Patronymes de femmes mariées – Femmes à deux noms : Une coutume héritée du colon

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Encore un jour de 8 mars qui se lève, qui compte ses heures pour donner rendez-vous à l’année prochaine. 8 mars, jour de débats, de manifestations, de plaidoyers pour la femme, son épanouissement sur tous les plans. 24 heures pour poser des actes qui, peut-être changeront des vies, des habitudes, des coutumes. 24 heures pas seulement pour célébrer un être fort particulier, mais surtout pour marquer une pause, au nom d’une cause. Celle de la femme qui est et reste tout au long de l’année, cet «être humain appartenant au sexe féminin qui peut lorsqu’un ovule est fécondé, porter l’enfant jusqu’à la naissance». C’est là toute la différence. Le Petit Robert donne une autre définition, par opposition à fille : «Femme est sociologiquement lié à l’âge où le mariage est possible.» Et le cas échéant, une autre particularité de cet être se révèle. Des membres du ménage, elle est la seule à pouvoir opter pour un double patronyme. Le nom du père et/ou celui du mari (ou des enfants)  En ce 8 mars 2011, «Le Quotidien» pose la question à des personnalités et des anonymes. Les réponses sont aussi divergentes que les interlocuteurs.

Devant les prestigieux invités de la famille judiciaire, le Président Wade avait soulevé la question d’une loi qui réglementerait le nom des femmes mariées. Même en guise de provocation, ce projet ne semble pas trop inspirer certaines femmes mariées dont les avis autant que les expériences divergent sur cette coutume qui est plus un héritage coloniale qu’une réglementation légale.

Un rapide coup d’œil sur le Code de la famille, parcouru par le Pr Amsatou Sow Sidibé apporte un début de réponse. «La femme mariée conserve son nom. Mais elle acquiert le nom de son mari durant toute la durée de son mariage et tout le temps qu’elle reste veuve. La femme séparée de corps conserve l’usage de ce nom sauf décision contraire du juge.» S’il est acquis que la femme mariée a toute latitude pour porter le nom de son mari, reste à savoir où ce nom doit être placé. La réponse n’est pas des plus évidentes et un autre coup d’œil dans le Code de la famille s’avère nécessaire. Mais là, chou blanc. Le législateur n’ayant pas jugé utile de trancher la question de façon définitive, c’est à chacune de faire selon son bon vouloir. A commencer par le professeur de droit qui précise d’emblée : «Moi, je suis Amsatou Sow Sidibé, je suis née Sow et on devrait comprendre que j’ai ajouté Sidibé à Sow.» Mme Sidibé n’est du reste pas la seule à raisonner de la sorte. En effet, elles sont nombreuses les Sénégalaises qui se font appeler par le nom de leur mari, de préférence à tout autre. «Je suis Nafissatou Dia, même si je porte très fièrement le nom de mon époux», précise à son tour la directrice de la communication de la Sonatel.

«En fait, c’est un héritage du code Napoléonien que les colons eux-mêmes sont en train de remettre en question», explique Fatou Sarr Sow, directrice du laboratoire genre de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan). La sociologue poursuit ses explications et précise que maintenant, les Sénégalaises aiment bien avoir un double nom pour montrer qu’elles sont mariées. «C’est une façon de dire : ‘’Je ne suis plus dans ce groupe social, je suis passée à un autre’’», rappelle Seynabou Badiane, psychologue.

Mais qu’advient-il de cette quête de respectabilité quand survient un divorce  Sans aucun doute, un changement de patronyme que certaines femmes préfèrent éviter. Néné Mairam Kane est de ces femmes. Le député libéral estime que «dès lors que cela peut changer au cours de la vie, par le divorce ou le veuvage, donc il y a possibilité de séparation, autant garder son nom parce que rien ne m’y oblige». Celle qui avoue s’être toujours appelée Néné Mairam Kane, n’entend pas porter un nom autre que celui que son père lui a donné. Une position qui a une valeur toute traditionnelle puisqu’au Sénégal, les femmes ont toujours porté le nom de leur père. «Dans notre culture, la femme est l’ambassadeur de sa communauté dans le domicile de son mari. Et c’est pourquoi elle doit avoir un certain comportement, un certain maintien parce qu’elle représente tout une lignée. On lui dit ‘’waro fa gnaw’’, tu ne dois pas mal  te comporter!», explique Fatou Sarr Sow.

Donc la femme mariée conserve son identité. Le passage à une autre forme d’usage est en fait un héritage colonial qui a fini par s’imposer dans le pays. Le Pr Amsatou Sow Sidibé explique : «Nous en avons hérité puisque notre Administration s’est largement inspirée du droit français. Et dans tous les papiers, on vous demande si vous êtes mariée et si oui, quel est le nom du mari. Et on est appelée Amsatou Sow, épouse Sidibé. Personnellement cela ne me gène pas. Rien n’empêche qu’on puisse valoriser le nom du conjoint.» Et qu’une loi réglementant l’ordre de disposition des noms ne vienne surtout pas s’immiscer là-dedans. Le Professeur de droit estime que «ce ne sera pas une loi consensuelle et je ne vois pas l’opportunité de faire cette réforme au Sénégal».

lequotidien.sn

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