Les 84 millions récoltés par le Bureau sénégalais du droit d’auteur (Bsda) en 3 mois, laissent perplexes certains membres de l’Association des métiers de la musique (Ams). Selon Guissé Pène et Daniel Gomez, ces chiffres ne peuvent être que les collectes des années passées. Par contre, pour certains artistes, c’est une bonne chose d’atteindre cette somme qui permet aux créateurs de vivre de leurs œuvres.
Le directeur du Bureau sénégalais du droit d’auteur (Bsda), Mounirou Sy, a révélé jeudi dernier dans le quotidien L’As, avoir réalisé une collecte de 84 millions de Francs Cfa de droits d’auteur. Seulement, certains membres de l’Association des métiers de la musique (Ams) sont perplexes par rapport à ce résultat. C’est le cas de Guissé Pène qui soutient que c’est «totalement faux». Pour lui, ces 84 millions ne sont pas le fruit du travail de la nouvelle équipe. «Ces 84 millions sont les collectes de l’année dernière et de l’année d’avant. Ce n’est pas possible, les choses se passent dans la continuité. Ce sont de fausses informations. Dans le con-texte actuel, la musique n’est pas dynamique, c’est quasiment impossible de collecter 84 millions en trois mois», a-t-il réfuté. D’après le secrétaire général de l’Ams, «il ne faut pas donner de faux espoirs aux artistes en difficulté». Embouchant la même trompète, Daniel Gomez, également membre de l’Ams, se dit perplexe et dubitatif par rapport à ces chiffres qui sont avancés. «La répartition des fonds se fait toujours avec un an de retard. Ces 84 millions n’ont pas été collectés en 2012. Ce qui fait que ce n’est pas le fruit du travail du nouveau directeur», a-t-il dénoncé. Pour lui, si ces résultats sont avérés, le mérite devrait revenir à la précédente directrice, Madame Diaby Siby car, avance-t-il, «ça montre qu’elle a fait du bon travail». M. Gomez fustige aussi la «nébuleuse» qu’il y a autour de la collecte de ces droits d’auteur. «Je préconise qu’on communique les chiffres, qu’on nous dise qui a payé et comment il a payé. On n’a pas d’informations sur les noms et les organismes qui ont payé et le montant qu’ils ont payé», a-t-il affirmé. En clair, ces acteurs culturels dénoncent une «affabulation» et des sources bien au fait de la situation du Bsda renseignent même que cette structure n’a jamais géré un budget de 80 millions, comme l’affirmait mounirou Sy.
Contrairement à ces membres de l’Ams, certains artistes musiciens se réjouissent du résultat obtenu par Mounirou Sy. Joint depuis Paris où il se trouve actuellement après être, selon L’As, passé au guichet la semaine dernière, Idrissa Diop, dit qu’il faut encourager Mounirou Sy pour le beau travail qu’il est en train de faire. «Il a une vision nette de ce que le Bsda peut devenir. Avec lui, ce ne serait pas étonnant de voir un jour un artiste gagner 50 millions pour ses droits», a-t-il dit. Pour l’auteur de Historia, «Ces 84 millions, que ça soit le fruit du travail de l’équipe précédente ou de cette nouvelle équipe, ce n’est pas important. L’essentiel c’est le travail qui a été abattu. Donc, il faut féliciter les gens qui sont là et ceux qui étaient là.»
«Manque de volonté pour la création de la société de gestion collective»
Avec la communication qui est faite autour des activités du Bsda, la société de gestion collective qui devrait remplacer cette structure n’est-elle pas en train d’être enterrée ? Les membres de l’Ams interpelés sont formels : «Il y a un manque de volonté de la part des autorités pour concrétiser ce projet.» «Cette société devrait être créée depuis 2010, mais, on n’en fait pas une priorité. Les dossiers sont déjà ficelés mais, il y a un manque de volonté réelle dans le suivi», a soutenu Daniel Gomez. Aussi, Guissé Pène note qu’«on n’est dans aucun schéma pour la réalisation de ce projet». «Le président de la République doit prendre les choses en main. Le directeur du Bsda qui projette d’atteindre en 2013, une collecte de 5 milliards ne veut pas de l’installation de la société de gestion collective. Nous voulons que l’Etat prenne en main ce dossier», a-t-il suggéré.
