Noirs et Latinos mettent en échec la stratégie républicaine en Floride

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File d'attente à un bureau de vote, le 6 novembre, à Miami.

 

Gravement touchée par le chômage et les faillites, paradis des retraités fortunés enclins à voter républicain, la Floride et ses 29 délégués auraient dû logiquementtomber dans l’escarcelle de Mitt Romney. Son échec dans le « Sunshine State », dont il a labouré le terrain et qu’il a pilonné de publicités négatives sur son adversaire, est lourd de leçons non seulement pour la personne du candidat républicain, mais pour son parti. Il semble dû à la fois à son incapacité à incarnerun avenir économique meilleur, et à séduire un segment pourtant crucial, les Latinos.

Certes, l’écart entre les deux rivaux est plus faible encore qu’en 2008 (Barack Obama avait alors rassemblé 200 000 suffrages de plus que John McCain). Le comptage des voix a été arrêté dans la nuit, mais le recomptage, que la loi enclenche automatiquement si l’écart est inférieur à 0,5 % des suffrages exprimés, soit 40 000 voix en l’occurrence, devrait être évité d’un cheveu.

La défaite du candidat républicain est d’autant plus symbolique que la Floride, quatrième Etat du pays par sa population, est, à bien des égards, un microcosme du pays. Un habitant sur cinq est né à l’étranger et une grande partie des autres est originaire d’une région différente des Etats-Unis.

C’est probablement cette diversité qui ne s’est pas majoritairement reconnue dans l’attelage républicain constitué par Mitt Romney et Paul Ryan« Choisir deux hommes blancs n’était sans doute pas une bonne idée pour séduire un Etat aussi varié », remarque Susan McManus, professeur de sciences politiques à l’Université de Floride du Sud.

VOTE ANTICIPÉ

Pour le candidat républicain, le revers s’explique aussi par la mobilisation des électeurs issus des minorités, Noirs et Hispaniques, que le Parti démocrate a très efficacement conduits aux urnes grâce à la procédure du vote anticipé. La victoire de Barack Obama en Floride dépendait tout particulièrement de l’équilibre entre la mobilisation des électeurs masculins blancs, très favorables à M. Romney, et celle des minorités qui votent très largement démocrate : à plus de 90 % pour les Noirs et aux deux tiers pour les Latinos.

Ce sont probablement ces derniers, moins mobilisés que les Noirs en 2008, qui ont fait la différence. Le spectacle des interminables files d’attente peuplées de représentants des minorités l’atteste. Les résultats très favorables à Barack Obama dans les comtés très « hispaniques » comme Orange (ville d’Orlando) et Miami-Dade le confirment. Au nord de Miami, des électeurs ont attendu près de sept heures pour voter dans la chaleur humide.

Le président Obama, en décidant, en juin, l’arrêt des reconduites à la frontière de sans-papiers, pendant que son adversaire s’empêtrait dans sa promesse defavoriser les « expulsions volontaires », s’est imposé comme le candidat des Latinos. Il a, en même temps, réussi à leur faire oublier qu’aucun président américain avant lui n’avait fait procéder à autant d’expulsions.

CHANGER DE DISCOURS À L’ÉGARD DES HISPANIQUES

Pour les républicains, la défaite est aussi celle de la stratégie visant à limiter le vote des minorités en réduisant l’amplitude des dates du vote anticipé, largement utilisé par les électeurs issus des minorités. Le gouverneur républicain de Floride,Rick Scott, avait été l’un des champions de ces restrictions. Cette stratégie a été mise en échec moins par les procédures judiciaires – les juges n’ont finalement pas rétabli le vote du dernier dimanche précédant « Election Day » –, que par une réaction de colère et de mobilisation des minorités visées. Au total, sur 12 millions d’électeurs inscrits, plus de 4,5 millions ont voté par anticipation.

Pour le Parti républicain, l’échec floridien est aussi celui d’un discours destiné àeffrayer les retraités en accusant Barack Obama et sa loi sur la santé decompromettre la sécurité sociale des personnes âgées (Medicare) alors qu’eux-mêmes en prônent la privatisation. A l’avenir, pour repartir à la conquête de l’électorat, les républicains devront sans doute ménager les craintes d’un démantèlement des filets sociaux et, surtout, changer de discours à l’égard des Hispaniques dont la démographie est la plus dynamique de tous les segments de l’électorat américain.

Philippe Bernard

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