Notre Democratie Est-elle En Recul Ou En Marche ? Politiques Et Membres De La Societe Civile Apprecient

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Se prononçant sur l’état de la démocratie sénégalaise, à l’occasion de la journée internationale de la démocratie, célébrée hier, jeudi 15 septembre 2016, la classe politique et la société civile apprécient diversement son évolution au Sénégal. Une démocratie qui, selon les uns, est en marche et pour les autres, elle est en net recul sous le magistère du président Sall.

SEYDI GASAMA, AMNESTY INTERNATIONAL SENEGAL : «Une réalité politique mais pas sur les questions d’intérêts nationales»
«Au Sénégal, la démocratie est une réalité! On ne saurait la nier. Car, l’essentiel de la démocratie, c’est le libre choix de ses dirigeants. Et au Sénégal, nous avons des élections libres, démocratiques et transparentes organisées de façon régulière et à date échue depuis 1974. Les institutions (exécutif, législatif, judiciaire…) mises en place fonctionnent normalement. Mais de toute l’histoire politique du Sénégal, les autorités politiques ont tendance à réduire la démocratie sénégalaise à l’organisation d’élections, notamment sous Diouf, Wade et Macky. Or, ce n’est pas cela la démocratie. Elle est aussi l’exercice des droits et libertés. Dans ce pays, les droits et libertés font l’objet d’une restriction totale, notamment le droit de marcher durant le règne des dirigeants précités. Cas pratique, la liberté d’expression pour les journalistes qui, souvent sont amenés à répondre à des convocations intempestives à la division des investigations criminelles (Dic) pour avoir livré des informations ‘’supposées’’ sensibles. Parce qu’ils écrivent des choses qui ne vont pas dans le sens du désidérata du gouvernement. Et cela est incompatible avec la démocratie réelle. Aujourd’hui l’écrasante majorité des citoyens n’est pas consultée sur les questions d’intérêts nationales (économique, sécuritaire, éducation…). Dans ce pays, il n’y a presque pas de consultation des parties prenantes de la population sénégalaise (chefs religieux, coutumiers, politiques, société civile, universitaires, chercheurs…). Le Plan Sénégal Emergent (Pse) est là pour l’attester. Les citoyens ne sont pas consultés sur les politiques de développement. Et ça constitue un véritable obstacle à l’apaisement du climat social. Lequel climat délétère, nous désoriente des grands enjeux.
Le comble des gouvernants c’est d’estimer devoir à gouverner seuls, même bien qu’ayant été élus à 65%. Seuls les alliés ont droit au chapitre. Cela, ne relève pas de la vraie démocratie», a-t-il soutenu.

MOUSSA SARR, LD : «La démocratie sénégalaise se porte très bien mais…»
«La démocratie sénégalaise se porte bien. Tout se porte très bien. Et elle a été conquise de haute lutte depuis des décennies, portée par des forces vives, des partis politiques et des personnalités indépendantes, pour que la démocratie soit une réalité au Sénégal. C’est pourquoi, il nous revient à tous de tout mettre en œuvre pour préserver cette démocratie. Tout n’est pas rose, en dépit de la vitalité de l’Etat démocratique de notre pays. Les partis d’opposition, les syndicats, les organisations de la société civile, la presse indépendante, bref chaque acteur joue un rôle primordial. Par conséquent, il faut consolider les acquis et les renforcer notamment les libertés d’expression et de manifestation. Nous devons tous y travailler pour faire avancer les choses.
Toutefois, les acteurs ne doivent pas confondre la liberté et l’anarchie ou le laisser-aller. Parce que toute liberté implique une responsabilité. Donc, sous prétexte de liberté nous devons éviter de tout dire ou de tout faire. Mais globalement, nous sommes satisfaits de l’état d’avancement de la démocratie sénégalaise. Et affirmons qu’elle (démocratie) se porte très bien

