches de Macky Sall, de journalistes sénégalais et étrangers, d’hommes d’affaires, d’Ong tchadiennes et internationales et de tout le groupe parlementaire du Pds et de certains députés non-inscrits ! Dans cette affaire, les faits sont têtus. Abdoul Mbaye n’a pas le beau rôle. Après l’aveu public de son implication dans le recyclage de l’argent du dictateur, il a pu être établi que l’ancien directeur général de la Cbao n’avait pas que des relations ordinaires entre un client et son banquier. La preuve ? Les relevés de comptes établis pour le compte de Hissène Habré étaient envoyés à l’adresse «sous le couvert de M. Abdoul Mbaye, directeur général». Il s’y ajoute que pour anonymes que puissent être les «bons au porteur» émis par Hissène Habré, les banquiers identifient systématiquement avant tout décaissement les personnes qui perçoivent les sommes. Un procès public sur la gestion de l’argent de Hissène Habré sera une tribune pour éclabousser de grandes personnalités dont certaines ne sont plus de ce monde. Est-ce que Abdoul Mbaye se montrera si égoïste au point de prendre le risque de voir le nom de son père, Kéba Mbaye, cité dans cette histoire ? Il s’y ajoute que Hissène Habré n’était pas un client de la Biao-Cbao mais un client «si particulier» du banquier Abdoul Mbaye. Une autre preuve ? En quittant la Cbao pour la Banque sénégalo-tunisienne (Bst), Abdoul Mbaye avait migré avec son client Hissène Habré. C’est comme qui dirait da ci taxx riip. Abdoul Mbaye semble avoir tout fait pour se faire accuser dans l’affaire Hissène Habré. Autrement, pourquoi avait-il demandé au ministre de la Justice de recevoir les avocats de Hissène Habré ? Mme Aminata Touré refusa net au motif que le ministre de la Justice n’a rien à voir avec les avocats.

Le quotidien

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