MAMADOU DIOP DECROIX : «Nettement en recul»
La démocratie est en recul net dans ce pays. On n’a pas besoin d’être un opposant au Président Sall pour reconnaître que la démocratie est en recul. Car, la démocratie c’est l’altérité, c’est l’expression de la différence, pluraliste, et de la diversité. Le ridicule de tout ça, c’est que depuis 4 ans, l’opposition dynamique ne peut pas faire de manifestations de rue. Les manifestations de l’opposition interdites se comptent par dizaine. Pas de manifestions, ni rassemblement, ni marche, rien du tout. Et quand l’opposition persiste, on lui envoie la troupe. Le comble, la répression des simples populations, notamment celles de Dianamary l’année passée, lors du passage du ministre de la jeunesse pour les besoins des vacances citoyennes. Elles ont été vivement réprimées et emprisonnées à Kolda pour avoir barré la route au ministre, réclamant l’électrification de leur village. Tout compte fait, le système est en recul. Et la responsabilité est partagée Si le pouvoir brandit le bâton et que l’opposition recule, ça montre quelque part que l’opposition est complice de ça. Parce que lorsqu’on s’engage en politique, c’est pour un idéal et non pour des sous. Et si la démocratie est arrivée à ce stade, c’est parce que de braves politiques se sont donnés corps et âme pour la défendre».

PAPE MAEL THIAM, ADMINISTRATEUR DE L’APR : «Macky Sall est en train d’imprimer une marque très décisive à la démocratie sénégalaise»
La démocratie ne se régime pas seulement aux libertés. A côté de cela, il y a la démocratie économique et sociale. Et sur ce, Macky Sall est en train d’imprimer une marque très décisive à la démocratie sénégalaise. Aujourd’hui, la démocratie économique est désormais ancrée au Sénégal à travers le développement de l’agriculture, par la communalisation intégrale, à travers l’acte III de la décentralisation, par le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) qui vise à équilibrer le déséquilibre entre le monde rural et le monde urbain, par la mise en place du haut conseil des collectivités territoriale (Hcct) qui permet à toutes les localités, à travers leurs représentants, d’avoir un cadre d’expression et de proposition. Au plan social, nous avons la bourse familiale, la couverture maladie universelle, la carte d’égalité des chances, la gratuité de la césarienne, la gratuité de la dialyse … Mieux, la liberté d’expression est chose réelle dans ce pays. Toutefois, il ne faut pas confondre la démocratie à la liberté, la liberté d’expression à la pratique de la calomnie ou d’invectives. Nous pouvons noter une réelle avancée en matière de liberté d’expression dans ce pays, à travers la subvention que le président de la République accorde aux organes de presse. Tout ceci montre combien le Président Sall tient à la liberté d’expression

BABACAR GAYE, PORTE-PAROLE DU PDS : «Notre démocratie étouffe»
La démocratie sénégalaise n’est pas un modèle achevé. Notre architecture institutionnelle se caractérise par une hypertrophie de la fonction présidentielle qui assujettit les pouvoirs législatif et judiciaire à sa volonté. L’Assemblée nationale et le pouvoir judiciaire sont inféodés au pouvoir exorbitant du président de la République. Par conséquent, notre démocratie étouffe. En tant qu’idéal principiel universellement reconnu, la démocratie repose sur des principes et valeurs fondamentaux: la séparation des pouvoirs, la gouvernance basée sur la règle de la majorité lors des élections, le pluralisme politique, l’Etat de droit avec une justice indépendante, le respect des libertés aussi bien individuelles que collectives. Or, en dépit du pluralisme politique, le système électoral ne garantit pas une expression libre et transparente du suffrage universel pour le choix des représentants du peuple. Avec une société civile aux ordres et une presse quasi neutralisée, la voie d’une dictature est ouverte car notre opposition que l’on veut réduire à sa plus simple expression est opprimée, harcelée et en tant que seconde mamelle de la démocratie, ne peut jouer son rôle. Et si l’on n’y prend garde, le régime actuel deviendra bientôt une dictature oligarchique au service du capital étranger, des lobbys affairistes et d’un clan. Dans les démocraties modernes plus de place est faite aux syndicats et à la société civile pour la gestion des affaires publiques. Alors que les médias jouent un rôle de contre-pouvoir puissant et de lanceurs d’alerte. Au demeurant, il ne saurait y avoir de démocratie sans un véritable partenariat entre hommes et femmes dans la conduite des affaires publiques dans l’égalité et la complémentarité et la transparence.
sudonline.sn

2 Commentaires

  1. Il représentait l’espoir. L’espoir de démocratie, de liberté, de bonne gouvernance, d’une vie meilleure. Mais « tous ces espoirs ont été trahis », disent les détracteurs du président sénégalais Macky Sall, au pouvoir depuis quatre ans. Le chef d’État est attendu aujourd’hui à Montréal à l’occasion de la conférence du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, demain. Voici quatre reproches qui lui sont faits.
    «?Macky Sall a surfé sur tous les combats

    «?Macky Sall a surfé sur tous les combats des Sénégalais qui aspiraient à une meilleure démocratie [afin d’être élu], mais il ne respecte pas ses engagements?», selon Fadel Barro, coordonnateur du mouvement Y’en a marre.

    Fadel Barro, sous la présidence de Macky Sall, déplore les interruptions de courant, la pollution, la «?vie chère?» et le chômage des jeunes, toujours élevé.

    PROMESSES BRISÉES

    «?Macky Sall a surfé sur tous les combats des Sénégalais qui aspiraient à une meilleure démocratie [afin d’être élu], mais il ne respecte pas ses engagements?», se désole Fadel Barro, coordonnateur du mouvement Y’en a marre, un groupe de contestation né dans la foulée de l’opposition populaire à la réélection du président précédent, Abdoulaye Wade. «?Tous les combats que les Sénégalais avaient menés, il faut les refaire?», estime le militant. «?Il y a beaucoup de régression sur le plan des libertés, les marches sont systématiquement interdites, les gens ne peuvent pas s’exprimer?», s’insurge-t-il. Le professeur Moda Dieng, spécialiste du Sénégal de l’Université Saint-Paul à Ottawa, parle pour sa part d’un bilan qui «?globalement, n’est pas positif?», évoquant la bonne gouvernance et l’indépendance des pouvoirs comme principales lacunes. «?[Macky Sall] a déçu, il a beaucoup déçu, constate M. Dieng. Je me demande s’il va remporter les prochaines élections.?»

    JEUNES ABANDONNÉS

    Macky Sall a voulu s’attaquer aux «?inégalités et [aux] injustices sociales?», en mettant en place le «?Plan Sénégal Émergent?», comme le souligne le site internet de la présidence sénégalaise, mais il est encore trop tôt pour juger des résultats, estime Moda Dieng. Fadel Barro, lui, se montre plus critique. «?Mettre du béton partout en disant qu’on construit, ce n’est pas pour ça que les gens se battaient, ce n’est pas ça qui assurera l’avenir de ce pays?», dit-il, déplorant les interruptions de courant, la pollution, la «?vie chère?» et le chômage des jeunes, toujours élevé. «?La réalité, c’est que les jeunes continuent de prendre la mer, de prendre le désert, pour essayer d’aller en Europe ; les jeunes continuent de se radicaliser dans des mouvements extrémistes parce qu’ils n’ont pas de débouchés chez nous?», lance le militant.

    DURÉE DU MANDAT

    La durée des mandats présidentiels, un sujet très sensible au Sénégal, est également une source de frustration à l’égard de l’actuel président, lui qui avait fait la promesse «?très importante?» en campagne électorale de la ramener de sept à cinq ans, souligne Moda Dieng. Le professeur rappelle que le président précédent, Abdoulaye Wade, «?avait fait beaucoup de modifications?» à ce sujet et tentait d’être réélu pour un troisième mandat, une manoeuvre jugée inconstitutionnelle par un bon nombre d’observateurs, ce qui avait causé «?énormément de crispation?» et provoqué la crise électorale qui a mené à la victoire de Macky Sall. Que ce dernier renie maintenant cet engagement inquiète une partie de la population, qui ne veut pas le voir s’éterniser au pouvoir. «?Il est obnubilé par un autre mandat?», s’exclame Fadel Barro, qui estime que le président Sall est «?l’incarnation d’une façon de faire de la politique qui consiste à ne pas véritablement engager de vraies réformes, […] à manipuler les gens?».

    MANQUE DE VERTU

    «?Macky Sall n’est pas plus vertueux qu’Abdoulaye Wade?», que les Sénégalais ont congédié en 2012, tranche Moda Dieng. Le professeur estime que le président sénégalais a «?instrumentalisé?» les mesures qu’il a mises de l’avant pour «?faire condamner ses ennemis?», dont le fils de son prédécesseur. Le congédiement de la directrice de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption ainsi que celui d’un inspecteur des impôts, qui se seraient intéressés de trop près aux proches du président, a d’ailleurs indigné les Sénégalais, rappelle Fadel Barro. «?Absolument rien n’est fait pour encourager la bonne gouvernance, au contraire, on dissuade les gens?», déplore-t-il, souhaitant que les autorités canadiennes profitent de la visite du président sénégalais pour aborder ces questions. «?On dit partout qu’on partage les mêmes valeurs de démocratie, de lutte contre la corruption, et cetera, lance Fadel Barro. Il faut le lui rappeler.?» Le cabinet du premier ministre Justin Trudeau n’a pas voulu indiquer si une rencontre est prévue entre les deux hommes.

  2. NOTRE CONSTITUTION EST ANTI-DÉMOCRATIQUE ET VIOLE MANIFESTEMENT LES DROITS DE L’HOMME !!!
    Oui, indéniablement, le Sénégal n’est pas une véritable démocratie puisque notre constitution, en son article 4, interdit formellement la formation de partis politiques se réclamant ou s’inspirant d’une confession (religion), tels les partis ‘’démocrates-chrétiens’’ pourtant observés dans les ‘’grandes démocraties’’ ; et à l’évidence, il s’agit-là d’une violation manifeste de la liberté d’opinion qui est le premier pilier des droits de l’Homme. Ainsi, notre pays ne sera jamais une véritable démocratie tant que les dispositions restrictives imposant la laïcité ne seront pas abrogées. Oui, la laïcité ne se décrète pas ; c’est une question de rapport de forces – Que les démocrates le reconnaissent !!!
    Et en vérité, l’attachement indéfectible déclaré de notre pays aux valeurs de démocratie et de justice devrait nous imposer à mentionner explicitement dans notre constitution notre ancrage irréversible aux valeurs de l’Islam, la religion majoritaire dont les principes fondamentaux ne sont guère différents de ceux des autres religions monothéistes (Christianisme et Judaïsme) et qui propose une solution pertinente à toutes les problématiques de l’heure |(Cor. 33 : 21 – Les Coalisés – Al-Ahzâb) ; (Cor. 16 : 89 – Les Abeilles – An-Nahl) ; (Cor. 25 : 33 – Le Discernement : 33 – Al-Furqâne)].
    Ainsi, notre conviction inébranlable est que nos hommes politiques ne pourront jamais réussir, tant qu’ils continueront à opter pour la laïcité [‘’Dieu entre parenthèses’’, en d’autres termes] – il y va de la crédibilité de Dieu, du Prophète (PSL) et du Saint Coran. Il est donc grand temps qu’ils se réforment. Oui, l’évolution des idées nous exige l’avènement d’hommes politiques de ‘’troisième génération’’, convaincus que notre condition ne sera pas améliorée tant que nos comportements ne seront pas changés, au plan moral ; tant que l’éthique ne sera pas de rigueur en toutes choses et en toutes circonstances. Et il est regrettable de constater que le pouvoir actuel, celui de Macky Sall, n’est pas dans cette perspective ; autant donc ne pas se faire d’illusions ; ils feront autant ou pire que leurs prédécesseurs, s’ils ne se réforment pas – Parole d’Évangile ! …
    http://xalimasn.com/autre-temps-autre-approche-politique-oui-se-reformer-ou-disparaitre/

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